L'ombre des couloirs

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C'était une fin d'après-midi comme tant d'autres au lycée. Les rayons du soleil de septembre s'étiraient paresseusement à travers les fenêtres des couloirs, projetant des ombres allongées sur le sol carrelé. La journée avait été particulièrement difficile pour Gabriel . Les murmures avaient été plus forts, les rires plus moqueurs, et le poids des regards semblait avoir doublé. Il n'avait qu'une hâte : quitter cet endroit, rentrer chez lui et se réfugier dans sa chambre.

Il descendait les escaliers menant à la sortie, son sac à dos suspendu négligemment à une épaule. Il pensait à la pile de devoirs qui l'attendait, cherchant à se distraire de ce sentiment d'oppression qui ne le quittait plus. Mais au détour du couloir menant à la sortie arrière, il aperçut un groupe de garçons. Ils étaient quatre, appuyés contre les casiers, et il les reconnut immédiatement, Le groupe qui lui faisaient vivre un enfer depuis qu'ils avaient su qu'il était gay.

Un frisson glacé parcourut son échine. Il envisagea de faire demi-tour, mais c'était déjà trop tard. Il avait croisé leurs regards, un sourire carnassier se dessinant sur leurs lèvres .Gabriel essaya de garder son calme, espérant qu'il pourrait passer sans encombre.

''Eh tafiole !'' lança un blond, sa voix résonnant dans le couloir désert.

Il s'arrêta, l'estomac noué par l'appréhension. Il aurait pu les ignorer, mais il savait que cela ne ferait qu'empirer les choses. Alors, il se tourna vers eux, forçant un sourire incertain.

''Quoi ?'' demanda-t-il, essayant de paraître désinvolte.

''Tu vas où comme ça, tapette ?'' railla le plus jeune du groupe en s'approchant.

Il sentit son cœur s'emballer, ses mains devenant moites. Il savait qu'il n'aurait jamais dû venir par ce chemin. Il aurait dû rester avec d'autres élèves, dans des endroits plus fréquentés, mais il était trop tard pour les regrets.

''Laissez-moi tranquille'', murmura-t-il en tentant de contourner le groupe.

Mais ils lui barèrent la route, leurs sourires disparaissant pour laisser place à un regard froid, calculateur.

''Pourquoi tu pars si vite, hein ? On voulait juste discuter. T'as pas envie de passer un peu de temps avec nous ?''

Les autres garçons éclatèrent de rire. Gabriel se tendit, sentant le danger imminent. Il tenta une nouvelle fois de se faufiler, mais un roux lui attrapa le bras avec une force inattendue.

''On dirait que t'as peur, pédé'', cracha-t-il, son visage soudainement cruel.

''Lâche-moi !''s'écria-t-il en essayant de se dégager, mais il ne bougea pas d'un pouce.

Le premier coup vint de nulle part, un coup de poing qui s'écrasa contre son ventre. La douleur explosa en lui, lui coupant le souffle. Il se plia en deux, cherchant à reprendre sa respiration, mais un deuxième coup, puis un troisième, le frappèrent avant qu'il ne puisse se protéger. Les autres garçons se mirent à rire plus fort, encouragés par sa faiblesse.

Il tituba, essayant de se redresser, mais un quatrième le saisit par les cheveux, tirant sa tête en arrière.

''T'as pas compris, hein ? On n'aime pas les tapettes ici.''

Puis, il le jeta brutalement au sol. Il sentit le carrelage froid contre son visage alors qu'il essayait désespérément de se relever, mais un coup de pied dans les côtes l'en empêcha. La douleur se propagea comme une onde de choc dans tout son corps. Il gémit, recroquevillé sur lui-même, essayant vainement de se protéger de la pluie de coups qui s'abattait sur lui.

Chaque coup était accompagné d'insultes, des mots venimeux qui s'enfonçaient dans sa chair autant que les coups eux-mêmes. ''Sale pédé'', ''dégénéré'', ''tu ferais mieux de crever''. Gabriel aurait voulu crier, appeler à l'aide, mais aucun son ne sortait de sa gorge nouée par la peur et la douleur.

Finalement, après ce qui sembla être une éternité, les coups cessèrent. Gabriel resta immobile, allongé sur le sol, le souffle court et saccadé. Ses oreilles bourdonnaient, et il sentait le goût métallique du sang dans sa bouche. Sa vision était floue, mais il pouvait encore entendre les rires moqueurs au-dessus de lui.

''La prochaine fois, sois sûr qu'on ne te voit plus ici, pédale'', cracha le blond en lui donnant un dernier coup de pied dans les côtes.

Puis, les garçons s'éloignèrent, leurs voix s'évanouissant dans le couloir. Gabriel resta là, seul, incapable de bouger. Chaque tentative pour se relever se soldait par une nouvelle vague de douleur. Il se sentait brisé, non seulement physiquement, mais aussi mentalement. Tout en lui hurlait de désespoir.

Après de longues minutes, il trouva enfin la force de se redresser sur ses genoux. Son corps tremblait, et il sentait des larmes de douleur et d'humiliation couler sur ses joues. Ses mains tâtonnèrent le sol jusqu'à trouver son sac, qu'il agrippa comme une bouée de sauvetage.

Il se traîna lentement vers la sortie, chaque pas lui coûtant un effort immense. Lorsqu'il atteignit enfin l'extérieur, l'air frais du soir lui coupa le souffle, mais il continua d'avancer, se dirigeant tant bien que mal vers chez lui.

Les rues étaient presque désertes, et personne ne sembla le remarquer. Il ne voulait pas être vu de toute façon. Tout ce qu'il voulait, c'était rentrer chez lui, se cacher, disparaître. Il ne savait pas comment il allait faire pour affronter le lendemain, ni même s'il en aurait la force.

Cette nuit-là, alors qu'il s'effondrait sur son lit, le corps meurtri et l'esprit brisé, Gabriel se laissa aller à un flot de larmes. Il pleura pour la douleur, pour la peur, et pour cette haine qu'il ne comprenait pas. Il pleura parce qu'il se sentait terriblement seul, piégé dans un monde où être soi-même semblait être un crime impardonnable.

Gabriel se réveilla trempé, il avait encore fait un cauchemar sur sa jeunesse. Malgré que ça se soit passé il y a 20 ans Gabriel ne pouvait pas oublier, il n'arrivait pas. Ce harcèlement qui avait mené à des heures et des heures de thérapie puis à une se faire interner dans un centre après qu'il ai essayé de s'enlever la vie à plusieurs reprises le hantait.

Mais Gabriel allait mieux, du moins c'est ce qu'il pensait...

C'était le milieu de la nuit et cette fin de soirée n'avait fait que réveiller les mauvais souvenirs. Malgré l'heure il se leva pour prendre sa douche et aller promener Volta ,de toute façon il n'arriverait plus à dormir.

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coucou ! voilà le chap 5
j'ai reçu de l'aide pour écrire ce chapitre c'était TRÈS dur à faire seule après dire.
je vous prépare une dinguerie pour la suite je sais pas encore dans quel chapitre.
bisous 💓

Sous les bureaux de la politique {bardellaxattal}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant