Et pour la première fois, le ciel devint lie de vin.

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Seungmin était devant les appartements de son conseiller depuis plusieurs minutes déjà. Il ne savait s'il devait le déranger pour lui annoncer la simple venue de son ami Hwang Hyunjin, pour autant, tout au fond de lui, il avait déjà la réponse. Il savait qu'il aurait été injuste de ne pas le faire. Malgré son refus quant à leur union, les deux hommes s'entendaient à merveille et il aurait été impoli de ne pas lui laisser l'opportunité de lui aussi l'accueillir, autant que de préparer son arrivée imminente. Si ces prédictions étaient bonnes, Hyunjin arriverait le lendemain dans la capitale et seules ses terres savaient à quel moment de la journée.

L'ambiance entre les deux n'avait pas évolué et Félix s'était refusé à le tutoyer de nouveau, profondément blessé. De son côté, Seungmin, aussi obtu et difficile à sonder que pouvaient être les parois de son palais, se trouva aussi agacé que peiné par les évènements, terminant de les bloquer tous deux dans une situation qu'ils avaient pourtant provoquée.

Kim Seungmin était le souverain de tout un royaume, le dirigeant de tout un peuple et pourtant, voilà qu'il se trouvait maintenant à bouger d'un pied sur l'autre devant la chambre d'un homme qui lui était en tout point subordonné. Depuis quand et comment en était-il venu à hésiter pour une action aussi banale que de lui parler ?

Certes, leur relation n'était pas la meilleure qui soit, mais jamais ils n'en étaient arrivés à un tel stade de conflit ou de non-dits. Pas même en sept années de relation royale et c'est cette nouveauté qui prenait Seungmin dans toute son intériorité, le rendant nerveux au possible si ce n'était parfois nauséeux.

Depuis cette dispute qui n'en avait presque pas été une, selon le souverain, Seungmin s'était baladé avec une pierre, d'une manière quasi maladive qu'il ne se connaissait pas. Cette dernière lui avait été confectionnée par la dame aux bijoux du marché. Celle-ci, du nom d'Armance, lui offrait toujours ce dont il avait besoin avant même qu'il ne le formule, comme si elle lisait en son avenir ou en son esprit et bien que cela l'eut toujours un peu questionné, ça le rendait également heureux si ce n'est soulagé et ce, sans qu'il ne sache véritablement pourquoi. Malgré les années passantes de leur relation, Seungmin n'était pas sûr de vouloir savoir. La vérité, c'est qu'il l'aimait ainsi et il avait peur que s'il ne découvre tout de ses secrets, alors Armance lui échapperait à jamais, et ça, il ne pouvait se le permettre. Le roi était bien trop attaché à sa compagnie et à l'affection dissimulée qu'elle mettait dans la lecture de son être pour s'en passer.

À vrai dire, il aurait aimé, comme avec tous, se montrer distant et impérieux, mais à son côté, c'était tout bonnement impossible et de toute manière, même s'il avait essayé, elle aurait vu clair dans son jeu. Peut-être que l'idée de ne pas avoir besoin de formuler ses ressentis ou alors le sentiment de n'avoir rien à perdre à son côté, de ne pas être jugé, le rendait à ce point à l'aise et confiant, il ne savait le dire. Toujours est-il qu'il se retrouvait maintenant et depuis plusieurs jours avec cette pierre entre les doigts en permanence. Et s'il ne l'a tenait pas, alors il la dissimulait toujours dans l'une de ses poches. C'était plus fort que lui.

Armance la lui avait glissé dans la paume avant de le laisser partir, lors de sa dernière visite. Il n'avait pas vraiment compris pourquoi, pour autant et sans réellement la remettre en question, il l'avait prise immédiatement ; sans la moindre hésitation. La vieille dame lui avait même refusé quelconque paiement et depuis qu'il l'avait en sa possession, il devait admettre que son esprit s'était légèrement apaisé, lui laissant la possibilité de se reposer, mais surtout, de réfléchir et ce, de manière plus lucide.

Et de ses réflexions lui était apparu l'évidence suivante : qu'il se soit habitué à sa présence constante ou que cela soit par pur attachement, Félix comptait plus pour lui qu'il ne le pensait et le souverain ne souhaitait pas ternir une relation qui, malgré tout, fonctionnait. Alors, même si cela voulait dire mettre sa fierté de côté, il devait le faire.

Le royaume de SagwaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant