Chapitre 5

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Heureusement pour elle, ils n'ont pas tardé à rentrer. Jane a souhaité bonne nuit à ses deux amis avant de monter dans sa chambre. Elle a enlevé sa robe qu'elle a mis sur un cintre avant d'enfiler une chemise de nuit bleue se nouant sur le devant. La jeune femme s'est démaquillée et s'est passé un gant d'eau froide sur le visage et la nuque. Elle avait du mal à croire que John Allen puisse être le parrain du jeune homme qu'elle doit séduire. Il y a des centaines de pays mais il a fallu qu'il vienne se réfugier en France.
Jane se couche dans son lit, n'éteignant pas les bougies qui diffusent une douce lueur dans la pièce. Elle rabat la couverture sur elle, sombrant dans un sommeil sans rêve quand sa tête touche l'oreiller.
Du moins, c'est ce qu'elle pensait.

Jane jouait à cache-cache avec sa nourrice et elle a décidé d'aller se cacher dans le bureau de son père, endroit que la femme ne soupçonnerait jamais. Elle était cachée dans le fond d'une armoire quand elle a entendu la porte s'ouvrir. La fillette a posé une main sur sa bouche pour que sa respiration ne soit pas entendue quand la voix de son père s'est élevée.

- Je ne vois pas pourquoi nous avons une nouvelle fois cette conversation, John.

Les pieds du fauteuil de son père raclent sur le parquet tandis qu'elle entrouvre la porte du meuble pour observer la scène. Son père est assis dans son fauteuil, John Allen, son ami de toujours en face de lui.

- Jane est une fille !

- C'est mon seul enfant ! C'est elle qui héritera de mes titres ainsi que de ma fortune ! Le débat est clos !

- C'est un fils qui doit en hériter ! Ou alors nomme un autre héritier.

- Ma fille est mon héritière. Elle est ma seule enfant, la prunelle de mes yeux, mon seul trésor. Si tu n'es pas content avec ça, tu peux partir !

Un silence prend place.

- Après tout ce que j'ai fait pour toi, je pensais au moins que tu m'accorderais quelque chose.

- Ce que tu as fait pour moi ?! John, tu es un alcoolique et un accro des jeux ! J'ai payé toutes tes dettes à chaque fois ! Je t'ai sorti d'emmerdes plus grosses que toi ! Qu'est-ce que tu as fait pour moi, hein ?! À part m'attirer des ennuis !

- J'aurais ma part !

- Sors d'ici et ne reviens jamais ! Tu n'es plus le bienvenu chez moi !

Jane a vu Allen sortir un couteau de sa manche et a saisi son père par la mâchoire, le tirant à lui. La surprise lui a permis de glisser la lame sur sa gorge, le sang coulant à flot.

- Ta fille sera la prochaine.

Il relâche son père qui s'effondre sur le bureau dans des gargouillements écœurants. Jane est bien trop choquée pour réagir. Allen attrape une feuille ainsi qu'une plume pour écrire rapidement quelque chose. Il plie la feuille qu'il coince entre les mains de l'homme, mettant le couteau dans l'autre.
Une fois fait, il est rapidement sorti du bureau, ne revenant jamais. Jane est sortie de sa cachette, s'avançant vers son père. Elle a posé une main sur son bras, le secouant doucement.

- Papa ?

Mais aucune réponse, l'homme reste inerte.

- Papa ? Réveille-toi, papa. Papa !

La suite reste floue, mais ce ne sont de toute façon que des cris et des pleurs.

Jane se réveille en sursaut, en sueur et le cœur battant la chamade. Elle passe une main dans ses cheveux qu'elle a tressés pour la nuit alors que l'un des chiens-loups du Comte grimpe sur son lit en sentant sa détresse.
La brune sort du lit en enfilant ses pantoufles, descendant dans le repaire du Comte. L'homme est assis dans son siège, la tête entre ses mains, sans masque. Il se redresse en l'entendant entrer, s'adossant au dossier.

Rêve de liberté {Albert de Morcerf}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant