Discussion & chagrin (Chap. 19)

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Aujourd'hui était le jour de repos de Ji-a. Je me retrouvais donc seule à mon bureau, mais heureusement pour moi, peu de monde avait besoin de mon aide pour le moment. Il était déjà un peu tard dans la matinée quand je relevais la tête de mon ordinateur pour apercevoir Cha-young, qui devait sûrement être en pause. Elle était souriante et aujourd'hui, respirait la joie de vivre.



- Bonjour Soo-yoon, comment ça va ? Je me suis dit que cela faisait un moment que nous ne nous étions pas vues alors je venais aux nouvelles.

Elle se stoppa pour m'examiner.

- Mais dis moi, tu es rayonnante aujourd'hui ! Cet ensemble te va à merveille.

Je portais aujourd'hui une veste blazer beige ajustée à ma taille assortie à une jupe courte évasée de la même couleur. J'avais également revêtu une chemise et des talons blancs.

Elle me tendit un des gobelets de café qu'elle tenait dans sa main.

- Merci Cha-young ça me fait vraiment plaisir. Eh bien pour ma part tout est un peu mouvementé mais tout se passe assez bien je dirais. Et toi, tu ne croules pas sous le travail ?

- C'est vrai qu'en ce moment j'ai beaucoup de choses à régler avec Babel alors je n'ai pas vraiment eu le temps de faire quoi que ce soit en dehors de mon travail. Mais je compte bien remédier à cela dans les jours à venir.

Je me mis à réfléchir quelques instants avant de poser une question à mon amie.

- Attends, quand tu es sur le dossier Babel, tu discutes avec le PDG ?

- Jang Han-seo ? Oui ça m'arrive de temps en temps. C'est d'ailleurs lui qui me tiens au courant de tout ce qu'il se passe dans son entreprise. Pourquoi tu voulais avoir cela ?

Sa question me prit de court et je ne sut quoi répondre.

- Comme ça, par simple curiosité.

Elle sourit et reprit ce qu'elle était en train de me dire avant que je ne l'interrompe.

- Je disais tout ça pour te demander quand tu étais disponible. J'aimerais bien qu'on mange ensemble un soir si ça te tente. On aura plus de temps que dans la pause déjeuner. Qu'en dis-tu ?

- C'est une super idée. Par exemple, je suis libre le-

Han-seo arriva et força Cha-young à se décaler en la poussant pour se poster devant moi.

- Excusez mesdemoiselles d'interrompre votre conversation mais j'aurais besoin d'emprunter Mlle Park quelques instants.

Mes yeux oscillèrent entre Cha-young et Han-seo, interloquée.

- Moi?

- Dans mes souvenirs je ne suis pas Mlle Park mais peut-être que je me trompe, renchérit Cha-young.

Je me levais, tremblante, époussetais mes vêtements et arrivais devant lui. Il examina ma tenue puis je crus distinguer une petite étincelle dans ses yeux accompagnée d'un léger sourire mais ce fut si court que lorsque je clignai des yeux ce que j'avais pu autrefois voir sur son visage avait entièrement disparu. C'était à se demander si je ne venais pas de tout inventer. Il se racla la gorge.

- Hmm, alors suivez moi.

- Puis-je savoir en quel honneur M. Jang vient demander à me voir ?

- Vous le saurez bientôt.

Il se mit à accélérer le pas et, ne sachant que faire, je le suivis. De temps en temps, voyant que nous nous éloignions petit à petit de l'aile principale de Wusang pour se diriger dans une autre, plus privée, je me retournai, essayant de comprendre désespérément où il pouvait m'emmener. Au bout d'un moment, il s'arrêta, puis vérifia que personne ne pouvait nous voir, prit ma main et me fit entrer dans ce que je pensais être son bureau. Une fois à l'intérieur, il ferma la porte à clé et baissa tous les stores, sûrement pour avoir un peu d'intimité.

- Soo-yoon, je suis désolé de devoir prendre toutes ces précautions pour pouvoir te parler, et crois moi que j'aimerais tant pouvoir te serrer dans mes bras sans me cacher. J'ai seulement peur que si je m'approche de toi comme je l'ai fait il y a quelques années, tu subisses des conséquences, et cette fois encore plus graves qu'à l'époque.

Mon coeur battait si fort dans ma poitrine que j'avais l'impression que d'une minute à l'autre il allait exploser. Je voyais ses yeux se remplir de larmes. Il clignait des yeux pour cacher sa tristesse, mais le connaissant mieux que quiconque je savais qu'il était mal en point. J'inspirai un bon coup avant de répondre, mais il m'en empêcha en plaçant sa main sur ma bouche, tendrement.

- Non, ne dis rien s'il te plaît, je crois que je ne pourrais pas le supporter. Laisse moi finir ce que j'ai à te dire.

Je hochai la tête silencieusement, en lui faisant signe de continuer.

- J'ai vu le morceau de papier que tu as glissé dans mes livres. Je dois admettre que c'était plutôt une bonne façon de procéder, j'étais assez impressionné. Sans même voir tes initiales, j'aurais reconnu ton numéro de téléphone entre mille. J'ai d'ailleurs déjà composé à maintes reprises ton numéro mais je n'ai jamais dépassé cette étape. J'aimerais tant pouvoir tout abandonner pour rester avec toi, mais je ne peux pas. Je ne veux pas te faire souffrir encore une fois. Je ne pourrais pas.

Il laissa un silence de quelques secondes avant de se racler la gorge et de reprendre.

- Mais le problème est que... Il est impossible pour moi de te contacter. Mon téléphone... il est traqué. On espionne mes moindres faits et gestes, les messages que j'envoie, les appels que je passe. Même mon compte en banque est vérifié, alors je ne pourrais pas acheter un second téléphone sans qu'il soit au courant.

Une larme s'échappa et coula le long de sa joue. Ne pouvant plus supporter cette situation dans laquelle je ne pouvais pas m'exprimer, je m'approchai de lui et essuyai cette goutte du revers de ma main. Je pris ensuite ses mains dans les miennes.

- Han-seo, j'ai essayé de t'oublier. Je suis partie à des milliers de kilomètres d'ici, j'ai refait ma vie là-bas, trouvé des amis, j'ai même eu un petit-ami. J'ai cru que j'étais heureuse et que je pourrais enfin passer à autre chose. Mais je n'y ai pas réussi. Chaque matin, je me levai, et je me demandai ce que tu devais bien faire aujourd'hui. Chaque soir, quand je rentrai chez moi, j'espérai de tout cœur que tu avais passé une bonne journée. Dès que je me sentais mal, je sortais mon téléphone et me demandais si je pouvais enfin t'appeler. Je n'ai jamais réussi à t'oublier. Quoi que je fasse, tu occupes mes pensées. Alors ne crois pas que j'ai fait tous ses efforts et que je suis venue travailler dans cet infâme cabinet d'avocat pour t'entendre dire ces sottises. Nous devons trouver une solution. Je ne peux plus vivre sans toi.

Une fois que j'avais prononcé ses paroles, je fondis en larmes. J'avais pensé tellement de fois à ce que je dirais quand je le reverrai, et après l'avoir enfin dit à voix haute, je me sentais plus légère, comme libérée d'un poids. Mais ça avait été si dur de m'exprimer devant lui que mes larmes me permettait, en quelque sorte, de me rassurer, de décompresser. Je plaquai mes mains sur mes yeux pour qu'il ne me voie pas pleurer davantage.

Alors que je continuai à sangloter, il s'approcha et entoura ses bras autour de moi. Je retirai mes mains de mon visage pour, à mon tour, l'entourer de mes bras. Je déposai ensuite ma tête sur son torse. Ici, dans ses bras, je me sentais en sécurité, enfin, après tant d'années, auprès de lui.

Toujours à tes côtésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant