Le şehzade Suleiman ainsi que sa mère étaient si heureux que la dynastie ait un nouvel héritier. Le nouveau-né a été aussitôt nommé Murad.
Si Hubeh Hatun survivait à son état critique, le sehzade Murad aurait un très grand avantage sur les fils de Mahidevran Hatun et de Yasemin Hatun. Une fois qu'elle serait en âge de se marier, Raziye Sultan pourrait trouver un bon parti qui aiderait son frère à le mettre sur le trône.
Mahidevran secoua sa tête en se rendant compte de cette situation. Même si elle s'était préparée mentalement à cette possibilité, le fait d'être confrontée à cette nouvelle difficulté à présent était une autre histoire. En prenant compte que Mustafa n'était pas l'aîné pour essayer de compenser cette faille, son lionceau était de toute évidence le plus désavantagé, bien qu'il fût démontré dans l'histoire de l'Empire Ottoman qu'être le plus âgé de sehzades ne faisait pas toujours de lui le prochain Sultan. Même dans le cas où Hubeh Hatun ne survivrait pas à l'accouchement, la nourrice à laquelle serait confiée la garde du nourrisson ferait toutes les étapes auxquelles sa mère n'aurait pas pu faire pour parfaire son éducation et qu'il ait toutes les possibilités pour battre contre ses demi-frères. Il était vrai qu'il est celui qui avait le plus d'avantage pour le moment s'il survivait à la mortalité infantile. Il était exact que l'écart d'âge qu'il avait avec le sehzade Mahmoud n'était pas très grand, donc le fait qu'il soit le dernier-né ne serait pas en soi un grand handicap. À cette réflexion, elle s'affaissa contre la table, totalement découragée.
Mais la jeune mère se reprit. Il lui était interdit d'avoir de telles pensées défaitistes si elle espérait la victoire de son fils et se rendre digne de la dynastie qui l'avait appelé à servir et à remplir ses devoirs. Encore moins de montrer ses faiblesses alors qu'elle était désormais la mère d'un sehzade. Elle se devait de se montrer digne du haut rang auquel elle avait accédé. Avec l'aide de Dieu, de son esprit et de bons alliés, elle pourrait déjouer ce problème. La première chose serait de savoir si Hubeh Hatun allait pouvoir vivre ou non afin de mieux revoir toutes ses stratégies. Il est clair qu'elle connaîtrait beaucoup moins le nouvel entourage et par conséquent sa nourrice. Mais si elle survivait, alors ça serait la mère de Murad sa principale adversaire. Cette femme, bien qu'en apparence discrète, pouvait être bien plus redoutable que Yasemin Hatun. D'après les observations qu'elle avait pu tirer sur elle , Hubeh Hatun est arrivée à se faire aimer, du moins à être énormément appréciée par Suleiman bien que pas autant que son nouvel ami Ibrahim. Une des preuves de l'appréciation que Suleiman avait envers Hubeh Hatun est qu'elle a été rappelée après avoir mis au monde une fille. À présent, elle ne donnera plus d'enfant à moins que son fils ne meure. De plus, étant donné que Yahya Effendi appréciait sa fille Raziye, il risquait de se mettre tout de suite du côté du sehzade Murad et cet homme pourrait être un soutien de poids.
Elle se décida à sortir de sa chambre accompagnée de ses kalfas . La mort dans l'âme, elle dut se résoudre à laisser son fils dans sa chambre. La nourrice désignée par Hafsa , une femme d'âge moyen aux cheveux bruns pensait qu'il était bon pour Mustafa de rester au lit après qu'il se soit tant agité toute la soirée. D'habitude, Gulbahar écoutait poliment puis de décider par elle-même ce qu'il fallait faire avec son fils, ce qui lui valait parfois des remarques gentilles, mais désapprobatrice de la part de Hafsa. Mais elle était forcée d'admettre que cette fois-ci, la gouvernante avait raison. Bien que d'habitude souvent énergique, ce qui rassurait sa mère, il l'empêchait souvent de dormir. Hier soir fut l'apogée, car il ne dormit pas du tout. C'est ainsi que lorsqu'elle se décida à sortir afin de pouvoir déjeuner quotidiennement avec Hafsa Hatun, Beyhan Sultan et d'autres femmes de haut rang, elle prévint Aylin :
« Ça sera toi qui auras la garde du sehzade Mustafa quand je serai absente, dit-elle d'un ton calme.»
-Mahidevran Hatun, j'accomplirais votre demande, mais la gouvernante sera là ainsi que d'autres kalfas qui ont la confiance de Hafsa Hatun, dit Kalfa qui aurait préféré plutôt accompagner sa maîtresse. Personne n'osera rien tenter contre le sehzade.
Elle se retint de justesse de dire pour le moment, mais cela n'échappa pas à Mahidevran. -Il me semble t'avoir dit dès le premier jour où j'ai décidé de te prendre à mon service que je voulais entendre de ta part le conseil dont j'ai le plus besoin, pas celui que je veux entendre quel que soit mon humeur, fit remarquer Mahidevran d'un ton égal. Tu as raison de dire que Mustafa sera gravement en danger par la suite et qu'il faudra redoubler de vigilance. Ce qui est une raison de plus pour commencer maintenant. Tu es celle à qui je fais le plus confiance dans cette pièce, c'est pour cela que je veux que tu le surveilles quand je ne serai pas là.
- Je m'acquitterais de cette tâche et ne vous décevrai pas, même si Aylin savait que ça serait stupide et suicidaire de s'en prendre au sehzade tout de suite. Il vaut mieux une attitude trop prudente qu'imprudente.
Rassurée Mahidevran partit avec sa suite de kalfas qui l'attendaient dehors. Pour l'instant, elle se liait d'amitié avec elles, ce qui était nécessaire, mais trouver un moyen qu'elles puissent être loyales avant tout envers elle et son fils allait être un chemin très long. Elle arriva enfin à la table de Hafsa Hatun dont l'ambiance était mitigée : d'un côté, le harem était heureux de la naissance du Sehzade Murad , d'un autre côté, une partie priait pour la guérison de Hubeh Hatun. Sans compter les inquiétudes grandissantes vis-à-vis d'une potentielle menace du Sultan Selim au vu de sa campagne. Toutefois, le fait qu'il s'en soit sorti victorieux et son caractère pouvait éventuellement dissuader toute rébellion de la part des janissaires. De plus, en se faisant passer par moment pour un simplet plus intéressé par la chasse que par sa future fonction , Suleiman était en train de continuer à dissuader lentement, mais sûrement les soupçons à son égard .
Hafsa Hatun qui était occupée à parler avec son petit-fils et Yasemin Hatun l'aperçut et lui sourit. Mahidevran s'installa à la place que Hafsa Hatun lui avait désigné. « Mahidevran j'ai entendu dire que Mustafa était agité, dit-elle d'un ton soucieux. Est-ce qu'il va mieux ? »
-Oui, je vous en remercie, fit Mahidevran avec un sourire. Mon lion a juste beaucoup trop d'énergie et il n'a pas voulu dormir. J'ai préféré suivre les conseils de la gouvernante et le laisser se reposer. Mais si vous tenez à le voir, je peux venir le chercher.
-Non, je préfère effectivement qu'il dorme, dit Hafsa bien qu'elle semblait inquiète. Je suis contente de voir que tu as suivi les conseils de la gouvernante. Dans tous les cas, même s'il a l'air de bien se porter et de bien manger, j'enverrais un des médecins l'examiner.
Mahidevran ne protesta pas. À vrai dire, elle aussi, était plutôt rassurée à l'idée que le médecin vérifie que tout aillait bien pour son fils. Mais en même temps qu'elle pensait à son fils, elle observa de plus près Hafsa gérait le déjeuner au sein du harem comme elle le faisait d'habitude. Cette fois-ci, elle organisa la réception des cadeaux en l'honneur de la naissance de son petit-fils dans tout le harem. Hafsa prit le temps de donner en plus une gentille parole à chaque servant dans le harem avant de prendre la parole :
« Tout d'abord, je tiens à annoncer qu'en plus d'accueillir un nouveau petit-fils au sein de la dynastie, fit Hafsa avec un grand sourire, Hubeh Hatun est presque certainement sauvée grâce à Dieu et aux médecins qui se sont si bien occupée d'elle et de son fils ».
À ce moment-là, Mahidevran sut qu'Hubeh Hatun survivrait. Elle a été quasiment sauvée et elle aura la volonté de continuer à vivre pour son fils. Une autre raison qui ne la surprenait pas au fond et dû au fait que la médecine employée chez eux était plus efficace que celle des autres pays comme l'Espagne, la France ou l'Angleterre.
-Enfin, je tiens à dire que conformément à l'ordre de notre bien-aimé Sultan, mon fils devra repartir à Edirne pour mieux surveiller nos frontières. Je vous demanderais donc de prier pour notre Sultan et notre Sehzade.
Mahidevran comprit que l'une des raisons de la demande de prière pour le Sultan était sûrement pour mieux apaiser les soupçons. Mais est-ce que cette nouvelle demande de mission vis-à-vis de Suleiman était un signe d'apaisement, que le père faisait un peu plus confiance à son fils, contrairement à la dernière fois ? Hafsa Hatun n'avait pas l'air de le penser.
Et aucune personne informée un minimum de la difficulté de la relation entre le père et le fils non plus.
Désolée de l'immense retard concernant la publication. Mais le chapitre numéro 4 est enfin là.
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L'incroyable et tragique destin de Mahidevran
Fiction HistoriqueL'histoire de Mahidevran, ses espoirs, ses tragédies au sein de l'Empire Ottoman. Un peu inspiré de Muhtesem Yuzyil ( bien que la série diabolise Hurrem et Mahidevran) mais surtout sur des faits historique , un peu de légende et d'interprétation au...