Chapitre 6 | Détermination sans faille

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Le lendemain matin, Yuna se tenait devant la porte de l'appartement de Nigel, le cœur battant à tout rompre. Elle n'avait quasiment pas dormie de la nuit, trop préocupée par l'émotion qu'avait volé l'homme qu'elle était venue voir. Ou bien était-ce parce qu'elle était surexcitée à l'idée de connaître quelqu'un avec le même pouvoir qu'elle ? Elle ne le savait pas très bien.

Elle prit une grande inspiration et frappa timidement la porte à trois reprises. Il ne fallut pas longtemps avant qu'un Nigel en chemise bleu clair et un chino beige ne lui ouvre la porte.

– Bonjour, je ne suis pas int- (il se coupa un instant, regardant Yuna de haut en bas avec des yeux ronds) Qu'est-ce que tu fais là ?! Comment tu as trouvée mon adresse ?!

Yuna se forçait à garder un air impassible, les yeux rivés sur les cheveux humides et légèrement décoiffés de Nigel.

– Oh ça et bien... ça n'a pas vraiment d'importance, dit-elle d'une voix tremblante, tu DOIS rendre son émotion à ton amie !

– Ce n'est rien d'autre qu'une collègue et je ne lui dois rien ! Son père est mon patron. S'il apprend que je lui ai brisé le cœur, il me virera à coup sûr.

– Ah c'est donc ça, s'exclama Yuna, tu n'es qu'un égoïste ! Tu retires des choses aux gens pour ton propre intérêt.

– Oui, c'est comme ça que marche les choses. Être gentil c'est le meilleur moyen de finir au fond du trou. Regarde comme je me porte bien, en ne pensant qu'à moi.

Nigel montrait sa tenue de travail propre et parfaitement repassée, mais Yuna ne vit que ses cernes, sa barbe mal rasée et son appartement privé de toute décoration. Elle songea à une remarque cinglante, mais Nigel ne lui en laissa pas le temps. Il la poussa délicatement sur le côté pour fermer sa porte à clé et traverser le couloir.

– Où est-ce que tu vas comme ça ?

-À mon travail. Tu n'en as pas toi ? demanda Nigel sur un ton méprisant.

Yuna baissa les yeux, les joues rosées. Quand elle posa à nouveau son regard sur le couloir, Nigel n'était plus là. Mais s'il partait, la femme du bar n'aurait toujours pas son émotion. Sans perdre plus de temps, elle courut vers la sortie de l'immeuble en dévalant les escaliers. Elle aperçut Nigel en train d'ouvrir sa portière au trottoir d'en face et s'empressa de le rejoindre.

– Je rêve, rugit-il, tu veux m'harceler encore combien de temps ?

– Jusqu'à ce que tu me promettes de rendre l'amour à Laly !

Nigel était déjà en train de rentrer dans sa voiture mais Yuna se hâta de se mettre à la place de derrière tant qu'il n'avait pas encore fermé le véhicule.

– Tu... tu es complètement folle ! gronda Nigel, perdant lentement tout son sang-froid.

Il allait pour faire sortir Yuna, mais il posa ses yeux sur l'heure affichée à l'écran de son ordinateur de bord et émit un cri de stupeur en comprenant qu'il allait être en retard.

– Très bien... reste dans ma voiture si tu veux. Tu as de la chance, vraiment. Mais je te préviens, ce soir je porte plainte.

– Fais comme tu veux, je fais comme je l'entends aussi. dit calmement Yuna

Le trajet se fit dans le silence le plus total, Nigel ne prit même pas la peine d'allumer la radio. Ses mains étaient serrés sur le volant comme si son cœur allait s'arrêter dès qu'il le lâcherait, mais Yuna ne remarquait rien de la tension quasi palpable dans le véhicule. Au lieu de ça, elle avait la tête tournée vers la fenêtre pour regarder les bâtiments défiler devant ses yeux, apercevant sur la route le Moulin Rouge, le plus grand cabaret de Paris. Elle n'y était jamais rentrée, mais le faux moulin orné de ses lumières l'amusait toujours lorsqu'elle passait devant.

Le monde après toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant