Alter ego: au delà des partis ..

Chap 16: un message de plus

En ce jeudi, le quai de la gare était désert à cette heure matinale.
Les premières lueurs de l'aube teintaient le ciel d'un gris bleuté et les faibles lumières éclairaient à peine les quais vides.

Gabriel marchait d'un pas rapide, entouré de son équipe, une concentration palpable dans ses gestes. Pourtant, malgré l'effervescence de la campagne, son esprit était ailleurs.

Il avait décidé de tirer un trait définitif sur sa relation avec Stéphane la veille.
La rupture avait été inévitable, à la fois brutale et libératrice.
Là où il aurait pu céder à la tristesse ou au regret, c'était un sentiment de délivrance qui l'envahissait. Sept ans.
Sept longues années à tenter de bâtir quelque chose avec un homme qui, au fil du temps, était devenu un étranger. Maintenant, il voulait avancer, sans perdre un instant.

Jordan occupait toutes ses pensées. Il le voulait, de manière irrésistible, presque dévorante.
Chaque moment sans lui ne faisait qu'attiser ce désir qu'il nourrissait depuis des années.
Aujourd'hui, il était résolu : il ne le laisserait plus filer.

Son cœur s'accéléra à l'idée de croiser Jordan. Il ressentait une excitation brûlante, une sensation qu'il n'éprouvait qu'en sa présence.
C'était comme si Jordan était gravé dans sa peau, son obsession grandissant à chaque seconde passée loin de lui.
Il n'y aurait plus de compromis, plus de temps à perdre.

En arrivant sur le quai, Gabriel aperçut Jordan, lui aussi entouré de son équipe, plongé dans une discussion animée.
Pourtant, malgré la distance, leurs regards se croisèrent instantanément.
Jordan avait senti sa présence, comme un aimant attirant inexorablement leur attention l'un vers l'autre.

Ce n'était pas un simple coup d'œil. Le temps semblait se suspendre autour d'eux.
La foule, l'agitation, tout se fondait en arrière-plan.
Gabriel esquissa un sourire, savourant ce moment d'intensité.
Ce n'était plus un jeu pour lui, bien que la tension entre eux soit palpable, électrisante.
Le regard de Jordan promettait bien plus que des mots.

Gabriel s'approcha, le sourire en coin, provocateur.

- « M. Bardella, même train, même destination... Quelle coïncidence, non ? »

Son ton était bas, presque intime, un murmure destiné uniquement à Jordan.

Jordan, impassible, répondit avec détachement, bien que ses yeux brillent d'un défi sous-jacent.

- « Il faut croire qu'on ne peut pas échapper à son destin, M. Attal. »

Gabriel haussa les sourcils, jouant la carte de l'innocence.

- « L'univers a parfois de drôles de manières. Et dis-moi, où es-tu assis ? »

Jordan esquissa un sourire.

- « Carré pour moi. Spacieux et parfait pour planifier notre journée. Et toi ? »

Gabriel laissa échapper un petit rire discret.

- « Duo face à face. » Il marqua une pause, son regard accroché à celui de Jordan. « J'aime l'intimité que ça offre... pour se divertir un peu. »

Ses mots flottaient entre eux, pleins de sous-entendus
Jordan fronça légèrement les sourcils, intrigué mais amusé.
Il connaissait que trop bien ce regard et il savait qu'un jeu venait de commencer, même s'il n'en comprenait pas encore toutes les règles.

**

Installé dans son siège en duo face à face direction Toulon, Gabriel tentait de se concentrer sur la réunion improvisée avec son conseiller en communication.
La discussion tournait autour des priorités régionales : l'éducation, l'emploi, la sécurité nationale... Autant de sujets qu'il maîtrisait parfaitement.
Mais malgré lui, une autre pensée occupait son esprit, rendant tout ce travail soudain monotone et sans saveur.