Chapitre 4

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Jane se prépare pour la partie de chasse. Elle a mis une longue robe, cachée par l'épaisse cape noire qui la protégeait du vent. Elle était plutôt frileuse et savait qu'en forêt, l'air pouvait être plus frais. Enfilant ses gants en cuir, elle descend les escaliers en pierre, les deux hommes déjà postés sur leurs chevaux. Jacopo l'aide à monter sur sa jument, un Frison à la robe aussi noire que la nuit. En amazone, elle attrape les rênes et ils se mettent en route vers le domaine Danglars.
Il faut peu de temps avant qu'ils n'entendent des aboiements en traversant la propriété du Baron. À l'orée de la forêt se tiennent les nobles participants à la chasse, une bonne trentaine de chiens réunit et aboyant. Les deux hommes mettent pied à terre et André attrape la jeune femme par la taille pour l'aider à descendre de cheval. En Angleterre et avec son père elle montait comme les hommes mais pour bien se faire voir, elle montait ici comme les femmes françaises.
Ils rejoignent les hommes , montant les marches en pierre, où Fernand de Morcerf fait les présentations.

- Mes amis, voici le Comte de Monte-Cristo ainsi que le prince Andrea Cavalcanti. Ainsi que...

- Lady Jane Blackwood, ma pupille, déclare le Comte. Messieurs.

- Comte, Milady, prince, les saluent de Villefort.

La jeune femme remarque l'air tendu de son ami bien qu'il serre la main à son père avec un sourire cordial.

- Votre réputation vous précède, Comte, sourit Danglars.

- Baron. Puis-je vous faire un aveu ? La vie française m'est encore inconnue aussi je vous prierai de m'excuser par avance si mes manières vous paraissent trop slaves, napolitaine ou arabe.

- Quand on est riche, on n'est jamais trop quoique ce soit !

Détaillant les hommes un par un, Jane fini par croiser le regard de celui dont elle rêve la mort, John Allen. L'homme, elle en est sûre, l'a reconnu. Évidemment qu'il a reconnu la fille de l'homme qu'il a tué.
Heureusement pour elle, Albert l'a approché, détournant son attention.

- Je suis heureux de vous revoir, Milady.

- De même, Monsieur. J'espère que vous nous épaterez à la chasse, plaisante-t-elle, le faisant sourire.

- Milady, vous joindrez-vous à nous ? Demande Danglars.

- Je doute que le Comte me laisse tenir une arme, Baron. Mais je ne manque jamais une occasion d'une bonne balade en forêt.

- À la bonne heure ! Prince !

- Baron, le salue André en lui serrant la main.

- Le terrain de jeu n'est pas trop mal.

- C'est parfait.

- Alors allons-y. À cheval, Messieurs !

Jane a jeté un dernier regard à Allen puis à Albert qui lui a souri avant de retourner à sa monture. Le Comte s'installe sur son cheval, se rapprochant d'elle quand elle remet sa cape en place une fois qu'elle est sur le dos de sa jument.

- Il t'a reconnu, dit-il en italien.

Il lui aurait bien parlé en anglais pour que la conversation ne soit comprise par personne mais Allen en était natif. Passant du temps avec le Comte et Haydée, la brune a fini par comprendre mieux la langue qu'elle le parle.

- Tiens-t'en au plan.

Elle acquiesce tandis qu'ils rejoignent les autres au galop. Les chiens ont rapidement flairé la trace d'un cerf qu'ils ont pris en chasse, aboyant à tout rompre. Jane s'est retrouvée séparée avec le Comte, Fernand de Morcerf et Allen. Un coup de fusil résonne dans les airs, stoppant leur course. Ils ont fait marche arrière pour galoper en direction de la détonation.
Jane a ralenti sur le chemin, stoppant son cheval pour resserrer la sangle qui s'est assouplie. Sa jument avait tendance à gonfler le ventre quand on la sellait puis à le dégonfler juste après.

Rêve de liberté {Albert de Morcerf}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant