𝑱𝒆 𝒎𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒔𝒆𝒖𝒍 𝒂𝒖 𝒎𝒐𝒏𝒅𝒆

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Accroupi, San souleva les loquets du coffre puis il l'ouvrit lentement bien qu'impatient. Et il y découvrit quelques crayons et stylos ainsi qu'un cahier sur lequel était inscrit "Ne pas ouvrir sous peine de GROSSES représailles !!"

San laissa échapper un petit rire amusé avant d'afficher à nouveau son sourire émerveillé.

― J'y crois pas, toi aussi tu tenais un journal ? Vu que tu m'as laissé entrer ici, j'imagine que j'ai aussi le droit de le lire ??

Wooyoung ne se manifesta pas mais San savait que son fantôme était là et qu'il le regardait avec attention. Alors le jeune garçon s'assit sur la souche d'arbre et il ouvrit le cahier. Et sur la première page, il put lire :

"𝐽𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙 𝑑𝑒 𝐵𝑜𝑟𝑑.
𝐽𝑢𝑛𝑔 𝑊𝑜𝑜𝑦𝑜𝑢𝑛𝑔.
𝟷𝟿𝟿𝟿."

San contemplait ces mots avec de grands yeux attendris. Il détaillait la façon dont Wooyoung avait tracé les lettres à l'encre bleue et trouva qu'il avait une très belle écriture.

― Jung Wooyoung. Je connais aussi ton nom maintenant. 1999... Attends mais t'avais quel âge quand t'as écrit ça ? T'es né en quelle année ? Et surtout t'es... fin... je me demande en quelle année t'es décédé... Je vais peut-être trouver la réponse à l'intérieur.

𝟷𝟸.𝟶𝟻.𝟷𝟿𝟿𝟿
𝐶𝘩𝑒𝑟 𝐽𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙,

𝐽𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑙𝑒 𝑏𝑒𝑎𝑢𝑐𝑜𝑢𝑝, 𝑒𝑛𝑓𝑖𝑛 𝑗'𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑠 𝑏𝑒𝑎𝑢𝑐𝑜𝑢𝑝, 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝑗𝑒 𝑛'𝑎𝑣𝑎𝑖𝑠 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑑𝑒 𝑝𝑙𝑎𝑐𝑒 𝑠𝑢𝑟 𝑙'𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒 𝑐𝑎𝘩𝑖𝑒𝑟. 𝐽𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑖𝑛𝑢𝑒 𝑑𝑜𝑛𝑐 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑐𝑒 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙. 𝐶̧𝑎 𝑚𝑒 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒 𝑢𝑛 𝑝𝑒𝑢 𝑙'𝑖𝑚𝑝𝑟𝑒𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑞𝑢𝑒 𝑗'𝑒𝑛𝑡𝑎𝑚𝑒 𝑢𝑛 𝑛𝑜𝑢𝑣𝑒𝑎𝑢 𝑐𝘩𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒, 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑗'𝑎𝑖 𝑙𝑎 𝑠𝑒𝑛𝑠𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑞𝑢𝑒 𝑟𝑖𝑒𝑛 𝑛𝑒 𝑣𝑎 𝑐𝘩𝑎𝑛𝑔𝑒𝑟 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑚𝑎 𝑣𝑖𝑒. 𝐹𝑎𝑢𝑡 𝑑𝑖𝑟𝑒, 𝑗'𝑎𝑖 𝑒𝑛𝑐𝑜𝑟𝑒 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑑𝑒 𝑑𝑒𝑢𝑥 𝑎𝑛𝑠 𝑎̀ 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒𝑟 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑐𝑒𝑠 𝑎𝑏𝑟𝑢𝑡𝑖𝑠 𝑒𝑛 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑠, 𝑒𝑡 𝑚𝑖𝑛𝑖𝑚𝑢𝑚 𝑎𝑢𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠 𝑎̀ 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒𝑟 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑚𝑒𝑠 𝑠𝑎𝑙𝑎𝑢𝑑𝑠 𝑑𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑒𝑛𝑡𝑠. 𝐴𝑙𝑜𝑟𝑠 𝑗𝑒 𝑣𝑜𝑖𝑠 𝑝𝑎𝑠 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑟𝑎𝑖𝑡 𝑐𝘩𝑎𝑛𝑔𝑒𝑟.

𝐸𝑛 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝑗𝑒 𝑚'𝑒𝑛 𝑓𝑜𝑢𝑠 𝑑'𝑒𝑢𝑥. 𝐽𝑒 𝑚𝑒 𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒 𝑡𝑟𝑒̀𝑠 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑐𝑒𝑠 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑜𝑛𝑛𝑒𝑠 𝑖𝑛𝑑𝑖𝑔𝑛𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑚𝑜𝑛 𝑖𝑛𝑡𝑒́𝑟𝑒̂𝑡. 𝑀𝑎𝑖𝑠 𝑗'𝑎𝑖𝑚𝑒𝑟𝑎𝑖𝑠 𝑗𝑢𝑠𝑡𝑒 𝑎𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢'𝑢𝑛. 𝑈𝑛 𝑎𝑚𝑖. 𝐴𝑢 𝑚𝑜𝑖𝑛𝑠 𝑢𝑛. 𝑄𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢'𝑢𝑛 𝑎̀ 𝑞𝑢𝑖 𝑗𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑟𝑎𝑖𝑠 𝑝𝑎𝑟𝑙𝑒𝑟, 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑞𝑢𝑖 𝑗𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑟𝑎𝑖𝑠 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑎𝑔𝑒𝑟 𝑚𝑒𝑠 𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒́𝑒𝑠 (𝑙𝑒 𝑝𝑟𝑒𝑛𝑑𝑠 𝑝𝑎𝑠 𝑚𝑎𝑙 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑡'𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑠 𝑡𝑟𝑒̀𝑠 𝑟𝑒́𝑐𝑒𝑝𝑡𝑖𝑓 𝑠𝑖 𝑡𝑢 𝑣𝑜𝑖𝑠 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑣𝑒𝑢𝑥 𝑑𝑖𝑟𝑒...)

Les larmes montèrent doucement aux yeux de San. C'était dingue de pouvoir lire de vraies phrases venant de Wooyoung. De découvrir sa façon de s'exprimer. De connaître sa vie, ses pensées, aussi tristes soient-elles.

𝑀𝑎𝑖𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑐𝘩𝑜𝑠𝑒𝑠 𝑐𝘩𝑎𝑛𝑔𝑒𝑛𝑡, 𝑖𝑙 𝑓𝑎𝑢𝑡 𝑝𝑒𝑢𝑡-𝑒̂𝑡𝑟𝑒 𝑎𝑔𝑖𝑟 ? 𝑀𝑜𝑖, 𝑐̧𝑎 𝑓𝑎𝑖𝑡 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑙𝑜𝑛𝑔𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑗'𝑎𝑖 𝑎𝑟𝑟𝑒̂𝑡𝑒́ 𝑑'𝑎𝑙𝑙𝑒𝑟 𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒𝑠. 𝐶̧𝑎 𝑓𝑎𝑖𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑛𝑛𝑒́𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑗'𝑎𝑡𝑡𝑒𝑛𝑑𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑐𝘩𝑜𝑠𝑒𝑠 𝑣𝑖𝑒𝑛𝑛𝑒𝑛𝑡 𝑎̀ 𝑚𝑜𝑖 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑟𝑖𝑒𝑛 𝑛𝑒 𝑣𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠.

𝐽𝑒 𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑛𝑒 𝑟𝑒́𝑎𝑙𝑖𝑠𝑒𝑟𝑎𝑖 𝑎̀ 𝑞𝑢𝑒𝑙 𝑝𝑜𝑖𝑛𝑡 𝑗'𝑎𝑖 𝑒́𝑡𝑒́ 𝑠𝑒𝑢𝑙 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒 𝑚𝑎 𝑣𝑖𝑒 𝑞𝑢'𝑎̀ 𝑙'𝑖𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑜𝑢̀ 𝑗𝑒 𝑚𝑜𝑢𝑟𝑟𝑎𝑖. 𝑆𝑖 𝑗𝑒 𝑚𝑒𝑢𝑟𝑠, 𝑗𝑒 𝑚𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑠𝑒𝑢𝑙 𝑎𝑢 𝑚𝑜𝑛𝑑𝑒.

Cette fois-ci, San ne put empêcher une larme de déferler le long de sa joue. Il se demandait comment avait bien pu mourir son ami. Il ne s'était quand même pas donné la mort lui-même ? Un chagrin fou parcourut son être. Si seulement il avait pu être là pour lui à cette époque. Il aurait aimé être cet ami qu'il avait attendu toute sa vie.

― J'aimerais que tu sois en chair et en os pour pouvoir te prendre dans mes bras... - sanglota le jeune garçon.

Et à ces mots, San sentit une aura chaleureuse l'entourer tendrement. Le spectre de Wooyoung était en train de l'enrouler de son être et de le serrer contre lui. Il lui offrait l'étreinte dont les deux jeunes garçons avaient besoin. Et San s'étonna de sa chaleur.

Lorsque Wooyoung lui avait tapoté l'épaule la première fois, son aura était glacée. Puis lorsqu'il avait touché le revers de sa main pour le guider sur la planche de Ouija, son aura était tiède.

Qu'est-ce que ça voulait dire ? Son âme était elle en train de se réchauffer au fil des jours passés auprès de San ?

Le garçon se laissa doucement consoler par cette idée ainsi que par l'étreinte apaisante de son fantôme qui n'avait pas l'air de vouloir se détacher de lui. Il avait fermé les yeux et ses larmes séchaient lentement au coin de ses cils.

― 𝘔𝘦𝘳𝘤𝘪, 𝘚𝘢𝘯... 𝘋'𝘢𝘤𝘤𝘦𝘱𝘵𝘦𝘳 𝘲𝘶𝘦 𝘫𝘦 𝘵𝘦 𝘱𝘳𝘦𝘯𝘯𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘮𝘦𝘴 𝘣𝘳𝘢𝘴.

Le jeune garçon ouvrit les yeux en grand et se releva dans un élan d'excitation.

― Wooyoung !? C'est toi qui viens de parler ?? Oh putain j'en reviens pas !! Tu viens de parler !! - lâcha San en sautant de joie, euphorique.

La voix de Wooyoung avait résonné tel un écho ambiant et enivrant. Elle était douce et ressemblait presque à celle d'un enfant.

― Tu sais que t'as la voix d'un ange !? Je crois que je vais mourir, Jung Wooyoung tu vas me tuer tellement t'es adorable !! Vas-y, redis quelques chose !

Évidemment, le fantôme resta silencieux mais l'extase de San ne redescendit pas pour autant.

― Allez, arrête d'être si timide !! Si t'as pas d'inspiration je peux t'aider, tu peux dire "Salut moi c'est Wooyoung" ! Oh non je sais, redis mon prénom ! C'était trop mignon ! C'est facile à prononcer en plus !

Le fantôme observait le jeune garçon et son âme souriait si fort que l'on aurait presque pu l'entendre échapper un rire attendri.

― Ou sinon tu peux dire "Ne pas entrer sous peine de représailles" ? J'adorerais l'entendre de ta voix, je suis sûr que c'est super drôle ! Je t'imagine trop le dire avec un air super sérieux sur le visage - rigola le jeune garçon avant de finir par se calmer, bercé par le silence qui régnait autour de lui. Bon, j'imagine que tu vas rien dire d'autre ?

Il fixa le vide pendant un instant, la tête dans ses pensées et l'air satisfait.

― C'est pas grave, c'était déjà largement suffisant. "Merci San, d'accepter que je te prenne dans mes bras"... - murmura-t-il en souriant, se remémorant les mots de son fantôme. Je m'en souviendrai toute ma vie de ça...

𝑪𝒐𝒏𝒄𝒍𝒖𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒖 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟕 :
Le journal n'est pas très réceptif.

Esprit ~ 𝒲𝑜𝑜𝓈𝒶𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant