Chapitre VII : L'examen du siècle

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Vendredi 02 Août

Proclamation du BAC

Ça y est ! On l'a tellement attendu ce moment. Sous nos poitrines, on pouvait entendre les battements prolongés de nos cœurs apeurés. J'étais confiant, mais il me fallait un coup de pouce. Dans ma maison, personne n'osait en parler. J'avais presque l'impression que le mot « BAC » était devenu une interdiction.

Je me souviens m'être réveillé très tôt ce matin. J'étais plus excité qu'âtres choses, car pour moi, je l'avais eu mais je voulais savoir mes résultats. Je me leva de mon lit, et d'un geste assez rapide, je me mis à genoux pour prier :

Seigneur, je sais que tu me l'as donné. La réussite appartient à ceux qui te font confiance et bossent dure. J'ai travaillé, je t'ai fait confiance, et donc c'est à toi maintenant de remplir ta part du contrat. Je crois que Louise et moi on l'aura haut la main grâce à toi.

Amen !

C'est tout ce qu'il me pour être en paix. J'ai ressenti un énorme soulagement dans mon cœur et enfin je pouvais affronter toutes les émotions par lesquelles je j'allais devoir passer durant cette journée !
Il faisait un soleil de plomb qui, sur nos têtes frappait avec vivacité.
Le rituel derrière la proclamation du bac est très complexe et fatiguant. Je vous explique.

Il ne s'agit pas de listes à regarder dans un premier lieu, non ! Chaque candidat doit se rendre dans son centre de composition pour y assister à une proclamation public des résultats. Ils procédaient par ordre alphabétique, ce qui rendait encore l'expérience plus stressante. On assistait chaque année à une symphonie de pleurs et de lamentations dans les centres de proclamation. C'était un moment assez triste pour les ajournés mais tout aussi festifs pour les admis. La pression pouvait être palpable, on pouvait entendre les cœurs battre à des Kilomètres.
Dans ce genre de moments, il est préférable et même conseillé de venir accompagné d'un ami ou d'un parent parce que souvent le pire arrive sous l'effet de la tristesse et la déception.

Heureusement pour nous, ça allait être différent, parce qu'on allait recevoir nos résultats par sms. Je ne me faisais aucune crainte mais la célébration dans les centres était bien mieux que chez soit. J'aurais voulu fêter avec mes compagnons de labeur, dans le lieu de notre souffrance : le lycée !
Enfin, je ne me plains pas. Ça allait être tout aussi excitant que dans nos établissements respectifs.
Pendant que je cherchais un stylo et une feuille pour écrire dans ma chambre, j'entends quelqu'un frapper à ma porte « toc toc toc ».

- Qui est-ce ? Demandais-je

- C'est moi ! Répondit la personne. De toutes évidences c'était maman !

- Oui entre maman ! Je savais qu'elle s'inquiétait pour moi parce que je ne parlais pas énormément, bien que c'était pas différent des autres jours,

- Tout va bien ? Me dit-elle...

- Oui maman ça va. Pourquoi tu as l'air si inquiète ? Lui Dis-je en rigolant

- Non toi aussi, tout va bien ! Je voulais juste te voir. Mais je dis hein les résultats la sortent à quelle heure ?

-Maman, on pourra voir les résultats à partir de 11h. Ne t'en fais pas ! Il fallait que je la rassure parce qu'elle avait l'air vraiment inquiète.

- D'accord. Dès que c'est bon tu m'appelles ! Okay ? C'était presque intimidant (rires)

- D'accord maman je te dirai. Je ne comptais absolument pas lui dire en réalité.

Elle s'en alla par la suite au salon et me laissa dans ma chambre. J'avoue que j'étais confiant mais maman m'avait mis un gros coup de pression. Elle était tout aussi excitée que moi mais, j'avais d'une part peur de la décevoir et de me décevoir ensuite. C'est un sentiment que je n'oublierai jamais, car il a duré une bonne matinée entière.

Les résultas sont disponibles.

Je me posais toujours des questions par rapport à la suite. Contrairement à certains qui pensaient qu'après l'obtention du baccalauréat ils seraient libre, moi je savais pertinemment que ma vie commençerait réellement après cet examen. J'allais quitter la maison familiale et devoir me construire tous seul sans l'aide de mes parents. Pour avoir vécu toute ma vie dans cette maison, il me fallait me préparer psychologiquement à quitter mes souvenirs, mes habitudes, ma famille, et d'ailleurs même mon pays si tout se passait bien.

Dès 11h, les gens autour de moi commençaient déjà à s'agiter de parts et d'autres. On pouvait entendre des cris de tous les côtés parce que certains, vraisemblablement, avaient déjà pu voir leur résultats. C'est quelque chose qui me stressait encore plus. Je pris mon téléphone, le cœur qui bat à la chamade, pour vérifier si j'avais reçu les résultats tant attendus. Tout les éléments étaient réunis pour me faire stresser et douter de ce qui, jusqu'à maintenant était une évidence. Je perdais toute confiance en Dieu, en moi et à mon travail. Pour ne pas être tenté de les regarder par inadvertance, j'avais posé mon téléphone loin de moi. J'avais reçu un sms mais je ne pensais pas être prêt à l'ouvrir. Je me mis doucement à côté de ma mère et lui dit : Maman, quelque soit l'issue, on rendra grâce à Dieu. Ma mère pleure difficilement en général, mais ce jour elle ne pu se retenir de verser quelque larmes. Alors que je m'apprêtais à ouvrir le fameux message, l'atmosphère était tendue. Tous les yeux étaient rivés sur moi. Il y'avait écris dans le message, mon numéro de candidat, la mention que j'avais eu et la note qui me permettait l'admission. J'ai crié « Merci Jésuuuuuusss ». Ma mère, sans avoir vu le message, s'est mis à crier et à rendre gloire à Dieu. Je ne saurais retranscrire exactement toutes les émotions par lesquelles je suis passé ce jour. C'était incroyablement satisfaisant. J'eus à peine le temps de me réjouir, que je pensais déjà à si mon amour avait eu de bons résultats. Je n'avais pas de nouvelles d'elles et je voulais en avoir à tout prix. J'ai essayé de l'appeler, je lui ai laissé des messages pour avoir de ses nouvelles.

Je ne savais pas si je devais lui dire que mes résultats en premier, car en réalité je craignais que ses résultats n'étaient pas bons. Je le lui ai quand même dit par message ce jour. Mais après tout, Louise est une jeune fille très intelligente et travailleuse. Quand elle a un objectif en tête, elle travaille, sans repos, à moins de l'avoir atteint. J'étais très différent d'elle à ce niveau. J'avais un fort potentiel, mais je n'aimais pas travailler énormément sans m'arrêter. Il me fallait un moment « chill » et reposant, sinon ça jouait sur ma productivité.

Je vous l'ai déjà dit, sa maison m'a toujours fait peur. Elle ressemblait à un manoir hanté ! On ne pouvait voir l'intérieur de la maison et je n'arrivais même pas à imaginer ce qui s'y trouvais en réalité ! Mais ce jour, je décida d'aller chez elle, du moins passer devant, avec l'espoir ardent de la voir. Sa maman savait qu'on était très proche et d'ailleurs, elle m'appréciait. J'ai eu le privilège de faire sa connaissance, une femme pleine d'amour à donner et de bonheur. C'est elle que j'ai vu ce jour. En me voyant elle s'exclama :

- Ah Samuel, mon fils ! Félicitation oooh ! Ta sœur et toi vous me faites plaisir . Elle me prit dans ses bras. Ma belle mère était contente de moi (rires)

Vous l'avez remarqué, bien qu'elle savait que Louise et moi on était pas qu'amis, elle continuait à l'appeler « ta sœur » quand elle me parlait d'elle ! C'était assez drôle, parce que je savais que c'était par pudeur et c'est louable. Louise avait eu son examen et c'était notre rêve qui devenait réalité !

Il manquait une étape à franchir. Il fallait absolument qu'on soit accepté par la même école, et ce n'est pas quelque chose qui nous a forcément réussi...

À suivre

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