Le jardin interdit

Chapitre 2 : Éveil des Sens

Eliza se réveilla au milieu de la nuit, le souffle court, son corps encore tremblant de l'intensité de son rêve. Les draps en lin léger glissaient sur sa peau nue, comme une caresse subtile, attisant un peu plus le feu qui brûlait en elle. Elle se redressa lentement dans le lit, se sentant désorientée, comme si les frontières entre le rêve et la réalité s'étaient dissoutes.

Elle pouvait encore sentir la chaleur du soleil sur sa peau, le parfum enivrant des fleurs rares qui l'entouraient dans ce jardin mystique. Gabriel était là aussi, sa présence intense et magnétique, comme une ombre qui la suivait dans chaque recoin de son esprit. Leurs regards s'étaient croisés dans cette serre étrange, leurs corps s'étaient presque touchés, mais il s'était retiré, la laissant sur le seuil d'une envie inassouvie, comme une étincelle sur le point de devenir brasier.

Elle se leva, sentant une énergie indomptable vibrer en elle. Le manoir était plongé dans le silence, seules les légères respirations de la nuit se faisaient entendre, comme si tout le domaine retenait son souffle. Elle ouvrit la porte de sa chambre, la tête encore pleine des images du jardin, des promesses qu'il renfermait. Ses pieds nus effleuraient le sol froid, chaque pas résonnant dans l'immensité du couloir désert.

Elle se laissa guider par son instinct, descendant les marches de bois qui craquaient sous son poids léger, traversant les pièces obscures jusqu'à une porte dérobée qu'elle avait à peine remarquée auparavant. Son cœur battait à un rythme effréné, un mélange d'excitation et d'appréhension l'envahissant. Elle ouvrit la porte, se retrouvant à l'extérieur, enveloppée par la douceur de l'air nocturne.

Le jardin s'étendait devant elle, mystérieux et attirant, baigné par la lumière argentée de la lune. Chaque ombre, chaque recoin semblait lui murmurer des secrets anciens, des histoires d'amours passées, de désirs enfouis. Elle avança, pieds nus sur l'herbe humide, laissant ses sens la guider.

Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle cherchait, seulement que quelque chose l'appelait, une force invisible qui la poussait à explorer, à aller plus loin. Elle traversa des allées bordées de statues de marbre, leurs formes figées semblant l'observer avec une curiosité silencieuse. Les buissons fleuris dégageaient des effluves enivrants, des senteurs qui la rendaient presque ivre de désir.

Au fur et à mesure qu'elle avançait, la végétation devenait plus dense, plus sauvage, comme si le jardin s'efforçait de la capturer, de l'envelopper dans son étreinte verte et luxuriante. Elle atteignit finalement la serre, cette oasis de verdure qui l'avait tant fascinée lors de sa première visite. La porte en fer forgé était entrouverte, comme si elle l'attendait.

Eliza hésita un instant, son souffle devenant plus rapide, ses sens en alerte. Puis elle se glissa à l'intérieur, refermant doucement la porte derrière elle. L'air y était plus chaud, saturé des parfums intenses des plantes exotiques qui croissaient dans chaque recoin. La lumière de la lune filtrait à travers les verrières, projetant des ombres mouvantes sur le sol dallé.

Elle s'avança lentement, ses doigts effleurant les feuilles douces et les tiges robustes, ses pieds glissant sur la mousse veloutée. Chaque plante semblait vibrer à son passage, comme si elle répondait à sa présence. Eliza pouvait presque sentir la pulsation de la vie qui animait ce lieu, une énergie sensuelle qui l'entourait, la pénétrait.

Elle s'arrêta devant une grande fleur dont les pétales s'ouvraient en une corolle éclatante, d'un rouge profond, presque obscène. L'arôme qu'elle dégageait était enivrant, une combinaison de fragrances musquées et sucrées qui éveillaient en elle un désir brûlant. Sans pouvoir s'en empêcher, Eliza se pencha, approchant son visage de la fleur, laissant son parfum l'envahir, s'immiscer dans ses pensées.

C'est alors qu'elle sentit une présence derrière elle, une chaleur qui se dégageait d'un corps qu'elle connaissait déjà. Elle se redressa lentement, consciente de chaque mouvement, et se tourna pour faire face à Gabriel. Il se tenait là, à quelques pas, ses yeux sombres fixés sur elle avec une intensité presque dévorante.