12 | Cage

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À mon réveil je constate qu'il est presque midi et que Monsieur s'est déjà levé.

Je me lève et récupère mes vêtements d'hier pour m'habiller. Lorsque j'arrive dans le salon je n'aperçois personne. Dans la cuisine cependant il y a un petit mot avec des tartines et une tasse de lait.

Je n'ai malheureusement rien d'autre à te proposer au petit déjeuner, j'espère que ça te suffira. Si tu me cherches je serai soit au garage, soit à la salle de jeux.

C'est mignon, mais je n'ai bizarrement pas faim pour l'instant.
Je n'ai jamais visité son garage, ce serait l'occasion. Je m'y rend donc mais il est aussi vide que possible, hormis quelques outils qui traînent.
Je descends donc à la cave - la fameuse "salle de jeux" - et constate qu'il est bien là à monter une grande cage.
Une CAGE ?!

« - Bonjour Monsieur. »

Il se retourne et me sourit avant de me montrer avec fierté l'objet le plus inavouable de mes fantasmes, et que pourtant je lui ai confié dès le premier jour.

« - Ça te plaît ?

- Oui.

- Oui qui ?

- Oui Monsieur.

- Approche. »

Je n'ose pas et pourtant je n'ai pas le choix. Je m'avance donc et pose mes doigts sur la cage.

« - Tu te rappelle quand tu m'as expliqué que t'aimerais essayer cet objet ?

- Oui Monsieur.

- Tu m'as dit qu'il y avait autre chose, un "et..." que tu n'as jamais complété, me répondant qu'il était trop tôt pour en parler. Tu penses pouvoir me le dire aujourd'hui ? »

Je respire un bon coup ne sachant pas si je suis vraiment prête à cela ou pas. C'est quelque chose de tellement spécial et inimaginable pour moi. Et pourtant c'est ce qui m'excite le plus rien que d'y penser. Même la vision de Cerise qui me fait un cunni ne pourrait pas me donner autant de plaisir que de me retrouver dans la situation à laquelle je pense et que je n'arrive pas à avouer.

« - C'est difficile pour moi, je n'en ai jamais parlé à personne et c'est assez... Particulier.

- Je ne t'oblige en rien Ophélie, si tu n'es pas prête ce n'est pas grave. Et puis même si tu ne veux pas le tenter avec moi, tu es libre de le faire plus tard, avec une autre personne. »

Je sais qu'il a raison mais je ne m'imagine pas faire ça avec quelqu'un d'autre, en tout cas pas pour une première fois. Je veux essayer avec lui, je me sens si bien et en confiance, je n'ai pas envie d'attendre encore des années. Juste ce ne sera pas pour aujourd'hui, c'est tout.

« - Je veux vous en parler, mais pas maintenant.

- D'accord. »

J'aperçois du coin de l'œil un petit sourire se dessiner sur son visage.
Pour une fois que je flatte son égo, je ne vais pas faire de blague, ce serait l'achever et de mon côté je recevrai une sale punition. Non merci !

~

Une fois de retour à la cuisine, je constate qu'elle n'a pas touché à son repas. Je mange donc les morceaux de pain tartinés de confiture à la cerise à sa place. Ou bien peut-être qu'elle n'aime la cerise qu'en sirop ? Tant pis, ça en fera plus pour moi.

Je la raccompagne ensuite chez elle avant de passer chez Léandre.

« - Salut Coralie, ça va ?

- Oui très bien, entre. Léandre est dans la salle de bain à s'occuper du petit. »

Et quelques secondes après il fait son apparition, Camille dans les bras. Ce morveux qui chiale apparemment nuit et jour pour un rien.
"Il a juste peur de beaucoup de choses" m'avait expliqué Coralie. N'empêche qu'en tant que parent cela doit être dur à supporter.

Et en effet, lorsque le petit me voit il se met à pleurer.

« - Ce n'est pourtant pas la première fois que je te vois bonhomme.

- Il lui faut du temps pour s'habituer.

- En attendant on ne va pas le forcer. Passe-le moi, je vais me poser avec lui dans le jardin. »

Je me retrouve seul avec mon ami qui s'excuse comme si c'était de sa faute.
De toute façon, les enfants et moi ça fait deux, ça a toujours été ainsi.

On discute ensuite de tout et rien jusqu'à en venir à des sujets plus importants. Il me parle de sa vie de couple, des hauts et des bas, et me pose des questions sur ma relation avec son amie Ophélie.

« - C'est la première fois que tu es aussi attentionné avec quelqu'un. J'espère qu'elle ne le prend pas mal car si tu fais ça à cause de ses jambes elle...

- Non non, enfin... Je ne crois pas que ce soit de la pitié ou que sais-je. En dehors de ce qui se voit j'ai l'impression qu'au fond elle est très fragile aussi mais ne le montre pas. Et puis je tiens beaucoup à mon rôle de guide, je veux bien faire.

- En prenant autant ton temps ? C'est rare.

- Avec elle je n'ai pas l'impression de perdre du temps, au contraire, je le prends. Je prends mon temps et j'adore ça et je crois qu'elle aime bien aussi.

- En effet, elle aime que certaines choses ne se déroulent pas trop vite. »

Alors je fais les choses comme il faut ? Tant mieux. Je n'ai pas l'habitude de former des débutant.e.s mais apparemment j'y arrive plutôt bien, en tout cas avec Ophélie.

« - Tu sais... Je pense que tu n'as pas besoin de ménager autant Ophélie, certes prendre son temps c'est bien, pour elle comme pour toi. Mais elle n'est pas en sucre Léo.

- Je sais mais je ne peux pas m'empêcher de prendre autant soin d'elle. J'aurais aimé qu'à sa place quelqu'un le fasse pour moi.

- T'as l'impression de te voir à travers elle ?

- D'une certaine manière oui... C'est débile, n'est-ce pas ?

- Non, vous avez chacun vos complexes. La seule différence c'est que, elle, ne connaît pas les tiens. »

En effet mais je ne sais pas si j'aurai un jour le courage de me confier. Et puis surtout je ne vois pas en quelle occasion j'en aurai besoin.

« - Et sinon t'as des nouvelles de Cass' ? »

Cass'... Voilà des semaines que je n'ai pas appelé Cassandra par son surnom. Cela me fait bizarre.

« - C'est un sujet qui fâche ? Excuse-moi. »

Je ne lui ai pas parlé des circonstances de la rupture de notre contrat. Souvent c'est d'un commun accord et parfois on reste en contact, mes soumis.es et moi.

« - Je t'avoue que je n'ai pas très envie d'en parler, ne le prends pas mal.

- Non non ne t'inquiètes pas, ce n'est pas grave. »

Nous continuons à discuter un peu puis je rentre chez moi, ou plutôt à mon futur ancien chez moi puisque c'est en vente.

Je reçois un message de Cassandra que je ne lis pas, je décide même de bloquer son numéro et de le supprimer en espérant que cela lui servira de leçon.

Et puis je suis officiellement en vacances, je vais pouvoir consacrer assez de temps à la rénovation de ma nouvelle maison mais aussi me reposer un minimum.
Je n'ai pas envie qu'elle vienne gâcher mon bonheur, car oui en ce moment je suis vraiment heureux, tout va pour le mieux et je n'ai pour l'instant pas envie que ça s'arrête avec Ophélie.
J'aurais dû bloquer Cassandra dès le début, j'ai été bien trop gentil avec elle.

Domine-moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant