Chapitre 7 | Incompatibles

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Assise à la table d'un petit café, Yuna ne pouvait s'empêcher de tapoter le sol de ses deux pieds. Pour la première fois, un homme l'avait invitée à prendre un café. C'était peut-être un détail insignifiant pour certains, mais pour elle, c'était vivre une scène de film, faire comme tous ceux qu'elle enviait lorsqu'elle marchait dans les rues de Paris. Son regard se perdait sur les murs où de vieilles affiches de cinéma étaient posées, la décoration volontairement vintage faisait chavirer le cœur de Yuna et elle se sentait soudain transportée dans une autre époque, comme une héroïne de film en noir et blanc.

Nigel, assis en face d'elle, ne ressemblait pas au héros qui ferait tout pour charmer sa belle, à coup de gros bouquets de fleurs et de discours romantiques en plein milieu de la rue de Montmartre. Il fixait le menu avec une concentration intense, comme si choisir entre un café crème et un expresso était une question de vie ou de mort. Ses traits étaient crispés, sa mâchoire serrée, comme s'il se forçait à ne pas perdre de vue l'objectif de cette rencontre.

Yuna, les joues légèrement rosées d'excitation, soufflait déjà sur son chocolat chaud, ne comprenant pas comment l'homme de la table d'à côté avait pu boire son café brûlant dès qu'il avait été déposé sur la table par le serveur.

– Ce café est charmant, n'est-ce pas ? dit-elle, tentant de briser le silence.

Nigel releva à peine les yeux de son menu, haussant les épaules.

– C'est... correct.

Yuna étouffa un rire, amusée par le contraste entre son enthousiasme et l'attitude stoïque de Nigel.

– Tu sais, c'est la première fois qu'un homme m'invite à prendre un café. Ça me fait un peu me sentir comme dans une comédie romantique.

Nigel soupira, reposant le menu sur la table.

– Yuna, on est ici pour parler de Laly, il n'y a rien de plus. Nous ne nous connaissons pas.

Yuna fit une moue légèrement déçue, mais n'abandonna pas son sourire.

– Oui, bien sûr... Mais un peu de légèreté ne ferait pas de mal, tu ne crois pas ?

Nigel la regarda un instant, son expression toujours aussi impassible. Il sembla chercher ses mots, comme s'il hésitait entre lui rappeler la gravité de la situation et céder à l'atmosphère détendue du café. Finalement, il opta pour la première option.

– La légèreté n'a jamais résolu quoi que ce soit, Yuna. Ce qu'on a à faire est sérieux, et je ne peux pas me permettre de le prendre à la légère.

Yuna fronça légèrement les sourcils, son sourire s'effaçant un peu.

– Je rêve ! Il y a encore deux heures, tu me disais que tu te fichais de tout ça. Tu m'assurais que c'était mieux ainsi et qu'il fallait penser à ses propres intérêts. Ton changement d'attitude est très suspect tu sais ? On ne me la fait pas à moi.

Nigel regarda ailleurs un instant, croisant les bras.

– J'ai... mes raisons. Mes intérêts ont changés de direction.

– Et tu vas me faire croire que en moins d'une journée, tu es passé d'un égoïste à un homme plein d'empathie et prêt à aider son prochain ?

– Bon écoute, répliqua-t-il dans un soupir, je ne me mêle pas de tes intentions, tu ne te mêle pas des miennes, c'est clair ? Si dans un élan j'ai décidé de réparer mes actions, ça me regarde tu comprends ?

Yuna se redressa sur sa chaise, un mélange de curiosité et de défiance dans le regard. Elle n'était pas dupe, elle sentait bien que quelque chose clochait. Mais elle comprenait aussi qu'insister pourrait briser ce fil ténu qui les maintenait dans cette conversation, alors elle décida de jouer le jeu, pour l'instant.

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