Chapitre 5 : Jake

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Ce matin, je me réveille en sueur et avec la nausée. Impossible de me lever. Mais il le faut. La réunion d'information est dans une heure. Je ne peux pas la manquer, c'est trop important. Je rassemble donc toutes mes forces et me hisse hors de mon lit. J'ai des vertiges mais je les ignore. J'enfile un pantalon ainsi qu'un sweat et me rend à la cuisine. Ma sœur se trouve déjà à table un verre de lait à la main et une cuillère dans l'autre.

- Bonjour Jane, soufflais-je.

- Oula, Jake ça va ? Tu es tout pâle.

- Oui ça va, je suis juste fatigué, je n'ai pas trop bien dormi. C'est aujourd'hui que j'assiste à la réunion pour le programme et que je rencontre mon futur coloc. Ça m'angoisse je t'avoue.

- Tu devrais te détendre Jake, ça va le faire, il n'y aura vraiment aucun problème. Ce n'est pas comme si Julian Hale pouvait être ton colocataire.

- Oui tu as raison, ce serait un cauchemar dans ce cas.

Je prépare mon bol de céréales et ouvre le frigo pour prendre le lait. Je ne sais pas si c'est le stress, la fatigue ou autre chose, mais une vague de vertige me submerge et me fait perdre pied. Le sol se rapproche dangereusement de mon visage jusqu'à rentrer en contact avec celui-ci. Je n'ai pas mal, je ne ressens pas de douleur. Je veux juste fermer les yeux et m'endormir. Les cris de Jane me réveillent.

- Jake réveilles toi, Jake tu m'entends ? Parles moi !

- Jane, arrête de crier si prêt de mon oreille marmonnais-je.

Je me redresse laborieusement et lui offre un petit sourire forcé. Ses sourcils se froncent, elle est soucieuse.

- Jake, pas de collège pour toi aujourd'hui. J'appelle maman, elle te prendra rendez-vous chez le médecin. C'est non négociable.

Intérieurement je sais que je ne pourrai pas y échapper. Toutefois mon esprit reste focalisé sur cette réunion que je vais manquer. Cela commence bien. Ma sœur voit à mon air que je m'inquiète pour quelque chose. Elle n'est pas stupide, elle lit dans mes pensées :

- Je vais m'occuper d'aller voir le proviseur pour le prévenir que tu seras absent aujourd'hui, je m'arrangerai pour qu'il trouve un autre créneau pour te fournir les réponses à tes questions. Cela ne devrait pas poser problème au vu de ton comportement irréprochable et de tes excellents résultats.

- Merci Jane.

***

Le médecin m'a conseillé de prendre du repos. Comment lui dire que je ne vais absolument pas écouter ses conseils. Après tout, je me connais mieux que lui, comment peut-il savoir où sont mes limites ? Il ne le peut pas et je compte bien le prouver.

Après cet épisode, les mois s'égrènent rapidement et le jour du départ arrive à grands pas.

***

Je n'ai toujours pas rencontré celui ou celle qui partagera ma chambre à l'arrivée. C'est donc le cœur empli de doutes et d'appréhension que je dépose mes valises dans le coffre de la voiture de mes parents. Ils ont tous les deux posé un jour de congé pour m'emmener à l'aéroport. Le trajet se déroule dans un silence de plomb, c'est ce qu'il me fallait pour faire le vide.

Les contours de l'aéroport se matérialise rapidement devant moi et je réalise soudain ce que je m'apprête à faire. L'appréhension laisse place à l'excitation. Je récupère mes bagages dans le coffre et me dirige vers le comptoir d'enregistrement avec mes parents. Une fois cette étape passée, le moment des « au revoir » est arrivé. Nous nous embrassons et mes parents me donnent plein de conseils de dernière minute et ne manquent pas de me rappeler de les appeler souvent. J'acquiesce et les quitte. Je passe rapidement le contrôle des douanes et me rend vers ma porte d'embarquement. Je scrute les alentours à la recherche d'un visage familier qui ne vint pas. L'embarquement commence et je me noie dans la foule. Arrivé devant l'hôtesse, elle contrôle mon passeport et ma carte d'embarquement, je traverse le couloir jusqu'à l'avion. Je trouve rapidement ma place à l'avant de l'avion côté hublot. J'ai de la chance.

L'avion se remplit rapidement. Les passagers se bousculent pour atteindre leurs places dans cet espace exigu. J'enfile mes écouteurs pour faire taire le brouhaha ambiant. L'écran devant moi change rapidement pour laisser place aux consignes de sécurité, ce qui m'oblige à abandonner l'un de mes écouteurs pour me focaliser sur les gestes de l'hôtesse. Une fois la vidéo achevée, je boucle ma ceinture. Le moteur gronde. L'avion avance et prend de la vitesse. En quelques minutes, je me retrouve le dos collé au dossier et les nuages apparaissent à travers le hublot. L'avion se stabilise. C'est parti pour 9h de vol.

Personne ne saitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant