Je traînais sur la terrasse aux côtés de la maisonnette. L'endroit était silencieux, ça en devenait presque alourdissant à mesure que mes pensées se multipliaient dans mon esprit. Elles s'abreuvaient de mes peurs et de mes inquiétudes pour en revenir davantage fondées. Je ne pensais pas que ce genre de pensées me serait revenu dans un tel endroit, c'est vrai, je m'y sentais bien. C'était semblable à quitter un foyer dans lequel nous étouffions. Le changement d'air changeait également notre perception du monde. C'était une bouffée de vide qui venait se placer entre nos pensées incessantes.
Il n'était plus uniquement question de celle que j'avais chérie, ni de ceux qui m'avaient montrés que je pouvais, moi aussi, être aimée à ma juste valeur.
L'angoisse venant du fait que nous ne nous sentions pas aimés était celle pour laquelle j'avais le plus d'aversion. Cette haine envers mon propre sentiment qui me ternissait jour après jour, m'obligeant à me le répéter en boucle. Comme une punition que je m'infligeais seule. Et qui n'avait de limites.
Les sermons que l'on s'infligeait étaient les plus ardues à nous en libérer, nos pensées créant des liens autour de notre esprit. L'enfermant dans un supplice que nous seuls pouvions éclater.
C'était d'une manière ou d'une autre, ironique. La façon dont l'humain ressentait ce besoin de se sévir, même si ce n'est que pour la plus minime et la moins impactante des choses.
Le silence qui habitait quelques secondes plus tôt la terrasse, me fit du bien, un court instant. Je m'approchais de la barrière en bois, surélevé par rapport au sol, je pouvais voir les arbres au loin, leurs feuillages se toucher, se mouver en une cacophonie de sons. C'était inhabituel, pour moi, qui avait l'habitude de regarder les gouttes de pluie tomber depuis mon sofa, les regarder traverser la vitre en se rejoignant en de petits chemins, mon regard échappant vivement à leur vitesse.
Je sortis mon téléphone, la lumière de l'écran m'aveugla un instant tandis que mes yeux s'y accommodaient doucement dans la pénombre de la nuit.
J'ouvrais l'application message, avant d'y taper le prénom de celle que je cherchais, là, dans la nuit. Je laissais mes coudes se poser sur la barrière en bois brut tandis que je regardais crédulement le petit écran. Lisant le petit message que j'y avais laissé il y avait quelques jours à peine.
Comment avais-je atterri ici ? Qu'est-ce qui avait changé ?
Je secouais la tête avant d'à nouveau fourrer mon téléphone dans ma poche et de me concentrer sur le paysage qui s'étendait devant moi une seconde fois.
Quelques minutes passèrent, j'aimais cet endroit, il me permettait de reprendre ma respiration lorsque je n'arrivais plus à la contrôler. Lorsque ça devenait trop conséquent pour que je m'en sorte toute seule, sans aides.
Je demandais l'aide aux choses qui m'entouraient parce que les êtres humains n'avaient pas la conscience qu'ils aidaient pour se récupérer eux-mêmes.
C'était une chose que j'avais pris le temps de décortiquer méticuleusement dans mes pensées avant notre départ. Peut-être un petit peu de trop.
Ici, à l'extérieur, sans la présence des autres, c'était comme si j'étais implanté dans ce décor. Je pouvais sentir la brise se glisser sous les mèches de mes cheveux lâchés, murmurer aux creux de mes oreilles et même frôler ma nuque. Mon échine se recouvrit de petits frissons à la sensation agréable.
La brise était irrégulière, bien que présente.
Je sentis une lourde froideur m'effleurer timidement.
Je me retournais doucement, je retenais mon souffle, me retrouvant nez à nez avec ses pupilles d'un bronze profond, plus en hauteur que les miens. Quelques mèches de ses cheveux charbon ondulés lâchés se balançaient d'avant en arrière. La brise était belle et bien présente, ce qui me rassura. Je repris ma respiration avec prudence, néanmoins sans baisser ma garde. La chaleur de ma peau qui frôlait la sienne, d'une froideur incroyable, me donnait des décharges électriques dans l'entièreté de mon corps tant elle était proche. Je pouvais sentir ses poils qui s'étaient hérissés.
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Nos Mornes Remords - Tome II
RomanceJune et Delilah vivaient une histoire d'amour passionnée, jusqu'à ce que la jeune mercenaire ne soit présumée morte lors d'une rencontre périlleuse. Dévastée par cette perte, June tente de reconstruire sa vie avec l'aide de son frère Elio et de son...