Love's Language | jeonglix

Nouvelle amitié

𝓫𝓮́𝓰𝓸𝓷𝓲𝓪

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Felix était installé dans l'un des fauteuils, le dos droit et les mains sur ses genoux. En face de lui, Hyunjin était allongé sur le canapé. Ses pieds reposaient sur l'accoudoir de gauche, sa tête sur celui de droite. Il tenait son téléphone dans sa main qu'il portait au-dessus de son visage.

Ils étaient rentrés plus tôt des cours, leur professeur d'anglais étant absent. Felix, comme à son habitude, avait préféré flâner chez son meilleur ami plutôt que de faire tout le chemin jusque chez lui sous un soleil de plomb. Ce fut ainsi qu'il s'était retrouvé dans le salon de son meilleur ami, à l'écouter se plaindre de tout et de rien en fixant son téléphone. Sans être une situation qu'il appréciait, il avait fini par s'habituer à ces longues séances de thérapie improvisée où Hyunjin blâmait la terre entière sauf lui.

- Pourquoi elle a accepté de donner son numéro si c'est pour pas me répondre ?

Cette fois-ci, le tatoué se plaignait d'une conquête qui l'ignorait royalement. Felix écoutait d'une oreille les jérémiades du garçon depuis une bonne dizaine de minutes, lâchant quelques discrets soupirs lorsque Hyunjin se permettait d'insulter cette fille qu'il connaissait à peine. Ils avaient et ont toujours eu des avis divergents sur ce sujet. Si Felix pensait qu'une relation devait se créer sur la base d'un amour sincère et réciproque, Hyunjin affirmait qu'une simple attirance physique suffisait pour former un couple. Le brun méprisait ces relations qui ne duraient qu'une semaine et où les deux individus n'éprouvaient rien alors que le tatoué les enchaînaient.

- Elle s'est peut-être sentie forcée de te le donner ?

- Pourquoi ? Je l'ai pas menacé ! s'agaça-t-il.

- C'est vrai mais tu es un inconnu pour elle, elle ne savait pas ce dont tu étais capable.

Hyunjin se redressa rageusement en position assise, ses pieds claquèrent contre le sol carrelé. Il répliqua que cette fille était paranoïaque et il la bloqua. Il enfouit son téléphone dans sa poche arrière se leva et partit dans sa chambre. Felix se retrouva donc seul, pris au dépourvu par la réaction si violente de son ami. Il avait l'habitude qu'il se braque à la moindre réflexion pourtant ses réactions ne cessaient de le surprendre. Hyunjin, c'était comme la foudre : on peut prévoir les dégâts mais pas le moment de l'impact.

Felix laissa s'écraser l'arrière de sa tête contre le dossier, ses muscles se détendirent lorsqu'il comprit qu'il était seul dans la pièce. Lors des colères de Hyunjin, il attendait généralement dans le salon jusqu'à ce que le silence soit trop oppressant puis retournait chez lui. C'est ce qu'il comptait faire aujourd'hui aussi, pourtant une idée germa dans son esprit. Le visage de Jeongin s'imprima sous ses paupières closes et l'envie de rentrer se dissipa presque aussitôt. Il voulait apprendre à connaître ce mystérieux garçon.

Il se leva donc et avança sur la pointe des pieds jusqu'à la porte qu'il avait ouvert pour la première fois il y a quelques jours à peine. Il pénétra dans la pièce et la tête de Jeongin se tourna aussitôt vers lui. Un sourire apparut sur leurs deux visages lorsque leurs regards se croisèrent. Sans se connaître, ils s'appréciaient déjà. Une connexion puissante les reliait sans qu'ils ne puissent l'expliquer et ça leur allait très bien comme ça.

Felix quitta finalement des yeux le visage harmonieux de l'autre garçon et referma la porte le plus délicatement possible pour ne pas troubler le silence. Le silence, il était rare avec Hyunjin alors il en profitait. Son meilleur ami ne s'arrêtait jamais de parler, quitte à dire n'importe quoi.

Jeongin avait repris son dessin et le brun resta planté debout sans savoir quoi faire. Petit à petit, les questions s'accumulèrent dans son esprit. Pouvait-il s'approcher ? Gênait-il ? Devait-il parler ? Ou partir ? Remarquant son trouble, le blond polaire se leva, débarrassa un tabouret des quelques peintures qui l'encombraient et le porta pour l'installer à côté de sa chaise. Il se rassit et observa Felix. Ce dernier hésita à s'approcher mais en voyant le sourire rassurant de son hôte, il s'autorisa à avancer pour s'asseoir. Le sourire de Jeongin ne se fit que plus éclatant, ses yeux ne devenant deux fentes à peine visible. Felix trouvait ça adorable et lui rendit son sourire. 

Le plus jeune finit par se reconcentrer sur son dessin et l'autre garçon l'observa, le cœur léger. Les traits qui apparaissaient sur le papier d'un blanc immaculé étaient délicats. Chaque geste semblait maîtrisé à la perfection et lorsqu'une nouvelle forme se dessinait sur la feuille, elle semblait essentielle à l'harmonie du dessin. Rien n'était de trop, chaque détail avait sa place et sa raison d'être. Felix était complètement absorbé par le crayon qui virevoltait dans les airs, prenant son élan pour se déposer sur la feuille où les traits s'accumulaient. Jeongin finit par lâcher son crayon et attira devant lui une palette avec de la peinture acrylique ainsi qu'un pot en verre contenant de l'eau. Il attrapa un fin pinceau et le trempa dans du rose. Le ballet recommença alors, le crayon remplacé par le pinceau. Chaque geste était fluide et précis, hypnotisant Felix. Il trouvait déjà un charme immense aux arabesques sur le papier mais lorsque Jeongin y ajouta ces couleurs si douces, il se sentit comblé. Il ne se savait pas si sensible à l'art. Ce que faisait le blond lui procurait une telle plénitude, cela semblait presque magique.

Lorsque le peintre eut fini son œuvre, Felix ne sut pas dire depuis combien de temps il l'observait. Il avait perdu la notion du temps, absorbé par cette harmonie de couleurs et de formes. Il sentait son esprit encore engourdi, ses yeux rivés sur cette magnifique fleur, dont il ne connaissait pas le nom, qui prenait vie sur ce simple papier. C'est Jeongin qui finit par le sortir de sa transe en tapotant son épaule de son index.

Leurs regards s'accrochèrent et un long frisson parcourut le brun du bas de l'échine jusque dans la nuque. A cette vision, le cadet pouffa mais aucun son ne sortit de sa bouche. Ils se sourirent à nouveau, comme un réflexe lorsqu'ils se voyaient. Ils restèrent plusieurs instants ainsi, à s'observer sans prononcer le moindre mot ou esquisser le moindre geste. Sans se concerter, ils avaient tous les deux compris que ça apaisait l'autre alors ils n'essayaient pas de rompre cet échange prolongé.

Au final, ce fut Jeongin qui le rompit lorsqu'il eut envie de s'exprimer. Il leva les mains dans les airs, celles-ci opérant une danse que Felix ne connaissait pas. Il mouva ses mains devant son torse pour former des cercles puis leva ses index pour les rejoindre devant lui. Il continua différents gestes, pointant parfois du doigt son interlocuteur. Le brun se sentait dépassé par tous ces gestes qui lui étaient inconnus. Il aurait aimé répondre à ce garçon qui avait toujours été respectueux avec lui, lui signer un remerciement. Il cherchait dans sa mémoire un moyen d'échanger dans cette langue qui comptait pour Jeongin. N'a-t-il jamais appris une phrase ?

Un éclair de génie traversa son esprit. Il posa une main sur celle de Jeongin qui s'agitait toujours devant eux. Leurs doigts se frôlèrent et il sentit le sang affluer dans ses joues. Il le lâcha prestement, et, d'un geste hésitant, il pointa Jeongin qui le regardait les yeux pétillants de curiosité, puis il se pointa lui-même et finit par lier ses mains entre elles.

La bouche de Jeongin resta ouverte un long moment, tout comme ses yeux avant qu'il ne se mette à sourire de toutes ses dents. Il forma un cercle avec son pouce et son index et baissa sa main. Felix n'avait aucune idée de ce que cela signifiait mais, au vu du sourire du blond, il se dit qu'il pouvait désormais le considérer comme son ami.

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À la semaine prochaine !