Dessine moi

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𝓰𝓵𝔂𝓬𝓲𝓷𝓮

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- J'aurais dû m'en douter, ça m'étonne pas de lui !

- C'est vrai qu'avec sa gueule de gonzesse, ça aurait dû nous sauter aux yeux.

- Moi, j'ai toujours su qu'il l'était. Je suis doué pour détecter ce genre de choses !

Felix se recroquevillait sur lui-même dans le canapé. Lorsque les éclats de rires de Hyunjin résonnèrent dans la pièce, il replaça une énième fois sa frange derrière son oreille. Son meilleur ami avait invité deux camarades de classe chez lui et le brun se retrouvait malgré lui à écouter leur discussion sur l'un de leur camarade de classe dont l'homosexualité avait été dévoilé au grand jour dans la matinée. Le pauvre concerné, prénommé Jisung, n'avait même pas pu finir la journée, rentrant chez lui pour fuir les regards et les insultes qu'il avait subi depuis la révélation. Dire que leur école était fermée d'esprit serait un euphémisme. Des professeurs jusqu'aux élèves en passant par les agents d'entretien, chacun y était allé de son commentaire à propos de la sexualité de l'adolescent.

- Si tu sais les détecter, ce serait pas que t'es l'un des leurs ?

- Dis pas ça, ça me dégoûte !

Après cette réplique, Hyunjin donna un coup de pied dans le tibia du garçon qui l'avait accusé d'être homosexuel. Felix serra un peu plus ses jambes contre son torse en passant sa frange derrière son oreille. Il se mordit la lèvre avant d'oser demander d'une petite voix :

- Tu es homophobe, Jinnie ?

- Quoi ? Non ! s'offusqua-t-il. C'est quoi cette accusation ? J'ai rien contre eux, je suis juste pas... Enfin, tu vois.

- Gay.

Lorsque le brun compléta sa phrase, les trois autres grimacèrent. Comme si ce mot était dangereux ou répugnant et que le simple fait de le prononcer pouvait changer leur sexualité. Felix ne sut pas s'il avait envie de rire ou de pleurer. A la place, il se leva, annonçant qu'il allait aux toilettes et lorsque ses camarades furent de nouveau absorbés dans leur discussion, il se rendit dans la chambre de Jeongin.

Il entrouvrit la porte et se faufila à l'intérieur de la pièce. Jeongin ne l'avait pas encore remarqué, il eut donc envie de le surprendre. Il se glissa dans son dos et posa ses deux mains sur ses épaules. Le plus jeune releva brutalement la tête et son crayon dérapa pour tracer un épais trait noir par dessus l'esquisse d'une fleur. Il tourna la tête vers Felix qui souriait, fier de sa plaisanterie. Jeongin ne semblait pas partager sa bonne humeur. Ses sourcils étaient froncés alors que ses yeux passaient de son dessin au visage de son invité. Le brun comprit le problème et une pointe de culpabilité serra son cœur. Son sourire disparut pour laisser place à une moue concentrée. Après quelques secondes, il posa un poing sur son cœur et forma des cercles invisibles. Jeongin papillonna des yeux, le temps de comprendre ce geste. En réalisant que son ami apprenait la langue de signes pour lui, sa colère se dissipa. Il sourit et par dessus sa fleur incomplète, il dessina grossièrement le visage de Felix dont les yeux brillaient d'admiration.

Une fois fini, Jeongin prit la feuille entre ses mains et l'apporta devant le visage du brun qui osait à peine la toucher, il l'observait comme on observerait une œuvre d'art et Jeongin se sentit flatter que ses quelques traits gribouillés plaisent autant. Felix désigna le crayon gris avec lequel Jeongin l'avait dessiné. Le plus jeune le regarda sans comprendre alors le brun se pointa du doigt. Suite à cette action, il reçut le crayon entre ses mains. Il savait qu'il pouvait parler, que son ami l'entendrait mais il préférait préserver le calme dans la pièce. La chambre de Jeongin avait une ambiance si apaisante, elle paraissait presque sacrée et Felix avait l'impression que ce serait un sacrilège de rompre le silence qui les entourait.

Toujours sans un mot, mais avec un immense sourire, il attrapa une feuille et commença à griffonner. Le papier anciennement vierge se couvrait de noir dans des arabesques maladroites et des traits pas très droits. Le plus âgé relevait parfois la tête vers Jeongin qui comprit qu'il le dessinait. Il stoppa alors tout mouvement et se cala dans sa chaise pour prendre la pause. En cinq minutes à peine, l'artiste improvisé avait terminé son dessin et montra fièrement son œuvre. 

Le blond parut offusquer en voyant son portrait. Sur la feuille, un immense rond prenait trois quart de la place, en dessous, un long trait verticale représentait le corps et se terminait par un tout petit triangle pour les jambes. Les bras, placés au milieu du ventre, faisaient à peine une demie tête de longueur. Le visage était déjà un peu plus détaillé. Pour les lèvres, Felix avait tracé un ovale qu'il avait séparé par un trait horizontal. Le nez était un triangle isocèle et les yeux, alignés avec le nez, deux fins traits.

Jeongin attrapa le dessin ainsi que le stylo et nota en gros "Felix" puis traça une flèche allant du prénom jusqu'au dessin. Il refusait que cette horreur le représente. En voyant cela, le brun pouffa de rire avant de récupérer à son tour le matériel de dessin pour barrer son nom et le remplacer par celui de son ami. Cette petite bataille dura un long moment. Les deux belligérants s'arrêtèrent lorsqu'il ne resta plus aucune place pour écrire.

Ils s'échangèrent un sourire amusé. L'un comme l'autre, ils avaient oublié ce qui les chagrinait avant cette dispute. Tout ce qui comptait pour le moment, c'était la présence de l'autre et leur amitié qui grandissait.

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À la semaine prochaine !

Love's Language | jeonglixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant