Vérités Cachées

Chapitre 19 : Décision

En ouvrant la porte de l'appartement, je sentis l'odeur familière qui m'accueillait habituellement comme une promesse de sécurité, mais ce matin-là, rien ne semblait normal. À peine avais-je franchi le seuil que Jenna se précipita vers moi, ses bras s'enroulant autour de mon corps fatigué. Son visage, éclairé d'un soulagement palpable, chercha mes lèvres pour un baiser, mais je reculai instinctivement, brisant ce moment d'intimité.

Elle me regarda, déconcertée, son sourire s'évanouissant peu à peu. "Tp, qu'est-ce qui c'est passer ? T'es blesser ?" demanda-t-elle, la panique perçant dans sa voix.

"Je suis juste fatiguée," répondis-je d'une voix faible, évitant son regard. "Je vais prendre une douche et me coucher, d'accord ? On parlera plus tard."

Mais je savais que cette excuse ne convainquait pas Jenna. Son regard exprimait des doutes, une inquiétude grandissante, tandis qu'elle me scrutait comme si elle pouvait lire à travers moi. À l'autre bout de la pièce, Louise observait la scène en silence, son visage impassible, mais je sentais qu'elle percevait quelque chose de sombre dans l'air. Ben, lui, n'était pas du genre à laisser les choses en suspens. Il s'approcha de moi, une étincelle de curiosité inquiète dans les yeux.

"Attends, Tp, qu'est-ce qui s'est passé ? Tu ne peux pas juste revenir comme ça sans nous dire quoi que ce soit." Sa voix était ferme, mais je n'avais ni la force ni l'envie de répondre.

"Pas maintenant, Ben," dis-je en évitant son regard, coupant court à toute autre question. Sans attendre une réponse, je me dirigeai vers la salle de bain, laissant derrière moi leurs regards lourds de questions non posées.

Sous la douche, l'eau chaude coula sur ma peau, mais ne parvint pas à laver la culpabilité qui me rongeait de l'intérieur. La scène de la nuit précédente me hantait encore, et chaque goutte d'eau semblait raviver la douleur de ces souvenirs.

Quand je sortis enfin de la salle de bain, je m'éclipsai rapidement vers ma chambre, fermant la porte derrière moi. Mais le silence n'était pas synonyme de répit. Quelques instants plus tard, Jenna frappa doucement à la porte et entra, son visage marqué par l'inquiétude. Elle voulait dormir avec moi, m'enlacer comme elle le faisait toujours, mais je voulais pas, pas maintenant...

"Je veux juste être avec toi," murmura-t-elle en se glissant dans le lit à côté de moi, essayant de m'attirer dans ses bras.

Mais je ne pouvais pas. L'idée de me blottir contre elle, de prétendre que tout allait bien, me rendait malade. Je me tournai sur le côté, m'éloignant d'elle, les yeux fermés pour contenir les larmes qui menaçaient de couler.

"Pas ce aujourd'hui, Jenna. J'ai besoin d'être seule." Ma voix se brisa légèrement, trahissant la lutte intérieure que je menais.

Jenna resta silencieuse et quitta la chambre. Mais je pouvais sentir sa peine, sa confusion. Elle ne comprenait pas, et je n'avais pas le courage de lui expliquer. Tout ce que je ressentais, c'était la culpabilité, l'impression déchirante de l'avoir trahie d'une manière que je ne pouvais même pas formuler.

Alors que je tentais de trouver le sommeil, la porte de ma chambre s'ouvrit doucement, laissant passer un mince filet de lumière. Louise entra à son tour, sa silhouette fine et silencieuse se dessinant dans la pénombre. Elle s'approcha du lit et s'assit sur le bord, ses mouvements mesurés, comme si elle craignait de me déranger davantage.

"Tp," murmura-t-elle doucement, "je sais que quelque chose ne va pas. Qu'est-ce qui s'est passé cette nuit ?"

Je restai silencieuse un moment, luttant contre l'envie de tout déverser, de lui raconter ce qui me hantait. Mais Louise avait ce regard, cette patience qui m'avait souvent fait craquer par le passé. Elle était celle qui avait toujours su me faire parler, même lorsque je pensais que je ne pouvais pas.