Le debut de la fin

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Je m'appelle Zeyna . J'ai 17ans. Avant que tout ne s'effondre, ma vie ressemblait à celle de beaucoup de filles de mon âge vivant en banlieue parisienne. Mon père, mon frère Zyed, et moi habitions dans une petite maison, loin d'être une maison luxueuse mais c'était chez nous.

La vie n'étais pas si simple, mais on avait trouvé notre rythme surtout après la mort de ma mère. Elle est partie il y a plus d'un ans, emportée par un cancer qui l'a rongée en quelques mois à peine. Après son départ, tout a changé. Mon père, c'était le genre de mec qui parlait pas beaucoup, mais quand il ouvrait la bouche, t'avais intérêt à l'écouter. Il bossait comme un fou pour qu'on manque de rien, même si c'était jamais facile. Il passait ses journées à bosser et ses soirées à s'occuper de nous, mais on voyait bien que ça le bouffait de l'intérieur. Zyed lui, mon frère, étais devenu encore plus chiant. On se parlait à peine, et quand on le faisait, c'était pour se prendre la tête.

Zyed, c'est le genre de gars qui se la joue dur. Il traine avec ses potes dans le quartier, toujours à se donner des airs. Il m'a jamais vraiment kiffer, et c'est réciproque. Il me regarde comme si j'étais une gamine qui comprend à rien à la vie. On vivait sur le même toit, mais on étais comme des étrangers, je crois qu'on s'est jamais vraiment compris, surtout après la mort de yemma. C'est comme si on vivait dans deux mondes différents, et le vieux essayait de faire tenir tout ça ensemble. Il parlait presque jamais de ce qu'il faisait, mais je savais qu'il n'étais pas sur la bonne voie. Il rentrait souvent avec son regard fuyant, parfois un bleu au coin de l'œil , et les questions étais souvent sans réponse. Mon père s'en inquiétais, je le voyais dans ses yeux, mais il ne disait rien, probablement trop fatigué pour engager un nouveau combat après celui qu'il avait perdu avec la maladie de ma mère, Allah y rahma.

Zyed, mon frère a 20 ans, il a hérité de notre père son teint mate et de notre mère ses yeux sombres perçant, Sa peau est légèrement hâlée, rappelant les origines de nos parents, un mélange de terre de Tunisie et du Maroc. Il a des traits marqués, une mâchoire carré qui accentue son air souvent renfermé. Ses cheveux noirs et épais, sont coupé court, presque rasé sur les côtés, avec une légère touffe laissées sur le dessus.

Tant qu'à moi, j'ai des cheveux bouclés qui m'a toujours donné un style un peu appart, j'ai des yeux marrons foncé, comme ceux de ma mère, on dit souvent qu'ils sont expressifs, qu'il captent tout ce qui se passe autour, même quand je parle pas. Ma peau, elle est matte, un peu dorée, elle raconte un peu d'où je viens. Je suis pas du genre bavarde, appart avec ceux qui compte pour moi.

Puis il y a ce jour, je m'en souviendrais toujours, C'était un jeudi , un jour comme les autres, mon père était parti tôt, comme d'habitude, je m'en souviens encore de son sourire fatigué, de ce regard pleins de courage qu'il me lançait chaque matin.

L'après midi, j'étais à la maison, entrain de révisait pour un contrôle de math , Le téléphone a sonné , brisant le silence pesant de la maison, Je ne m'attendais à rien de particulier en décrochant, peut être un spam comme d'habitude.

Moi : Allo ?
ai-je répondu, la voix distraite.

Mais ce n'était pas une pub. C'était la police. Leurs voix étais grave, trop grave. Il m'ont dit qu'il y avais eu un accident. Mon père, en rentrant du travail, avait été percuté par une voiture. Un collision frontale sur une route de campagne. On m'a dit que c'était instantané, qu'il n'avait pas souffert. Comme si cela pouvait adoucir le choc de la nouvelle.

Je me suis figé, incapable de comprendre ce qu'on venait de me dire. Mon esprit refusait de l'accepter. Je ne pouvais pas perdre encore une personne, pas après ma mère. C'était trop injuste, trop cruel.

Je suis resté là, comme une conne, incapable de parler. Les flics ont continué à parler, mais je captais plus rien, tout ce que je voyais c'était mon père toujours là pour nous, et maintenant plus rien.. Le reste de la journée est flou dans ma mémoire. Je me souviens d'avoir raccroché, d'être restée là, immobile, incapable de pleurer. Zyed est rentré peu après , et je lui ai annoncé la nouvelle d'une voix vide, sans émotion. Il a réagi différemment. Il a crié, il a frappé le mur de toutes ses forces, et puis il s'est enfermé dans sa chambre, en me laissant seule avec le silence et l'obscurité qui m'entouraient.

Les jours qui ont suivi sont flou dans ma tête. Entre les démarches pour l'enterrement, les voisins qui passaient pour dire « desolé » et les regards pleins de pitié, j'avais l'impression de marcher dans un cauchemar. Zyed et moi, on se parlait toujours pas, chacun enfermé dans son monde de douleur.

Nous étions seuls, perdus, sans plus aucun repère. Notre père était tout pour nous, même si on ne le s'était jamais dit, il représentait cette stabilité, ce pilier sur lequel je pouvais toujours compter. Et maintenant, il n'était plus là

Après l'enterrement, alors que le silence s'installait de nouveau dans la maison, c'est là que ma tante est arrivée. Elle est venue de bordeaux pour les funérailles et, dès qu'elle a franchi la porte, j'ai su que quelque chose allait changer. Elle m'a pris dans ses bras, mais je sentais qu'elle avait un truc lourd à dire.

Le lendemain de l'enterrement, elle m'a chopée dans le salon. Je voyais bien qu'elle voulait me parler d'un truc sérieux,
Ma tante : Zeyna faut qu'on cause »

qu'elle m'a dit en prenant ma main.
Je l'ai regardée, déjà stressée.

Moi: «  tu veux dire quoi? »

que je lui ai demandé, même si au fond je savais que ça allait être chaud.

Elle a soupiré, genre pour se préparer à balancer la nouvelle.
Ma tante : Écoute, avec tes grands-parents, on a décidé que le mieux pour toi, c'est de venir vivre avec eux à Marseille. Ici, son ton père.. ça va être trop galère, et Zyed est clairement pas en état de gérer tout ça.

Bam

Sous les Ombres du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant