Chapitre 11 : L'obscurité de l'inconnu

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Dans les ténèbres les plus profondes, l'espoir est la seule lueur qui peut guider nos pas vers la lumière.


Cela faisait quelques jours que nous étions à San Diego, logées dans une petite auberge modeste en bordure de la ville, loin des hôtels de luxe et des plages touristiques. L'auberge, nichée au sommet d'une colline, offrait une vue magnifique sur la mer, même sous le ciel gris qui ne semblait jamais vouloir se dégager. Les fenêtres étaient souvent embuées à cause de l'humidité persistante, et une fine brume enveloppait les collines chaque matin, créant une ambiance presque mystique.

Nous n'étions pas là pour des vacances. Nos parents avaient vu dans ce voyage une opportunité de nous engager dans une cause humanitaire avant les vacances de Noël, espérant que cela nous aiderait à nous changer les idées. Chaque jour, nous étions occupées à des tâches différentes : distribution de repas aux sans-abri, ateliers avec des enfants défavorisés, nettoyage de plages jonchées de déchets. Ce travail devait me permettre de me vider l'esprit, de trouver une forme de rédemption. Pourtant, même l'épuisement physique n'arrivait pas à effacer le visage d'Eden de mon esprit.

Le ciel restait couvert, et l'air était frais, coupant. C'était comme si le monde extérieur reflétait mon état intérieur. Une semaine s'était écoulée sans la moindre nouvelle d'Eden. Pas un message, pas un appel. Il avait vraiment disparu, m'abandonnant à ma douleur, à mes interrogations. M'avait-il oubliée aussi facilement ? M'avait-il laissée là, pour morte, comme une page qu'on tourne ?

La petite auberge, bien que chaleureuse avec ses boiseries et son poêle à bois crépitant, n'arrivait pas à apaiser mon cœur tourmenté. Angie s'efforçait de m'occuper l'esprit, de me distraire.

— Regarde, Noleen, il y a une fête de quartier ce soir ! Ça pourrait être sympa d'y aller, non ? Mais même ses encouragements ne parvenaient pas à me sortir de cette léthargie émotionnelle. Je sentais qu'elle s'inquiétait, qu'elle ne savait plus comment m'aider.

Ce soir-là, après une longue journée à servir des repas chauds à des familles dans le besoin, Angie insista pour que nous allions à la fête de quartier organisée par la communauté locale.

— Ça pourrait nous changer les idées, dit-elle avec un sourire, essayant de me convaincre. À contrecœur, j'acceptai.

La fête se tenait sur une petite place bordée de stands colorés sous un ciel menaçant. Des guirlandes lumineuses clignotaient, et une musique douce flottait dans l'air. Les enfants couraient partout, riant, tandis que les adultes dansaient ou discutaient autour de braseros pour se réchauffer. Pour un instant, je réussis presque à oublier ma douleur, à me laisser porter par l'énergie joyeuse qui m'entourait.

Angie s'éclipsa pour aller chercher des boissons chaudes, et je me retrouvai seule au milieu de la foule. J'inspirai profondément, laissant l'air frais emplir mes poumons. Peut-être que j'allais enfin pouvoir aller de l'avant, me reconstruire.

Soudain, mon cœur se figea. À travers la brume de l'hiver et les silhouettes floues des danseurs, j'aperçus une figure familière. Mon souffle se coupa, et mon estomac se noua en une boule de nerfs. Eden. Il se tenait là, à quelques mètres seulement, son visage partiellement éclairé par les lumières vacillantes.

Impossible. Je clignai des yeux, croyant à une hallucination. Depuis des jours, je croyais le voir partout, seulement pour me rendre compte que ce n'était que mon imagination qui me jouait des tours. Mais cette fois, c'était réel. Il était là, devant moi, sa silhouette découpée contre l'arrière-plan de la fête.

Mon cœur battait à tout rompre. Pourquoi était-il ici ? Comment m'avait-il trouvée ? Je restai figée, incapable de bouger, tandis que mille pensées tourbillonnaient dans ma tête.

Unveiled : Shadow of the PastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant