Un goût étrangement... familier.

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Ainsi et depuis, cet arbre était porteur de secrets autant qu'une part des amants, créant avec eux, les cerfs mystiques capables de bénir quiconque le mériterait vraiment. Ces derniers, du nombre de deux, se trouvaient maintenant quelque part, sur les terres marécageuses et brumeuses de Salang, là où les plus aimants, ou désespérés, osaient s'aventurer.

Des commérages qui couraient à leur sujet, les plus imaginatifs, ou les plus téméraires, disaient d'eux qu'ils étaient les âmes entrelacées et réincarnées, des deux amants aux secrets.

Mais cette vérité là, personne ne la connaîtrait vraiment, car enfouie et perdue dans le temps, seuls eux avaient la réponse.

La seule certitude était que cet arbre existait, de ce bois rempli de tourments, d'espoir et de supplications de toutes les âmes qui avaient un jour croisé sa route.

Constitué de secrets inavoués, de secrets intérieurs ou encore, révélateurs. On disait qu'il portait en lui tout le poids qu'offre l'authenticité d'un amour véritable et désintéressé et que de son apparition, autant que de celles des cerfs, étaient nés trois contrées.

Ces trois contrées, devenues royaumes, étaient bien distinctes les unes des autres et ses terres avaient pour elles, des animaux, des plantes ou encore des habitants aux capacités propres.
De celles que possédaient initialement les amants fondateurs, elle, lui, puis eux ensemble. Solan, Salang puis finalement, magnifique et éternelle, Sagwa.

De ces capacités, on pouvait retrouver la possibilité de se comprendre sans se parler, à cette difficulté à se dire, à se lire ou encore, cet amour unique et volcanique. Rien n'avait été laissé au hasard et ainsi, le monde fut créé.

Alors, devant cet arbre immense et magnifique. Aussi insondable qu'hypnotique, Minho pensait à ce conte pour enfants qu'on lui avait tant conté dans sa jeunesse et maintenant debout devant lui, il comprit que ce dernier existait et que celui-ci avait tout d'une légende, plus que d'un conte.

Maintenant soucieux de voir si la réponse à tous ses tourments se trouvait dans ce fruit, il s'en approcha avec son amant, mais à peine sa main fut posée sur sa peau que le fruit flétrit entre ses doigts. Il en fut de même pour Jisung mais étonnamment, le couple s'était regardé en souriant. Ce n'était pas la première déception qu'ils essuyaient, ni même le premier échec qu'ils vivaient, et ce ne serait certainement pas le dernier, ils le savaient. La survie de Jisung en était la preuve et c'était justement pour cela qu'ils continuaient d'y croire.
Il en faudra plus pour les abattre.

D'un tour d'horizon, le roi Lee observa le roi Kim et c'est d'un regard intense et entendu qu'ils s'offrirent leurs excuses. L'heure n'était plus à quelconque guerre d'égos et cette nouvelle venait brutalement le leur rappeler, les ramenant à la raison.

Plus important se jouait dans ce royaume.

- Elle ne nous est pas destinée.
- Mais comment est-ce possible ? Jamais une pomme n'était sortie depuis des décennies maintenant que vous arrivez, en voilà une ! J'avais d'en l'idée que l'arbre puisse peut-être, vous offrir une réponse, ou au moins une idée.
- Vous n'y êtes pour rien, roi de Sagwa, et vous avez déjà fait bien assez pour nous, simples étrangers.

Et avant même que Seungmin ne puisse répondre aux étonnantes paroles de Minho, Jisung coupa le fil de sa réponse en confirmant les propos de son compagnon d'un signe de tête aussi confiant qu'énigmatique.

Au fond de lui, Jisung le savait, cette dernière, aussi dorée que mystérieuse, n'était là que pour un seul homme, celui qu'il la tenait déjà entre ses doigts fins et délicats, celui qui plus patients que tous, la méritait.

Lee Félix.

- Félix ?

La main du roi ne répondait plus de rien. Pas même à la voix douce et voluptueuse de son Roi. Il semblait possédé, obsédé alors que Seungmin ne cessait de l'observer, bouche-bée.

Le conseillé tenait cette pomme éclatante de vigueur et de couleur dans sa paume alors même que celle-ci semblait appeler à être devorer. Alors, c'est sans trop d'hésitation que Félix porta le fruit à ses lèvres, mais avant d'en croquer un morceau, curieux, il le porta à son nez. Et c'est là qu'il fut le plus étonné. Son odeur était liquoreuse. Cette dernière sentait le sucre, elle sentait les fruits des bois frais et autres gourmandises sirupeuses. Il ne comprenait pas cette odeur ni ne savait d'où elle venait, mais il était certain de l'avoir déjà humé, il en était persuadé. Cette dernière venait le rassurer, elle le dorlotait et le baignait d'une vague de douceur et de sécurité qu'il n'avait connue qu'une fois jusque-là, sans se rappeler d'où...

Cette odeur semblait venir lui souffler dans le creux de l'oreille que tout irait bien pour finir par venir caresser son corps avec tendresse et respect, comme seul l'homme au sujet duquel il rêvassait avant de s'endormir pouvait le faire... et comme lui seul serait un jour autorisé à le faire.

Lorsqu'il croqua enfin dans le fruit, tout dans son esprit reprit sa place et tout ce qui l'entourait prit enfin forme, comme une évidence offerte sous ses yeux depuis le début. Et maintenant que c'était là, dans sa bouche, dans son esprit, dans ses oreilles, dans tout son corps, s'était même flagrant. Pourtant, il ne pouvait le comprendre plus tôt.

Pris par l'instant et la beauté de cette sensation que jamais il n'avait expérimenté et qu'il savait ne plus pouvoir un jour connaître, Félix se surprit à sentir une larme unique venir couler sur sa joue, comme confirmant sa réalité, sa vérité ; son secret.

Nous venons à toi, Lee Félix, car tu étais sur le point d'abandonner. Pour autant, nous ne pouvons accepter de voir un tel amour se gâcher, sauf, si cela est ton véritable souhait. Tu as été d'une patience d'ange et d'une loyauté sans faille, nous te l'accordons, mais nous te demandons d'être encore patient. Car si tu t'accordes ce temps, ce que tu nous a toujours demandé pourrait bien être exaucé et ainsi, ta vie sera à tout jamais bouleversée.

Félix sentit une autre larme dévaler sa joue voisine alors que le ciel devint un peu plus sombre autour de lui. Seungmin l'observait, il était maintenant inquiet, pour autant, là, devant tous ses sujets, il ne pouvait se permettre de craquer ni même de se montrer tel qu'il était dans sa sphère privée. Alors il attendit, comme tous, la tête haute et le dos bien droit, tel qu'on lui avait appris à être. Il devait se montrer solide et prouver à son peuple qu'en toutes circonstances, ce dernier pouvait compter sur lui, même lorsqu'il s'agissait de Lee Félix. Même lorsqu'il s'agissait de l'homme dont il était le plus proche, de celui qui avait toujours été là...

Cependant, Minho n'avait pas cette patience et c'est sans trop de surprises que son caractère unique refit surface, de celui que même Jisung et son calme olympien ne pouvait contrôler.

Les souverains de Salang savaient, tout autant que Luna ou encore Lido, ce que la pomme cachait. Tel qu'ils l'avaient toujours su et c'est en entendant les pensées hésitantes de son lointain cousin que Minho comprit qu'il devait parler. Même s'il devait passer pour être sans manières.

Alors, même s'il ne disait pas directement ce qui avait été mis à jour, il pouvait au moins mettre le roi de Sagwa sur la piste. Seungmin devait savoir, Seungmin devait réagir. Minho le voulait terriblement. Pour Félix et étrangement, également pour Seungmin.

Le roi de Sagwa devait s'offrir le droit de connaître pareille poésie, de celle que seul Félix pouvait lui fournir.

- Alors, quel goût a cette fameuse pomme !

Minho souriait faussement alors que Jisung l'observait faire, quelque peu fier de son amant autant que doucement exaspéré. Son compagnon savait quand se montrer défiant pour pousser ceux qu'il aimait vers le meilleur et c'est d'ailleurs l'une des raisons qui faisait qu'il l'aimait si fort.

Le roi de Salang n'avait pas peur d'être détesté si c'était dans le but d'aider ceux qu'il aimait.

Félix, de son côté, semblait encore perturbé alors que la pomme finissait de se réduire en cendre dans sa main, son message maintenant délivré. Cette dernière disparaissait dans le léger brouillard qui l'entourait alors que son visage se faisait de plus en plus soucieux. Alors, tel qu'il savait également le faire, bien que bien différemment, Jisung le rassura d'un regard et c'est en hochant positivement de la tête qu'il invita Félix à dire la vérité. De celle qu'il avait trop longtemps étouffé,

- Elle a le goût de la Pavlova. 


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Vous allez finir par détester ça !

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