Chapitre 20 : Face à L'obscurité

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Je repris conscience lentement, une douleur sourde pulsant à l'arrière de ma tête. Le sol froid et dur contre ma joue me rappela brutalement où je me trouvais. L'entrepôt. Ce lieu sinistre qui avait vu tant de mes cauchemars se réaliser. Je clignai des yeux, tentant de dissiper la brume qui envahissait encore mon esprit. Le silence pesant de l'endroit n'était brisé que par le léger écho de mes mouvements.

Puis, je l'entendis. Des pas, lourds, inéluctables, résonnant contre le béton. Une peur viscérale m'envahit, me forçant à me redresser malgré la douleur. Je savais déjà qui c'était. Il serapprochais, son ombre se projetant devant toi, imposante et menaçante. Mon père.

Je me levai tant bien que mal, mon corps protestant à chaque mouvement. Mais la douleur physique n'était rien comparée à celle qui brûlait dans ma poitrine, cette colère refoulée depuis si longtemps. Quand il fut enfin à ma hauteur, je levai les yeux vers lui, une rage incontrôlable me consumant.

"Pourquoi ?" hurlais-je, la voix brisée par des années de souffrance et de ressentiment. "Pourquoi tu me fais subir tout ça depuis que je suis enfant ? Pourquoi tu me tortures, pourquoi tu m'obliges à vivre dans cet enfer ?"

Son visage resta impassible, son regard glacé plongeant dans le mien sans une once de pitié. Il était toujours le même, insensible, inébranlable. Mais cette fois, il y avait quelque chose de différent, une lueur cruelle qui dansait dans ses yeux. "Tu veux vraiment savoir, Tp ?" répondis-tu d'une voix froide, tranchante comme une lame. "C'est parce que c'est de ta faute si ta mère est morte."

Ces mots m'écrasèrent, coupant ma respiration. "Tu mens !" hurlai-je, mes poings se serrant involontairement. "Elle est morte d'un cancer ! Ce n'est pas de ma faute, tu le sais !"

Mais tu ne laissas pas mes protestations l'atteindre. Son expression devint encore plus dure, implacable. "Elle a attrapé ce cancer à cause de toi," crachas-il avec une froideur qui me glaça le sang. "À ta naissance, quelque chose s'est brisé en elle. Les médecins n'ont jamais compris, mais moi, je le savais. C'était toi, Tp. C'est toi qui as été la cause de sa maladie, de sa mort. Si tu n'avais jamais vu le jour, elle serait encore ici, avec moi."

Je secouai la tête frénétiquement, refusant d'accepter cette monstruosité. "Non... c'est impossible... Tu dis ça juste pour me faire mal !" Je sentais les larmes monter, incontrôlables, alors que ma voix se brisait sous le poids de l'émotion. "Tu n'as pas le droit de dire ça, elle t'aimait, elle m'aimait ! Elle n'aurait jamais voulu que tu penses ça !"

Il s'approcha encore, me surplombant de toute ta hauteur, son visage déformé par une colère sourde. "Tu crois que je mens, Tp ? Tu penses que je dis ça pour te torturer ? Tu es plus naïve que je ne le pensais. Ta naissance a été le début de la fin pour elle, et chaque jour après ça, c'était comme si elle mourait un peu plus à cause de toi. Je l'ai vue souffrir, et toi, tu grandissais, insouciante, sans savoir que tu la tuais à petit feu."

Mon corps tremblait sous le poids de ses accusations, chaque mot me frappant comme un coup de poignard. "Non... Tu mens, tu mens !" Je criai, désespérée, refusant de le laisser planter cette graine de culpabilité en moi. "C'est toi qui as toujours été absent, c'est toi qui as refusé de la voir souffrir ! Elle était malade, elle avait besoin de nous, et tu n'étais jamais là ! C'est toi qui as échoué, pas moi !"

Ces paroles sortirent avant que je puisse les retenir, et l'instant d'après, je regrettai de les avoir prononcées. Son visage se figea, sa colère se changeant en une rage froide, terrifiante. D'un geste brutal, il attrapas mon bras, me tirant vers lui avec une force qui m'arracha un cri de douleur. "Ne me parle pas sur ce ton, Tp," grondas-tu, sa voix vibrante de menace. "Tu ne sais rien, absolument rien de ce que ta mère et moi avons traversé à cause de toi."

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