Cauchemarville

Chapitre 4 : Les Premiers Phénomènes

La nuit tombait sur Cauchemarville, enveloppant la maison d'Emmanuel dans une obscurité oppressante. Depuis ses récentes découvertes à la bibliothèque et ses conversations avec les habitants de la ville, il ne pouvait s'empêcher de se sentir épié, comme si des yeux invisibles le suivaient partout où il allait. Les légendes et récits qu'il avait entendus résonnaient dans son esprit, amplifiant chaque bruit et chaque ombre autour de lui.

Emmanuel décida de commencer son exploration plus approfondie de la maison. Armé d'une lampe torche et d'un carnet de notes, il parcourut chaque pièce, essayant de noter tout ce qui pourrait sembler anormal. Dans la salle à manger, il remarqua des rayures profondes sur la table en bois massif, comme si quelqu'un y avait griffé avec une force surhumaine. Il ne se souvenait pas d'avoir vu ces marques auparavant. En passant dans le couloir, il vit un des tableaux penché de travers. Il le redressa, mais quelques minutes plus tard, en repassant par là, il le trouva à nouveau incliné.

Ces petits incidents auraient pu être le fruit de son imagination, mais au fil des jours, les phénomènes devinrent de plus en plus difficiles à ignorer. Un soir, alors qu'il se préparait à dîner, Emmanuel entendit un bruit sourd provenant de l'étage supérieur. Il monta rapidement les escaliers, le cœur battant à tout rompre, pour découvrir que toutes les portes des chambres étaient ouvertes, alors qu'il était certain de les avoir fermées. Il referma chaque porte avec soin, mais à peine avait-il redescendu les escaliers que le bruit se reproduisit, plus fort cette fois. En remontant, il trouva les portes ouvertes à nouveau, battant légèrement comme poussées par un courant d'air inexistant.

Les nuits étaient les pires. Emmanuel se réveillait souvent en sursaut, transpirant et haletant, avec l'impression que quelqu'un se tenait au pied de son lit. Il ressentait une présence, quelque chose de froid et de malveillant qui semblait s'approcher de plus en plus près. Un matin, il découvrit des traces de pas poussiéreuses menant de la porte de sa chambre jusqu'à son lit, s'arrêtant juste à l'endroit où ses cauchemars commençaient.

Ne sachant plus quoi penser, Emmanuel décida de consulter un médecin, espérant trouver une explication rationnelle à ces événements. Il prit rendez-vous avec le Dr. Laurent, un généraliste de la ville. Après une série de questions sur ses habitudes de sommeil et ses récents symptômes, le médecin diagnostiqua une apnée du sommeil, une condition qui pouvait provoquer des réveils fréquents et des sensations d'étouffement.

« Vous êtes sous beaucoup de stress, Emmanuel, et cela peut affecter la qualité de votre sommeil. L'apnée du sommeil pourrait expliquer certaines de vos expériences nocturnes. Je vous conseille de porter cet appareil de surveillance pendant quelques nuits pour enregistrer vos cycles de sommeil. Cela nous aidera à comprendre ce qui se passe. »

Emmanuel accepta l'appareil et rentra chez lui, espérant que cette explication médicale pourrait résoudre le mystère. Cependant, il savait au fond de lui que ce qu'il vivait dépassait les simples troubles du sommeil. Les phénomènes se produisaient également en pleine journée, alors qu'il était parfaitement éveillé.

Les premières nuits avec l'appareil furent marquées par des événements encore plus troublants. Le dispositif enregistrait non seulement des interruptions de respiration, mais aussi des sons étranges : des murmures indistincts, des grincements de porte et, plus inquiétant encore, des voix qui semblaient chuchoter son nom. En écoutant les enregistrements, Emmanuel sentit la terreur le gagner. Il était désormais certain que quelque chose, ou quelqu'un, hantait la maison.

Un soir, alors qu'il était assis dans le salon, feuilletant un vieux journal familial trouvé dans le grenier, il sentit un courant d'air glacial balayer la pièce. La température chuta brusquement, et les lumières commencèrent à vaciller. Emmanuel se leva d'un bond, sa lampe torche en main, et inspecta chaque coin de la pièce. Les rideaux frémissaient légèrement, comme poussés par une main invisible. En s'approchant de la fenêtre, il vit son reflet dans le verre, mais avec une différence terrifiante : derrière lui, une silhouette sombre et indistincte se dessinait, avec des yeux rouges brillants fixés sur lui. Lorsqu'il se retourna, la silhouette avait disparu, mais le sentiment d'être observé persistait.

Ces incidents se multiplièrent, rendant la vie d'Emmanuel insupportable. Il décida alors d'inviter quelques amis à dîner, espérant que leur présence pourrait apaiser les tensions et peut-être même observer ces phénomènes étranges. Parmi eux, il y avait Lucien, un sceptique invétéré, et Camille, une amie d'enfance sensible aux énergies surnaturelles. La famille DaSilva fut également invitée, curieuse de voir si leurs superstitions se concrétiseraient.

Le dîner commença agréablement, avec des conversations légères et des rires, mais une tension palpable planait dans l'air. À un moment donné, Camille demanda à utiliser la salle de bain. En revenant, elle semblait troublée, presque paniquée.

« Il y a quelque chose de bizarre dans la salle de bain, Emmanuel. J'ai vu une silhouette dans le miroir, mais il n'y avait personne derrière moi. »

Les autres convives échangèrent des regards inquiets, certains moqueurs, d'autres plus sérieux. Emmanuel se leva et se dirigea vers la salle de bain, suivi de près par Lucien et Maria DaSilva. En entrant, ils ne virent rien d'anormal, mais le miroir semblait émettre une lueur étrange. Lucien, essayant de rassurer tout le monde, plaisanta sur les effets de l'éclairage et des vieilles maisons. Cependant, lorsqu'il s'approcha du miroir, un frisson glacé le parcourut, et il recula brusquement, pâle comme un linge.

« D'accord, je retire ce que j'ai dit. Il y a vraiment quelque chose de pas net ici. »

La soirée se termina dans une ambiance lourde et silencieuse. Les invités partirent rapidement, chacun emportant avec lui une part de la peur qui régnait dans la maison. Emmanuel, désormais seul, se demanda combien de temps il pourrait encore supporter cette situation.

Il décida qu'il était temps de chercher de l'aide extérieure. Les récits de la malédiction de Montresor et les conseils de Joaquim le poussaient à consulter un spécialiste des phénomènes paranormaux. Il prit contact avec Sofia, la médium recommandée par la famille DaSilva, et obtint un rendez-vous pour le lendemain.

Cette nuit-là, Emmanuel dormait peu, hanté par des visions de Montresor et des figures indistinctes qui murmuraient des malédictions dans son sommeil. Il se réveilla plusieurs fois en sursaut, son corps couvert de sueur froide, et à chaque réveil, il sentait cette présence maléfique plus proche, comme si elle se nourrissait de sa peur.

Le lendemain matin, il se rendit chez Sofia, espérant qu'elle pourrait lui offrir des réponses et, surtout, un moyen de mettre fin à cette terreur. En traversant la ville, il remarqua les regards curieux des habitants, certains semblant chuchoter à son passage. Cauchemarville, avec ses secrets et ses légendes, avait désormais une emprise inéluctable sur lui.

En arrivant chez Sofia, il fut accueilli par une femme d'une cinquantaine d'années, aux cheveux argentés et aux yeux perçants. Elle l'invita à entrer dans son salon, une pièce remplie de cristaux, de bougies et de symboles ésotériques.

« Emmanuel, je vous attendais. Les esprits m'ont prévenu de votre visite. »

Ces paroles surprirent Emmanuel, mais il était prêt à tout entendre pour comprendre ce qui se passait.

« Sofia, j'ai besoin de votre aide. Depuis que j'ai emménagé dans la maison de mes grands-parents, des choses étranges se produisent. J'ai découvert qu'un certain Antoine de Montresor avait maudit la maison. Pouvez-vous m'aider à lever cette malédiction ? »

Sofia hocha la tête, son expression grave. « La malédiction de Montresor est puissante, mais il est possible de la combattre. Nous devons d'abord comprendre ce que cet esprit veut et pourquoi il est resté attaché à cette maison. Je vais effectuer une séance de médiumnité pour entrer en contact avec lui. »

Emmanuel sentit un mélange d'appréhension et d'espoir. Il savait que la route serait longue et semée d'embûches, mais il était déterminé à libérer la maison de l'emprise de Montresor.