Chapitre 6

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Liv

Flashback | Mai 2014

Je m'approche lentement du bureau de mon père, le cœur battant à tout rompre. Le long couloir sombre est baigné par la lueur vacillante d'une lampe à abat-jour en cuivre, créant une ambiance à la fois chaleureuse et oppressante. Les murs tapissés de portraits de famille austères rappellent les générations qui ont précédé la mienne, ajoutant à l'intensité de l'endroit.

— Entrée.

Sa voix résonne à travers la porte en chêne massif, froide et antipathique comme à son habitude. 

J'ouvre timidement la porte, laissant l'odeur riche de cuir et de bois ciré m'envahir, un rappel immédiat de l'autorité et de la rigueur qui règnent dans cette pièce. Mon père est assis derrière son bureau imposant, couvert de piles de documents, son visage austère à peine éclairé par la lumière filtrant à travers les lourds rideaux. 

La bibliothèque derrière lui, remplie de livres aux reliures en cuir, me rappelle les innombrables fois où, enfant, je m'y aventurais secrètement, fascinée par les volumes mystérieux.

Une pensée me revient en mémoire : Jordan. Les fois où nous nous cachions ici, moi sous le bureau de notre père, lui tentant de me protéger. Il a toujours payé pour mes erreurs, comme cette fois où père a découvert mon escapade dans son sanctuaire.

— Bonjour, père... Je voulais savoir... si je pouvais... Enfin, si vous...

Ma voix tremble légèrement, chaque mot luttant contre la peur de sa réaction.

— Va à l'essentiel, Liviana. Je n'ai pas de temps à perdre avec des bafouillages.

Ses yeux perçants me transpercent, et je ravale ma nervosité.

— Veuillez m'excuser. J'aimerais aller rejoindre des amies au parc. Puis-je y aller ?

— Oui, vas-y. Ne rentre pas tard sinon je serai obligé de te punir.

— D'accord, père...

Je referme la porte doucement derrière moi, soupirant de soulagement en regardant le long couloir vide. Mon cœur est lourd, mes pensées embrouillées. Je presse le pas, ne voulant pas perdre une minute de plus. Avec mon père, "ne rentre pas trop tard" se traduit invariablement par "sois à la maison à 18 heures".

En arrivant dans ma chambre, je saisis quelques vêtements dans mon armoire, décidée à ne pas paraître en pyjama. Je me précipite dans le jardin, où le parfum des fleurs embaume l'air. Attrapant mon vélo, je file vers le parc.

À mon arrivée, mes amies sont déjà là. Les grands arbres offrent une ombre apaisante, les rires des enfants ajoutant une touche de légèreté à l'atmosphère. Le parc est vaste, ses pelouses impeccables ornées de massifs de fleurs aux couleurs éclatantes. Des bancs en fer forgé invitent à la flânerie le long des allées sinueuses. Je pose mon vélo contre un banc et m'assois près d'elles.

— Salut, les filles.

— Hey! Coucou, Liv.

Rose sort un paquet de tabac et des feuilles, une lueur d'audace mêlée de nervosité dans son regard. Une tension étrange s'installe.

— Depuis quand tu fumes? je demande, surprise.

— Depuis un moment, mais si mon père l'apprend, il va me tuer.

Mon estomac se noue en voyant le petit sachet qu'elle sort ensuite.

— Qu'est-ce que c'est ?

— De la beuh, répond-elle en émiettant une petite boulette verte.

Just A Dream #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant