Chapitre 2 : Chacun pour sois

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Cela faisait maintenant une bonne demi-heure qu'Hermione marchait dans la forêt sombre, luttant afin de ne pas faire craquer les feuilles mortes sous ses pieds frigorifiés. Mais c'était à peine perdue.

Le vent glacial semblait s'être monté contre elle, la giflant au visage comme s'il avait perdu toute sa douceur. Hermione était devenue aigrise, rancunière et égoïste. Elle était devenue la personne qu'elle s'était jurée de ne jamais être. Elle avait toujours cru que c'était nos choix qui influençaient notre personnalité. Mais en réalité, c'est la société qui fait de nous ce que nous sommes.

Oui. C'est le monde qui l'avait changé.

Après la mort d'Harry, tout n'avait plus été pareil. Il y avait eu tellement de morts. Tellement de souffrance. Elle avait tant perdu.

Ils avaient essayé pourtant. Ils avaient essayé de détruire les Horcruxes. De changer le monde. De le rendre meilleur. Mais ce n'était qu'un stupide rêve d'enfant. Et les fins heureuses n'existent que dans les contes de fées.

Hermione arriva enfin sur une route d'un petit village qui autrefois avait dû être charmant. Mais dans les rues presque désertes étaient allongés et accroupis sur le sol, des hommes et des femmes, et même des enfants. Tous n'ayant pas eu la chance d'avoir assez d'argent pour garder ou reconstruire leurs maisons.

La Gryffondor passa devant un homme qui toussait dans un mouchoir, qui, vu l'état où il se trouvait, ne devait pas être très propre.

– Petite, quelques mornilles pour un vieil homme malade ? Exige-t-il.

Hermione fit un simple hochement de tête négatif presque imperceptible à l'attention du vieillard qui la regarda d'un air triste s'en aller.

En réalité, si. Elle avait quelques pièces dans sa poche, qu'elle s'amusait à tourner et à retourner dans tous les sens. Qu'en aurait pensé l'Hermione d'avant ? Elle aurait probablement aidé le pauvre homme et lui aurait donné quelques pièces. Elle avait honte d'elle-même. Elle était devenue si égoïste et sans cœur.

Oui. Les mangemorts avaient bel et bien réussi à la changer.

Hermione arriva dans une petite boutique où elle salua une femme d'une bonne soixantaine d'années, postée derrière le comptoir. De longues rides lui déformaient le visage et de profondes cernes sous ses yeux perçants montraient que sa dernière nuit de sommeil devait remonter à longtemps.

Hermione posa quelques galions sur le comptoir en échange de fruits secs, de viande séchée, de fruits à coques et de quelques légumes tels que des carottes et de petites tomates.

Une fois que tous étaient payés, Hermione rangea rapidement ses articles dans un sac en toile qui, plus tard, lui servira probablement de couverture ou simplement de sac. Elle resalua la femme lui disant au revoir, puis elle quitta la boutique.

Hermione accéléra le pas, voulant vite rentrer dans la forêt – qu'elle considérait maintenant comme sa maison – afin de ne pas être vue par plus de monde. Elle n'aimait pas être exposée comme cela.

Soudain, un cri se fit entendre, déchirant le silence angoissant du village. Quelques personnes curieuses sortirent de leur maison pour connaître l'origine de ce cri.

– Des mangemorts ! Cria un homme qui courrait dans tous les sens, avertissant les gens. Rentrez tous chez vous !

À ces mots, Hermione ne perdit pas un instant. Elle courra à toute allure vers la forêt, mais au moment où elle s'apprêtait à disparaître entre les arbres, un éclair rouge la propulsa sur le côté, la cognant contre le tronc robuste d'un chêne.

La jeune femme toujours au sol poussa un gémissement de douleur. Elle releva la tête pour voir son agresseur. Et c'est là qu'elle aperçut un mangemort. Hermione saisit aussitôt sa baguette et commença à attaquer.

– Stupefix !

Son adversaire contre-attaqua et un éclair vert manqua de toucher la jeune femme. Cette dernière se releva et alla se cacher derrière un arbre, prête à riposter.

– Expelliarmus ! Cria-t-elle avant de vite se cacher derrière l'arbre lorsqu'elle vit qu'elle avait loupé sa cible.

Hermione se retourna, jetant un coup d'œil à son attaquant, mais aussitôt, ce dernier lança un sort qui aurait touché la jeune femme si elle ne s'était pas vite cachée derrière le conifère.

– Stupefix !

Cette fois, le sort toucha l'homme en pleine poitrine, le soulevant du sol avec une force incroyable. Il fut projeté en arrière, percutant violemment une branche d'arbre. L'impact fut fatal, et il retomba lourdement sur le sol, la nuque brisée.

Un silence de mort plongea la forêt dans une ambiance pesante. Hermione s'approcha du cadavre. Immobile, les yeux ouverts, du sang coulait derrière sa tête.

Hermione, en temps normal, aurait pu ressentir du regret ou de la tristesse ou encore de la peur à la vue de ce qu'elle avait fait. Mais elle ne ressentit aucune de ses émotions. Elle était plutôt rassurée, heureuse, satisfaite. Mais s'il y a bien une émotion qui la rongeait, c'était bien le dégoût d'elle-même. Était-elle devenue monstrueuse au point de ne rien ressentir à la vue d'un homme qu'elle avait tué de ses propres mains.

Oui. La guerre l'avait bien changé.

À tout jamais : l'écho des adieuxDonde viven las historias. Descúbrelo ahora