CHAPITRE 2

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HANA

           Février 2006

La tension était palpable dans la pièce. Je sentais une haine disproportionnée m'envahir, mes yeux ne lâchaient pas cette fille. Elle s'avança vers lui avec un air hautain puis s'accrocha à son bras en me dévisageant. Mon expression était figée en un sourire crispé.

"J'en ai pas pour longtemps Izumi." lui dit Suguru en enlevant son bras de son emprise. "Je te rejoins après."

"C'est bon elle est en vie, t'as déjà passé assez de temps ici." pesta la jeune fille, vexée par son geste.

Le ton qu'elle employait me donnait encore plus envie de lui jeter mon plateau repas au visage, mais ma fierté avait pris le relais et je décidais de ne rien laisser paraître.

"Oui je suis en vie, merci d'ailleurs." déclarais-je d'une voix étonnamment calme. "Tu peux partir avec ta copine, je vais bien."

"Tu vois elle t'a dit qu'elle allait bien !" lança Izumi en le prenant par la main. "Viens, tu vas être en retard pour la mission."

Je détournais le regard à l'instant où sa main avait agrippée la sienne, c'était de plus en plus dur pour moi de garder la tête froide face à eux. Je sentais mon coeur se serrer dans ma poitrine et mes yeux commençaient à me piquer, annonçant un torrent de larmes imminent. Je m'allongea sur mon lit en leur tournant le dos, essayant de cacher mes yeux humides.

"Aller les jeunes il est temps de partir, Hana a besoin de repos."

Je remerciais intérieurement la gentille infirmière d'être intervenue, mon coussin était déjà imbibés de goutte d'eau et je m'étouffais à moitié dedans pour ne pas montrer que je pleurais. J'entendis les bruits de pas s'éloigner, puis une conversation inaudible entre l'infirmière et Suguru. Je le sentis revenir vers moi, il posa sa main sur mon épaule et fit une légère pression pour que je le regarde.

"Écoute moi Hana, s'il te plaît." chuchota-t-il d'une voix inquiète.

"Va t'en..." sanglotais-je avant de repousser sa main. "Je te déteste."

C'était trop douloureux, bien plus que les dizaines de plaies ouvertes sur mon corps. Je me sentais humiliée, trahie et abandonnée. Il déposa quelque chose sur la table de chevet derrière moi, juste avant de partir. Dès l'instant où il avait passé la porte, mon chagrin put enfin exploser.

Le coup de fil de ma mère quelques heures plus tard n'avait rien arrangé. Le fait d'entendre sa voix me faisait pleurer de plus belle et je n'arrivais même pas à lui parler.

"Ça va ma chérie, arrête de pleurer, tout va bien d'accord ?" me rassura-t-elle avec amour à l'autre bout du fil. "Tu es réveillée maintenant et tu as été bien soignée. Suguru m'a appelée tous les jours pour me donner de tes nouvelles, il est toujours aussi gentil !"

"Il a fait ça ?" demandais-je en me calmant un peu.

"Bien sûr, il était vraiment inquiet et nous aussi. On aimerait que tu reviennes à la maison le temps de ta convalescence..."

La voix de ma mère était calme mais inquiète, elle avait déjà assez de soucis dans son quotidien et je ne voulais pas en rajouter une couche. J'acceptais sa proposition et nous continuions de discuter quelques minutes de plus, avant que je sois interrompue par un homme adulte, barbu avec des lunettes de soleil carré.

"Je dois te laisser maman, je te préviendrais quand je sortirais d'ici." disais-je en observant l'homme qui attendait poliment que je termine ma conversation. "Embrasse papa pour moi, je vous aime."

LOVE BEYOND CONVICTIONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant