CHAPITRE 19

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Je l'examinais de haut en bas. Il me dégoûtait. Lui qui voulait l'approbation de sa famille, il avait trahi sa propre cousine. Lui faisant subir des remords qu'on le lui avait infligé en lui donnant des mensonges détournés en guise de vérité absolue. Ses boucles tombantes me donnaient subitement envie de lui sauter à la gorge, de les lui arracher tant j'étais épuisée par les actes d'autrui envers celle que j'aimais. Elle ne méritait aucunement cela et j'avais bien trop de respect envers la famille de Delilah pour lui porter préjudice. Toutefois, si j'avais pu, je m'en serais chargé. Les poings serrés, je pouvais sentir la chaleur de la colère monter dans ma gorge et mes bras désormais. Clara le remarqua surement, car elle ne prit même pas la peine de parler avant de se lever et de conduire le barman vers la sortie. Je l'entendis souffler quelque chose au loin, mais tout ce qui m'importait était qu'ils partent. Tous les deux. Leurs présences n'étaient pas volontaires, mais leur départ l'était néanmoins.

Je me retournais, essayant de me calmer en voyant Delilah dos à moi, debout derrière la terrasse en bois. Isaac et Elio se chargèrent de virer Thomas.

– Nous ne voulons pas de toi ici, déclara Elio, furieux.

Je l'imaginais avec sa veine sortant de son front alors qu'il sortait ses paroles de sa bouche.

Je ne fis pas attention à la suite, trop concentrée sur la silhouette de Delilah à l'extérieur. Elle avait un paquet de cigarettes à la main, cette dernière tremblait tant que je pus le remarquer de là où je me trouvais. La cigarette qu'elle voulut en sortir tomba au sol. De cette défaite, elle ramena vivement son bras auprès de son corps, abandonnant soudainement l'idée de fumer.

Je la rejoignis dehors. Il ne faisait pas particulièrement froid, mais des frissons recouvrèrent mes bras couverts par le pull que je portais. J'avais beaucoup de choses à lui dire, j'avais eu des millions de moyens et de moments de le faire, pourtant, je n'en avait rien fait. Trop effrayée par les conséquences ou ce que Delilah allait en penser. Évidemment que j'aimais toujours cette femme, mais c'était mauvais pour moi de rester dans une sphère qu'elle-même pouvait guérir. C'était comme une blessure fraîche comme celle que j'avais à la tempe et qui laissait glisser le sang sans jamais s'en occuper. La soigner. C'était primordial pour pouvoir se sentir bien et ne pas agir que par propre intérêt. Cela me rendait horriblement nostalgique, de m'accrocher à elle d'une manière que même moi, je ne pouvais identifier. Je considérais que Delilah m'avait montré qu'il était possible de se faire aimer et désirer. Pourtant, je savais également que si notre relation continuait, ça ne m'apporterait aucun bien. Je me poserais toujours les mêmes questions, ce n'était pas que j'avais l'impression qu'elle ne voulait pas de moi ou bien que je n'étais pas assez pour cette femme. Mais elle devait guérir de son côté et moi du mien du mal que nous nous étions attribués mutuellement. Ce n'était pas bon de considérer que ses problèmes étaient les miens, je devais m'en détacher même si cela allait être une dure labeur.

Avec tout le respect que je lui réservais, je m'arrêtais à sa hauteur, elle ne me jeta aucun regard. Toutefois, je savais que ma compagnie était la bienvenue auprès d'elle. La sienne par ailleurs de mon côté l'était tout autant. Je ramassais la cigarette tombée au sol, frôlant l'herbe et les feuilles qui se trouvaient çà et là. Je coinçai l'objet entre mes lèvres avant de l'allumer à l'aide d'un briquet qui était coincé dans la poche arrière de mon jeans. Je tirais la première latte avant de la lui proposer.

Elle la prit délicatement et lorsqu'elle la retira d'entre mes doigts, je sentis ses tremblements se propager jusque dans la paume de ma main. Déboussolée, je décidais que c'était le moment propice pour lui dire tout ce que j'avais toujours voulu qu'elle sache, nous concernant. Cela ferait peut-être beaucoup pour elle, mais je ne pouvais plus attendre le bon moment, car il n'en existerait jamais et je me devais de le lui dévoiler avant que nous partions, le lendemain matin.

Nos Mornes Remords - Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant