Chapitre VI : Rafistolage

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C'est sans surprise, les choses se dégradaient très vite entre nous. Contrairement à elle, j'étais très mauvais pour cacher mes sentiments et ne pas les laisser prendre le dessus sur mon humeur. Et d'ailleurs, je me suis toujours en voulu de ne pas être semblable à ces garçons qui savaient ignorer et « ne pas mettre le cœur ».

Laissez moi vous décrire ce qui se passe en moi quand j'aime.

J'ai très souvent mis de côté mes propres intérêts pour privilégier ceux des autres parce que je suis un être naturellement doué de compassion. Mais quand il s'agit d'amour, mon cœur ne peux s'arrêter de frémir. J'ignorais qu'on était capable d'aimer au point d'en arriver à s'oublier. Une avalanche d'émotions qui couvrent le coeur comme le sol par les feuilles mortes en automne. Il m'était impossible de passer une seconde sans penser à son sourire. Sa silhouette manquerait chaque jour à mon champ de vision, même si je l'avais en permanence sous mes yeux. Arriver à se sentir prisonnier de ce que l'on ressens, sans pouvoir s'en débarrasser. Il me colle à l'âme et contrôle mes émotions. Même si, un seul jour son cœur se détournait de moi, comme j'avais l'impression pendant cette période, mon amour pour elle ne fanerait pas. Il est bien plus fort qu'une sécheresse de tendresse, encore plus robuste qu'une carence d'attention.

Néanmoins, il n'est pas commun, ce genre d'amour dans mon entourage et facilement, ils en profitent.

C'était bien sûr pas le cas de celle que j'aimais. J'ai cru dure comme fer qu'elle passait juste par une mauvaise passe.

Mon cœur, sans m'informer, lui trouvait raison à tout. « Elle doit être entrain d'étudier » « Elle est sûrement entrain de s'occuper avec sa maman », etc. C'était plus fort que moi. Je n'imaginais pas un seul instant que le feu qu'il y eut entre nous pourrait s'éteindre aussi rapidement. Mon cœur se serait-il attaché à une illusion ? Étais-je seul dans ce rêve que je chérissais ? J'avoue que je ne savais plus quoi croire.

Des garçons comme moi, il est commun qu'on les appelles des faibles. Ils se font facilement abuser, à cause du fort intérêt qu'ils laissent voir. Ce serait un crime de témoigner de l'amour et de l'attention à celle qui partage son cœur ? Serait-il un signe de faiblesse de montrer ses sentiments et dire clairement qu'on est attaché ?

Pour ma part, je voyais la fin de mon rêve et le début d'une histoire qui me brisera le cœur à jamais.

J'avais beau me promettre de ne plus faire attention, mais c'était mon cœur qui était au contrôle et m'imposer un scénario.

Exemple...

Discussion avec Louise par sms

- Bonjour Louise, ça va ?

*Message envoyé à l'instant

*Message envoyé il y'a 15min

*Message envoyé il y'a une heure

Moi : Je n'aurais pas dû lui écrire, je ne lui laisserai plus de message.

Bimmmpppp

*Message de Louise

Louise : Bonjour Chris, ça va et toi ?

Moi: Oui ça va merci. Comment tu passes ta journée ?

*Message envoyé à l'instant

* Message envoyé il y'a une heure

*Message envoyé il y'a 3h

C'est à ce moment que je me suis rendu compte que j'étais prisonnier de mes sentiments et qu'elle en profitait. Elle avait conscience de ce qui m'arrivait et de ce qui se passait entre nous, mais j'étais visiblement le seul à y accorder de l'importance.

Je continuais à croire que certaines réalités étaient plus belles que nos propres rêves, et qu'elle restait celle que j'aimais. Je pouvais voir dans chacune de mes réactions les couleurs des dernières graines d'espoir que portait notre relation, enfin, si elle en était encore une.

J'ai compris que le temps, même s'il le voulait, ne pourrait pas tout expliquer. Bien que je continuais de compter sur lui pour me prouver que tout ce à quoi je croyais était bien réel. Il devait avoir de la peine pour moi, pauvre prisonnier affaibli par un combat sans issue.

Je ne me suis pas rendu compte, que je ne vivais que pour voir à nouveau cette belle lueur dans ses yeux lorsqu'on parlait pendant des heures. Elle était la source de mon bonheur mais aussi l'antidote à toutes mes peines de cœurs. J'avais juste besoin d'étendre :

Mon cœur est une partie du tiens, alors je poserai mes mains sur les plaies dont j'en suis l'auteur et je continuerai de t'aimer aussi fort que je le pourrai. Qu'est-ce que j'irai faire au paradis si, toi tu décidais de vivre à mes côtés pour la vie. Et même si j'allais en enfer, je me vanterai auprès d'Hadès d'avoir connu le paradis sur terre.

Seul, ces mots pouvaient me guérir. Une petite attention aurait changé le cours de l'histoire. Mais peu à peu je pouvais sentir les fragments de mon cœur se détacher les un des autres à chaque silence que je recevais de sa part. À chaque moment d'inattention, les graines d'espoirs qui, auparavant étaient florissantes, devenait des plus laides de l'étang.

On se rapprochait de notre examen, et c'était toujours ma préoccupation. Je ne la voyais pas, ni ne passait du temps avec elle. J'ai longtemps cru que les souvenirs pouvaient apaiser les blessures mais, dans mon cas j'ai très vite compris qu'ils ne pourraient jamais remplacer l'être aimé.

Qu'est-ce qui m'attendait après cet examen ? En réalité l'avenir de cette relation m'importait plus que le mien. Elle était tout ce pourquoi je voulais réussir. C'est triste de l'avouer, mais j'avais fini par remplacer ma passion pour Dieu par celle-là. Je me suis rendu compte bien trop tard que je m'étais trompé de combat. Quand on est dans ce genre de cercle vicieux, nos oreilles n'entendent plus ce qui relève du bon sens et de la voix de Dieu.

Notre âme est enveloppée par un voile de désir purement charnel, parce que s'il vient de Dieu, il remet Dieu au centre. Ce n'était pas mon cas ! Mon amour a pris la place de celui que j'avais, pour l'unique personne qui aurait pu consoler mon cœur et me témoigner en retour son attention.

Pourrais-je sortir de cet amour qui a fait de moi un prisonnier libre ?



À suivre....

LA DISTANCE ENTRE NOUS ! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant