Nos Mornes Remords - Tome II

CHAPITRE 6

Cette surprise me rappela toutefois que ces personnes avaient toujours gardé leurs secrets en elles-mêmes, malgré les conséquences collatérales qui pouvaient s'y adjoindre. C'était étonnant de se sentir si différente et si proche d'eux à la fois, je comprenais cet instinct. Cela me semblait évident, j'avais tout de même vécu une année dans leurs esprits, plus ou moins, dans leurs vies pour certains. Ils étaient tous une énigmes à leur manière et d'une façon ou d'une autre, je devais me rendre à l'évidence que j'étais bel et bien attirée par ce genre d'attitude. La manière dont mon sang affluait dans mon cerveau, les battements de mon cœur qui faisait augmenter mon pouls d'une lourdeur incomparable. Les frissons couvrant mon corps, comme une couverture de vérité. Ces émotions se propageaient à travers mon corps, comme une partie non exhibée qui ne rêvait que d'être mise en lumière. Voilà quelle a été ma différence : je ne le lui autorisai pas. C'était maladroit, de prendre conscience que j'étais en fait bien plus comparable à ces individus que je ne le pensais initialement, mais cela me comblait d'une symphonie de paix à la fois.

La pluie s'abattait sur moi alors que je traversais la rue dans le but de rejoindre un café. Elio m'avait indiqué l'adresse, cela faisait bientôt une semaine complète que Delilah était complètement revenue dans nos vies et maintenant que tous le savaient : par le biais de nos entrevues un petit peu trop mouvementées ou tout simplement d'Isaac. Tous avaient été mis au courant, parce que d'après celle qui s'était fait passer pour morte, nous courrions un grave danger. Nous avions donc tous été informés qu'une réunion se tiendrait aujourd'hui, exclusivement pour les membres de notre groupe d'amis. Je soupçonnais Delilah de vouloir introduire des retrouvailles, même si cela restait perturbant : j'étais perplexe à cette idée, mais elle avait peut-être changé elle aussi.

Je n'avais toujours pas eu de nouvelles de ma mère, elle restait silencieuse, faisant sûrement profil bas. Voyant l'étendue de ma fuite, elle avait certainement beaucoup de choses à me reprocher, mais je tenais à la voir en face à face afin de lui expliquer l'étendue de la situation dans laquelle je m'étais encore fourré. Je ne savais pas si elle allait m'aider, mais je ne pouvais pas le déduire avant de le lui demander, alors, il fallait bien qu'elle réponde un jour. Peut-être.

J'entrais dans le petit café, ma venue fut suivie d'un raisonnement de clochettes à la fermeture de la porte derrière moi. Mon frère leva les yeux vers moi, il était le seul dans ce café, de bon matin. Je m'approchais avant qu'il ne demande à la jeune serveuse de m'apporter un café.

— Tu voulais me voir, clarifiais-je tout en m'asseyant face à lui.

— Tu savais, ce matin-là, n'est-ce pas ?

Je savais qu'Elio parlait de la nuit où il avait logé chez moi dans le but de me réconforter dans l'idée qu'il me restait mes proches, même si celle que j'aimais n'était plus. Or, il s'avérait qu'elle était entrée chez moi par effraction, qu'elle avait omis de s'excuser pour avoir trompé sa propre mort, puis m'avait forcé à lui rendre l'allégeance que je lui avais prêté lors de notre première rencontre. Je voulus rire à mes propres pensées, mais choisissait plutôt une version plus courte et sérieuse à lui donner :

— Oui. Je sais que nos secrets ne n'en sont plus depuis longtemps Elio, mais j'avais réellement besoin de prendre mon temps afin de digérer cette nouvelle.

Je me justifiais, car je savais qu'il était difficile pour Elio comme pour moi de nous cacher des choses, nous avions décidés de ne plus rien garder pour nous concernant Thomas ou le réseau. Ce qui avait très bien fonctionné jusqu'ici malgré son refus de m'accorder une place dans leurs bureaux de peur que ça ne me rappelle la mort de notre chère coéquipière. Qui s'avérait en fait bien vivante.

— Tu as bien fait.

— Pardon ?, demandais-je confuse.

Je fronçais les sourcils, je pensais qu'il allait me réprimander.