𝑳𝒊𝒃𝒆́𝒓𝒆𝒓 𝒖𝒏 𝒇𝒂𝒏𝒕𝒐̂𝒎𝒆

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San continua sagement la lecture du saint journal de Wooyoung durant le reste de la matinée, oubliant presque qu'il était en train de sécher ses cours. Des dizaines et des dizaines de pages avaient été marquées à l'encre, retraçant les grisantes pensées de Wooyoung mais qui étaient passionnantes aux yeux de San. Elles lui permettaient de faire connaissance avec son fantôme.

D'après lui, ses parents étaient des enfoirés qui le rabaissaient parce qu'il n'était pas à leur goût. Pas assez viril, trop maigre, trop faible et trop agaçant. Et ses camarades de lycée étaient des cons, idiots et mauvais qui lui faisaient des remarques déplacées dès qu'ils en avaient l'occasion.

San pensa qu'il n'était pas plus entouré que Wooyoung mais que lui, au moins, personne ne venait le faire chier. Lire ces mots lui déchirait le cœur.

Il tourna la page qu'il était en train de feuilleter mais plus rien n'était écrit. Des pages blanches composaient le reste du journal. Aucun indice sur la mort du jeune garçon. Son dernier récit était ordinaire, similaire aux autres, comme si Wooyoung n'avait eu aucune idée que celui-ci allait être le dernier qu'il allait écrire.

― "03 Novembre 1999..." Que t'est-il arrivé, Wooyoung... - marmonna San, se parlant à lui-même.

Il referma le journal, pensif, puis il jeta un coup d'œil à sa montre.

― 12h37, mes parents vont pas tarder à partir au travail. Et moi, ça sert à rien que j'aille en cours maintenant. On retourne à la maison ?

Il referma le coffre en métal et le replaça sous les planches de bois sur le sol puis il prit le journal de Wooyoung sous son bras avant de sortir de la cabane.

― Cet endroit était ton refuge, hein ? On reviendra là de temps en temps si tu veux - annonça le jeune garçon en jetant un coup d'œil à sa frêle façade.

Puis il regarda autour de lui.

― Euh... Wooyoung...? C'est par où la maison ?

San suivit son instinct et retrouva son chemin assez rapidement. De retour chez lui, il feuilleta à nouveau le journal qu'il avait trouvé tout en avalant un repas rapide, installé à la table du salon.

Quand il eut fini de manger, San s'installa à l'ordinateur posté dans un coin de la pièce. Une fois celui-ci allumé, il alla sur internet et tapa le nom de Jung Wooyoung suivi de celui de la province dans laquelle il habitait. Et comme il s'y attendait, il vit s'afficher quelques articles à propos du garçon et de son sort tragique.

« Un lycéen de 17 ans décède des suites d'une bagarre. »

La gorge de San se noua et il entama la lecture de l'un des articles.

« Un élève du lycée de Gyeongsang entama une bagarre avec l'un de ses camarades de classe qui l'aurait provoqué. Après quelques bousculades, le garçon de 17 ans perd l'équilibre et percute le sol en prenant un coup sur la tête. Il décède quelques heures plus tard à l'hôpital d'une hémorragie cérébrale, le 05 novembre 1999. »

San serrait la mâchoire si fort qu'il aurait pu se briser une dent. L'article était suivi d'une photo du fameux garçon.

San resta immobile quelques instants en fixant son visage

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San resta immobile quelques instants en fixant son visage. C'était bien son Jung Wooyoung. C'était bien son fantôme.

― Alors c'était un accident causé par un de ces connards à ton école... Putain ça me fout la rage.

Il éteignit l'ordinateur et partit dans sa chambre, s'asseyant sur son lit les genoux ramenés contre lui. Il rumina quelques minutes avant de se calmer.

― Remarque, le point positif dans tout ça, c'est que ça nous a permis de nous rencontrer... Qu'est-ce que je raconte ? Désolé, c'était hyper égoïste... T'aurais pas dû mourir...

San se leva quand il remarqua Wooyoung se mettre à épeler un message sur le Ouija.

― "Positif. Amis."

San esquissa un sourire attendri.

― Alors tu regrettes pas ? T'es heureux parce que ça nous a permis de nous rencontrer ?

Toc.

― Haha, t'es vraiment adorable toi ! Attends, je sais ce que j'ai envie de faire !

San attrapa son Polaroid et se positionna au centre de sa chambre.

― Mets toi à côté de moi, on fait une photo ensemble ! Comme ça on grave notre amitié sur une pellicule - s'enthousiasma San en levant l'appareil devant lui le bras tendu. T'es prêt ?? Je compte sur toi pour me montrer ton plus beau sourire. 3, 2, 1...

Le jeune garçon sentit une chaleureuse aura entrelacer ses doigts et il appuya sur le déclencheur.

Clic.

Il se mit à rougir.

― Tu... T'as pris ma main ? - demanda-t-il avant d'attraper le film qui venait de sortir de l'appareil.

Il regardait avec attention les formes apparaître sur la pellicule. La silhouette de Wooyoung s'esquissait faiblement à côté de celle de San. On discernait sur son visage un sourire timide. Et sa main s'entrelaçait avec celle du jeune garçon.

― Trop mignon...

___

Le week-end arriva. San était maintenant capable de discerner la présence de son fantôme. Globalement, ce dernier restait à ses côtés chaque fois qu'il était seul à la maison. Et le jeune garçon ne ressentait plus sa présence quand il partait en cours.

Il s'était fait sacrément engueuler par ses parents quand ces derniers avaient appris qu'il avait séché les cours le mercredi. Alors il avait été puni le samedi, forcé à remettre en forme le jardin durant toute la journée. Il avait presque entendu son fantôme lui rire au nez, c'était pourtant de sa faute si San n'était pas allé au lycée ce jour là !

Il avait ensuite passé son dimanche après-midi dans la cabane de Wooyoung à bouquiner. Il s'y sentait bien, probablement parce que son fantôme y était à l'aise lui aussi. C'était un endroit calme, coupé du monde. C'était maintenant devenu leur repère à tous les deux.

― Salut Wooyoung ! - lâcha San en partant à l'école le lendemain.

― Wooyoung, chui rentré ! - dit-il en passant la porte de la maison à 17h30.

Le jeune garçon se prépara un bol de céréales et se cala dans le canapé.

― Tu viens regarder la télé avec moi mon pote ? - appela-t-il son fantôme.

Et San regarda une série avec son ami spectral jusqu'à 22h. Est-ce que Wooyoung regardait vraiment la télé ? Ça, le jeune garçon n'en savait rien, mais il était juste heureux de savoir qu'il n'était pas seul et que ses remarques n'allaient pas dans le vide.

― Tu sais, j'ai pensé à un truc aujourd'hui - dit-il finalement d'un air grave en éteignant le poste de télévision. Maintenant que je sais ce qui t'est arrivé, il faudrait que je t'aide à rejoindre le ciel. Même si j'adore t'avoir ici avec moi... C'est ce que j'avais convenu dans ma tête à la base : comprendre ce qui te retient ici puis te libérer. C'est pas bon pour toi de rester un fantôme pour l'éternité... Enfin j'imagine. Un esprit ne trouve pas la paix en restant sur Terre...

En dépit de son affection pour le fantôme, San était déterminé à briser les chaînes qui retenaient Wooyoung ici, et ça témoignait de sa grande maturité. Lui qui avait été pendant si longtemps un garçon solitaire et égoïste, il était devenu un ami dévoué, plein de compassion.

Le jeune garçon se leva du canapé et alla sur l'ordinateur du salon pour se rendre sur internet. Il tapa dans la barre de recherche : "Comment libérer un fantôme" et il ouvrit le premier blog sur lequel il tomba.

𝑪𝒐𝒏𝒄𝒍𝒖𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒖 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟖 :
Les fantômes regardent la télévision.

Esprit ~ 𝒲𝑜𝑜𝓈𝒶𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant