The Flayed Heart

Chapitre V

Quelques secondes après son indication, je franchis le pas de la porte. Je me retrouve entourée de livres, les murs étant ornés d'étagères chargées de volumes en tout genre. Je suppose que c'est la réserve. Des échelles sont disposées de part et d'autre, et au centre de la pièce, une table ronde en bois est couverte de cagettes remplies de livres.

Je ne m'attendais pas à entrer dans une pièce comme celle-ci; je pensais que nous serions dans son bureau. Peut-être que je me trompe.

— Que faisons-nous ici ? demandai-je, confuse.

— Je t'emmène au Raven. On peut dire que c'est notre "cugger", dit-elle.

J'acquiesce d'un mouvement de tête. Élya se dirige vers la table, prend un bandeau noir posé dessus, puis s'approche de moi.

— Comme tu n'as pas encore signé les papiers, et que je ne t'ai pas encore donné toutes les informations, je ne peux pas te dévoiler le chemin pour s'y rendre.

Elle me met doucement le bandeau sur les yeux, prenant soin de ne pas me faire mal.

— J'espère que tu comprends, continue-t-elle.

— Oui, je comprends, répondis-je.

Non enfaite je ne comprends pas. L'angoisse monte en moi. Où pourrait-elle m'emmener ? Et si elle mentait sur toute la ligne, et qu'elle avait l'intention de me kidnapper pour me torturer et me soutirer des informations ? Mon ventre se noue à cette pensée. J'en ai assez de trop réfléchir et de me poser tant de questions. Pourquoi ne pas essayer de lui faire confiance, juste un peu ? Mais c'est étrange, tout de même. Je n'arrive pas à savoir si elle est digne de confiance.

Après quelques instants, j'entends Élya bouger dans la pièce, éloignant quelque chose de son emplacement initial. Un clic résonne dans l'habitacle.

Qu'est-ce que c'est que ça ? Une porte secrète ? Je n'en sais rien. Puis elle revient vers moi.

— Isaline, est-ce que je peux avoir ta main pour te guider ? demande-t-elle.

— Euh, je... je ne sais pas, enfin, oui, balbutiai-je.

— Je te conduis au Raven, ne t'inquiète pas, dit-elle pour tenter de me rassurer, comme si elle percevait mon stress.

Cette femme est très étrange. J'ai l'impression qu'elle me connaît, qu'elle sait comment je fonctionne. Mais pourquoi ? Elle ne me connaît pas vraiment, n'est-ce pas ? Qui voudrait connaître une fille comme moi ? Une fille brisée, avec des cicatrices partout, un corps que personne n'envierait, une fille pleine de doutes, qui se pose trop de questions, qui craint le jugement des autres... Pourquoi voudrait-elle me connaître ?

— Isaline ? dit-elle soudain.

— Oh, oui, pardon, fis-je en tendant ma main dans le vide.

Sa main douce attrape la mienne.

— Suis-moi, dit-elle.

Je me mets en mouvement, suivant ses pas. À mesure que nous avançons, je suis persuadée que nous allons nous heurter à un mur, car nous nous dirigeons vers une bibliothèque que j'avais remarquée auparavant. Mais soudain, une fraîcheur nouvelle envahit l'espace, et je réalise que nous n'avons pas rencontré de mur. Il doit y avoir un passage secret derrière cette bibliothèque. Étrange.

Nous marchons pendant quelques minutes, tournant parfois à droite, parfois à gauche. Puis Élya m'avertit que nous allons devoir descendre des escaliers.

À la fin de la descente, elle ouvre une porte, je suppose, et me fais entrer.

Sa main chaude quitta la mienne, laissant mon bras retomber à sa position initiale. J'avais encore la sensation de sa paume contre la mienne, comme un écho persistant. Élya se déplaça à côté de moi, et sans que je m'y attende, elle retira délicatement le bandeau qui m'obstruait la vue.