Chap 1: Le Vol Suspendu

486 19 15
                                    

POV Gabriel Attal.

En ce printemps de 2017, Gabriel Attal, jeune membre actif du parti "En marche" est attendu à la porte d'embarquement pour un vol Paris - Marseille.
La campagne électorale pour les présidentielles qui approchent bat son plein et ce trajet de 1h30 est l'occasion pour lui de souffler un peu avant une nouvelle journée intense.

Au programme, des rendez-vous avec les pouvoirs publiques de Marseille et des rencontres avec les français pour faire la promotion du parti qui se présente et qui tente de faire sa place.
Une voix annonce le dernier appel pour l'embarquement de son vol.

Gabriel le sait, il n'est pas en avance et accélère le pas s'il ne veut pas compromettre son agenda du jour.
Il sort son téléphone de sa poche pour envoyer un message à son conjoint tout en montant dans l'avion en se laissant guider par l'hôtesse de l'air jusqu'à sa place. 

** J'embarque, c'est parti pour 1h30 de calme avant le tumulte Marseillais.
Je te tiens au courant. Je t'embrasse. **

Il mit son téléphone en mode avion sans attendre de réponse et le rangea dans sa poche.

En levant les yeux devant sa place il se rendit compte qu'un jeune homme à l'allure sérieuse occupe la place côté couloir et qu'il va devoir lui demander de se décaler pour s'assoir vu son imposante carrure.

Avant que Gabriel n'ai le temps de parler, le grand brun lui sourit et se leva pour le laisser s'installer sur son siège.

- "Je me doutais bien que je n'aurais pas le loisir de prendre mes aises pour tout le trajet ..." indiqua le plus jeune d'un air amusé en se remettant à sa place.

Gabriel lui rendit son sourire et continua,

- "J'imagine que vous devez vous sentir à l'étroit vu l'espace avec le siège de devant. Malheureusement je ne peux pas vous laisser plus d'espace .. le vol étant visiblement complet."

- "Ce n'est pas un problème je vous assure,..  je suis très bien à cette place.. "

Gabriel ne releva pas le ton enjoué de son voisin, ni le sourire en coin de ce dernier. Il était trop occupé à essayer de replacer ce visage qui lui dit vaguement quelque chose.
Peut-être l'a-t-il croisé lors d'un événement public ou dans un reportage télévisé ?
Tout en sortant son dossier de campagne, le plus âgé continue à cogiter sur l'identité de son interlocuteur.

Amusé par les yeux de Gabriel qui le dévisage le plus discrètement possible comme s'il cherchait une information, l'inconnu décida de l'aider.

- "Jordan,..." Informa le plus jeune, "enfin ..  Jordan Bardella. Je pense que cette info est celle que vous cherchez."

Gabriel écarquilla les yeux ayant enfin remis toutes les pièces du puzzle en place.
Effectivement il le connaît et pour cause ! Il s'agit du petit nouveau si prometteur qui monte à une vitesse impressionnante dans le camps opposé au sien. Il l'avait repéré et savait qu'ils seraient tous les deux menés à se rencontrer très souvent. Il ne pensait juste pas que ce serait pour la première fois dans un avion. Quelle était la probabilité pour qu'ils se retrouve assis l'un à côté de l'autre ?

Gabriel ayant légèrement rougis du fait de s'être fait prendre en pleine observation finit par sourire poliment et répondre à son tour.

- "Mmh, effectivement merci. Votre visage me disait bien quelque chose, vous avez été interviewé il y a peu.  Je suis navré de vous avoir dévisagé de la sorte mais avec toute cette ébullition .. Enfin vous savez de quoi je parle j'imagine."

- "Ca .. c'est le moins que l'on puisse dire" répondu Jordan d'une voix posée avant de continuer un petit sourire en coin... "vous êtes excusé M. Attal. Je ne le prend pas personnellement."  

Gabriel ne put dissimuler un petit tressaillement et un rire nerveux avant de répondre.

- "Votre mémoire est moins altérée que la mienne visiblement ... vous savez donc qui je suis."

Jordan amusé continua:

- "Vous avez déjà une certaine notoriété et vous ne passez pas inaperçu ... puis je veux savoir qui vont être mes opposants. D'autant plus celui qui sera mon alter égo chez "En marche"."

Gabriel leva les sourcils, surpris par la confiance que Jordan aborde.
Un léger sourire étire les lèvres de son voisin alors qu'il continua.

- "Vous avez vu mon dernier interview, .. vous vous renseignez donc également ".

- "Un point partout" dit Gabriel avec une pointe de défit. "Je pari que vous êtes mon plus "grand" adversaire en devenir."

La conversation continua, d'abord de façon neutre. Ils parlent de la campagne, de l'élection à venir, chacun défendant poliment ses opinions. Mais rapidement, l'échange devient plus personnel, plus sincère. Gabriel, naturellement curieux et ouvert, commence à poser des questions à Jordan sur son parcours. Il était intrigué par ce jeune homme à peine plus jeune, qui semble si sûr de ses convictions et de lui.

Jordan, de son côté, était impressionné par l'esprit vif et l'ouverture d'esprit de Gabriel. Il s'attendait à un rejet ou une hostilité froide, mais trouve en Gabriel un interlocuteur captivant, même si leurs points de vue divergent.

Au fur et à mesure que le vol progresse, ils abordent des sujets plus personnels: la difficulté de jongler entre vie publique et vie privée, les sacrifices qu'exige la politique et les moments de doute que chacun a pu rencontrer. La discussion est fluide, presque naturelle.

Quand l'avion entama sa descente vers Marseille, Gabriel se rendit compte que la conversation l'avait complètement absorbé. Il regarde à nouveau Jordan, et cette fois, il se souvient clairement l'avoir vu dans ce reportage sur le nouveau prodige du RN.
Mais quelque chose a changé dans sa perception. Ce jeune homme, qu'il n'avait jusque-là considéré que comme un adversaire redoutable par son charisme et son âge, est devenu en l'espace de 90 minutes un être humain à part entière. Quelqu'un avec qui il a partagé un moment de rare complicité et qu'il comprennait.

Il le sait, à partir de ce moment il ne le verra plus de la même façon, un petit quelque chose chez lui avait touché Gabriel et il n'arriverai plus à s'en détacher complètement.

- "C'est surprenant,"  murmure Gabriel, regardant à travers le hublot.  "Je ne pensais pas qu'on pourrait avoir ce genre de discussion, vous et moi".

Jordan acquiesça, ses yeux fixés sur l'horizon qui se rapprochait. "Moi non plus."

Ils avaient atterrit et il était temps de sortir de ce cocon qu'ils se sont créée le temps de ce vol suspendu dans le temps.
Ils se levèrent et prirent la direction du hall où les attendaient leurs voitures respectives.

Alors qu'ils se sépare pour suivre chacun leur chemin, ils se serrent la main avec un échange de noms plus formel.
Le contact de leur main déclencha un frisson chez les deux hommes et une lueur apparue dans leurs regards respectifs. Ils comprirent à ce moment là. Cette rencontre ne quittera pas leur esprit.

Malgré leurs engagements respectifs et les relations qu'ils entretiennent chacun de leur côté, ce vol restera gravé dans leur mémoire.
Un moment suspendu, où le temps s'est ralenti, laissant place à une connexion inattendue qu'ils refouleront aussi longtemps que possible.

Alter ego: au delà des partis .. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant