Alter ego: au delà des partis ..

Chap 7: le poids des conséquences

POV Gabriel

Gabriel ouvrit doucement la porte laissant l'obscurité de l'entrée l'envelopper.
La faible lumière du salon jetait une lueur douce, presque réconfortante mais elle ne parvenait pas à dissiper le poids de la nuit qu'il venait de vivre.

La chaleur réconfortante de la nuit passée contre Jordan, ce bras qui l'avait soutenu tout au long du chemin était encore vivace dans son esprit, bien plus que la froideur de l'accueil qu'il recevait maintenant.

Stéphane, les bras croisés et l'air sévère, se tenait au bout de l'entrée, l'attendant manifestement depuis un moment.

-"Tu as bu... Super... On devait parler, Gabriel, tu exagères."

Gabriel leva à peine les yeux vers lui.
Les mots de Stéphane lui parvenaient comme un bourdonnement lointain, presque irréel.

Toute son attention était accaparée par les souvenirs de Jordan, de la sensation de son corps contre le sien, de cette caresse fugace et tendre de ce baiser sur sa tempe qui avait laissé un feu ardent dans son cœur.

-"Pas ce soir, Stéphane... Juste laisse-moi prendre ma douche et me coucher, on parlera demain," répondit-il, sa voix sèche, dépourvue de toute émotion.

Il ne laissa aucune place à la discussion. Stéphane, pourtant visiblement irrité, sembla comprendre qu'il n'obtiendrait rien de plus ce soir.

Gabriel le dépassa sans un regard de plus se dirigeant d'un pas lourd vers la salle de bain. Chaque fibre de son être réclamait du calme, de la solitude pour trier ce tumulte de sentiments qui l'assaillait.

Une fois dans la salle de bain, il ferma la porte à clé, comme pour ériger une barrière entre lui et le monde extérieur.
Ses mains tremblantes dénouaient lentement sa cravate puis ses doigts glissaient sur le col de sa chemise, la déboutonnant avec une lenteur presque méditative.
Il avait besoin de temps, de se retrouver seul avec ses pensées, avec le fantôme de Jordan qui hantait chaque recoin de son esprit.

Sous la douche, l'eau chaude coula sur lui, tentant vainement de laver les traces de ce moment intime qu'il chérissait malgré lui.
Gabriel ferma les yeux et immédiatement les images revinrent avec une force décuplée.

Il revoyait Jordan se pencher vers lui, ce baiser furtif déposé sur sa tempe.
La douceur du geste, l'intensité de l'instant, l'emballement de son coeur... il en frissonnait encore.

Ce n'était pas qu'un simple baiser, c'était une promesse silencieuse, un aveu muet de ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre mais ne pouvaient se permettre d'exprimer.

Chaque détail lui revenait en mémoire : le parfum de Jordan, la chaleur de sa main sur sa taille, la légèreté de ses taquineries et cette proximité qui n'avait fait qu'attiser un désir qu'il s'efforçait pourtant d'ignorer depuis si longtemps.

Il s'était toujours interdit de penser à Jordan de cette manière, de céder à ce désir qu'il sentait monter en lui à chaque rencontre.
Mais ce soir tout avait changé.

Ce soir, il avait entrevu une autre réalité, celle où Jordan et lui auraient pu être autre chose que des collègues ou des adversaires politiques.

Il ferma le robinet et s'appuya un instant contre le carrelage froid, l'esprit embrouillé.
Il ne savait plus quoi penser, quoi ressentir.
Une part de lui voulait se jeter dans les bras de Jordan, tout abandonner pour cette relation qui semblait désormais inévitable, mais l'autre, plus rationnelle, savait qu'il ne pouvait pas tout laisser tomber, que sa vie avec Stéphane ne pouvait pas simplement être effacée comme ça.

Gabriel sortit de la douche, s'essuya rapidement et se dirigea vers la chambre, les cheveux encore humides, la tête lourde de doutes.

En voyant la lumière éteinte dans le salon et la télé allumée il comprit que Stéphane avait capitulé et qu'il avait lui aussi besoin de s'isoler.
Un soupir de soulagement échappa à Gabriel, qui atteignait la chambre et se glissa dans le lit, prêt à céder à la fatigue de la soirée qui le submergeait.