La pluie tombait sans discontinuer sur la ville de Cauchemarville, une petite bourgade nichée au creux des montagnes. Emmanuel fixait le vieux manoir à travers le pare-brise de sa voiture, les essuie-glaces peinant à dégager la vue. La bâtisse, qui avait autrefois été majestueuse, semblait aujourd'hui n'être qu'une ombre d'elle-même. Les fenêtres étaient fermées par des volets grinçants, et le toit en ardoise s'effritait, laissant apparaître des pans de bois pourrissant. La maison était entourée d'un grand jardin sauvage, envahi par des ronces et des herbes folles, comme si la nature avait repris ses droits.Emmanuel descendit de sa voiture, refermant la portière derrière lui avec une certaine appréhension. Cette maison, il l'avait héritée de ses grands-parents, décédés dans des circonstances étranges. Il n'avait jamais eu l'occasion de la visiter, mais les histoires qu'il avait entendues à son sujet étaient loin d'être rassurantes. Pourtant, malgré son état délabré, il y avait quelque chose dans cette maison qui l'attirait, une curiosité morbide qu'il ne pouvait réprimer.
Il franchit le portail rouillé qui donnait accès à la propriété, ses chaussures s'enfonçant dans le gravier humide. À chaque pas, l'air semblait devenir plus lourd, chargé d'une humidité oppressante qui collait à la peau. Emmanuel se dirigea vers la porte d'entrée, une grande porte en bois massif ornée de sculptures gothiques. Les poignées en bronze étaient ternies par le temps, mais elles conservaient encore une certaine majesté, vestige d'une époque révolue.
Il glissa la clé, ancienne et imposante, dans la serrure. La porte s'ouvrit dans un grincement sinistre, révélant un intérieur plongé dans la pénombre. Emmanuel resta un instant sur le seuil, hésitant à entrer. Il sentait une présence, quelque chose d'invisible mais palpable, comme si la maison elle-même l'observait.
Une fois à l'intérieur, il referma la porte derrière lui. La maison était plongée dans un silence presque religieux, brisé seulement par le craquement du bois sous ses pieds. Les murs, tapissés de papier peint décoloré, étaient couverts de portraits anciens, représentant des membres de la famille qu'il ne reconnaissait pas. Le hall d'entrée était vaste, avec un grand escalier en bois qui menait à l'étage supérieur. Les meubles, recouverts de draps blancs, semblaient attendre patiemment le retour de leurs propriétaires.
Emmanuel se dirigea vers le salon, où il retira un drap pour découvrir un canapé en velours rouge, usé par les années. Il s'assit, l'esprit en ébullition. Il était seul dans cette maison immense, et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir la présence des générations passées, comme si leurs esprits hantaient encore ces murs.
C'est alors qu'il entendit un bruit venant de l'étage supérieur. Un pas léger, presque imperceptible, mais suffisamment distinct pour le faire se redresser d'un bond. Il tendit l'oreille, le cœur battant à tout rompre. Mais le bruit ne se répéta pas. Se disant que c'était probablement son imagination, Emmanuel se leva et décida de faire un tour complet de la maison.
À chaque pièce qu'il explorait, une sensation étrange l'envahissait. C'était comme s'il pénétrait dans un autre monde, un univers parallèle où le temps s'était arrêté. Les chambres étaient toutes fermées, les rideaux tirés, et une épaisse couche de poussière recouvrait les meubles. Au fur et à mesure de sa progression, Emmanuel sentait le poids de l'histoire de cette maison peser sur ses épaules.
Lorsque la nuit tomba, il se retrouva dans la cuisine, cherchant de quoi se nourrir. Les placards étaient vides, mais il trouva une boîte de conserve dans l'un des tiroirs. Après un repas frugal, il monta à l'étage pour se coucher. La chambre principale, celle de ses grands-parents, était la seule qui semblait encore habitée. Le lit, recouvert d'une lourde couverture en laine, était intact, comme s'il n'avait jamais été abandonné.
Alors qu'il s'allongeait, un frisson parcourut son échine. Il avait l'impression que quelque chose l'observait, tapi dans l'ombre. Mais il se força à fermer les yeux, essayant de chasser ces pensées de son esprit. Il finit par sombrer dans un sommeil agité, peuplé de cauchemars où des figures indistinctes se tenaient au pied de son lit, chuchotant des paroles incompréhensibles.
La première nuit d'Emmanuel dans la maison de Cauchemarville fut marquée par des sensations étranges, des murmures qui semblaient provenir des murs eux-mêmes. Mais ce n'était que le début d'un cauchemar qui allait progressivement s'emparer de lui, à mesure qu'il découvrait les secrets cachés derrière les murs de cette demeure maudite.
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Cauchemarville
HorrorEmmanuel hérite d'une maison familiale à Cauchemarville, marquée par des décès mystérieux et des légendes sinistres. En s'y installant, il découvre des phénomènes paranormaux inquiétants. Avec l'aide de la famille DaSilva, du Père Alden, et de la mé...