Hunger Games - Le rêve de Megumi

Les adieux

Le maquillage que portait Megumi était accroché à son visage, fixé sur sa peau, ancré dans ses traits. Il resta longtemps sous la douche, à frotter son visage sous l'eau chaude qui tombait sur lui, mais ses lèvres restaient plus rouges que d'habitude, et ses cils étaient plus épais, plus noirs. À force de les frotter, ils se détachaient de ses paupières et tombaient sur ses joues, alors que ses lèvres gonflaient sous le passage de sa main. Peut-être que son maquillage était permanent, il ne pourrait pas partir avant un moment. Megumi avait beau frictionner son visage, il ne faisait rien d'autre que se faire mal. Il finit par s'accroupir dans la douche, il passa ses bras autour de ses jambes en tremblant de froid, et s'immobilisa un moment. Les gouttes martelaient son corps, la pression était forte et l'eau était trop chaude, elle laissait une marque rouge sur ses épaules et son dos, mais cela lui faisait du bien. Il avait besoin de ça pour se détendre, pour oublier la soirée qu'il venait de passer.

Il ne voulait plus jamais monter sur un plateau télévisé, ni faire quoi que ce soit devant un public. Il détestait cela, il ne supportait pas de parler en public, il ne supportait plus toute cette angoisse, et il ne supportait plus le Capitole. Leur rire, leurs costumes, leur maquillage, leurs paillettes... Il n'en pouvait plus. Heureusement que cette soirée était la dernière ici, car un jour de plus dans cette tour infernale tuerait Megumi. Il avait presque plus envie d'être dans l'arène que de rester ici...

Les interviews étaient terminées depuis un moment. Tous les tributs étaient retournés dans leurs appartements, Megumi avait terminé de dîner avec toute son équipe, Mei Mei leur avait même fait un discours d'au revoir. Leur dernière soirée au Capitole s'achevait. Les interviews s'étaient toutes plus ou moins bien passées. Le Capitole n'avait pas été surpris d'apprendre qu'Uraume n'était pas une femme, sûrement parce que de nombreuses personnes ici se travestissaient pour suivre les modes, alors ils devaient être ouverts aux questions de genres. Ryômen leur avait moins plu qu'Uraume, il fallait dire qu'il n'avait fait aucun effort pour s'attirer la sympathie du public, c'était plutôt le contraire. Il avait à peine répondu aux questions posées, il n'avait pas regardé le présentateur, et il s'était contenté de scruter le public d'un air désintéressé. Il avait tout de même accepté de dire qu'il n'avait pas de petite amie pour l'attendre chez lui... Les autres tributs s'en étaient mieux sortis, mais Mai, Yuji, Choso, et Nobara semblaient être les favoris du public. Ils devaient déjà avoir plusieurs sponsors.

C'était une bonne chose pour eux, ils pourraient obtenir de l'aide dans l'arène. Enfin, Megumi n'en avait pas grand-chose à faire, il était trop épuisé et stressé pour se réjouir de leur popularité ou de s'en désoler. Il resta longtemps sous la douche, le regard perdu dans le vide, les genoux serrés contre sa poitrine. Il ne sortit que quand il remarqua que de la buée remplissait la salle de bain et que l'air était de moins en moins respirable. L'air était étouffant et la température de la pièce était montée, et pourtant, Megumi était gelé. Il avait du mal à bouger, ses articulations glacées peinaient à se mettre en marche, et son corps bougeait de manière désarticulée. Il avait tant de mal à se mettre en mouvement qu'il ne chercha pas à rester plus longtemps dans la salle de bain, et ne prit pas la peine de se sécher les cheveux.

Lorsqu'il sortit de la salle de bain, il vit que Satoru était là, assis dans son lit, avec la couette sur ses jambes et son oreiller dans son dos, comme s'il s'apprêtait à dormir. Megumi n'était pas surpris de le voir ici, il se doutait qu'il viendrait le voir ce soir, car c'était la dernière nuit qu'il passait ici. C'était peut-être les dernières heures qu'il passait avec Satoru à tout jamais.

— Je t'attendais, dit Satoru en le voyant arriver. Tu vas te coucher ?

— Hmm. Je dois essayer de dormir, dit Megumi sans conviction.