Ses doigts entrent ensuite en moi et sa tête se pose dans le creux de mon cou.
« - J'ai envie de toi... J'ai envie de te prendre là.
- Allez-y Monsieur, je n'attends que ça...
- Mais je ne peux pas. »
Il s'arrête d'un coup mais ne bouge pas. Son souffle saccadé s'abat sur mon cou puis ses lèvres s'entrouvrent pour déposer un simple baiser sur ma peau.
« - Tu me rends fou.
- Pas assez apparemment. »
Y a des moments dans la vie où il faut apprendre à se taire ma belle.
« - Si tu savais à quel point je prends sur moi, c'est si difficile.
- Mais pourquoi ?! Pourquoi vous priver ? Je ne suis pas assez à votre goût ? »
Il se redresse alors rapidement pour positionner sa tête en face de la mienne. Il semble en colère et j'ai peur, peur de l'avoir vexé ou énervé sans savoir pourquoi il le serait.
« - Je t'interdis de dire ça. Tu ne te rends pas compte à quel point ce que tu dis est faux.
- Mais alors... Pourquoi vous ne voulez pas de moi ? »
Avec la fatigue, mes nerfs craquent et je me mets à pleurer comme une gamine. Il me détache et m'aide à sortir de la cage.
Nous restons un moment assis sur le sol contre un mur, dans les bras de l'autre.
« - Ce n'est pas que je ne veux pas Ophélie, c'est que je ne peux pas... Je ne peux pas te donner du plaisir ainsi.
- Je ne comprends pas... »
Il inspire un bon coup, comme si c'était la chose la plus difficile qu'il avait à confier.
« - Je ne peux pas donner autant de plaisir avec mon sexe qu'avec n'importe quelle autre pratique. »
Un long silence s'installe où je me pose un tas de questions, ne comprenant pas exactement pourquoi il est aussi catégorique. Ça se travaille ça, comme le cunnilingus où il est si doué, non ?
« - Pourquoi ? Vous avez... Un p'tit sexe ? »
J'ai dit ça sur le ton de l'humour, souhaitant détendre l'atmosphère mais son silence affirme sans nul doute ma pauvre question.
Et alors un fou rire me prend, inexplicable et tellement gênant. Mais je tente de vite me reprendre, ne voulant pas lui faire de mal, ce n'est clairement pas mon intention même si la situation est ambiguë.
« - Je vous promets Monsieur que je ne me moque pas, vraiment. Seulement je ne comprends pas en quoi c'est un problème !
- Pourtant... »
Je continue malgré moi à rire et à m'excuser, la fatigue et les émotions accumulées n'arrangent rien de mon état. Et pourtant je suis terrifiée à l'idée qu'il croit que je me moque.
Je tente de lui faire comprendre que c'est un rire nerveux, qu'effectivement il n'y a rien de drôle à la situation, puis la peur prend le dessus et je finis par pleurer de peur, de tristesse, et non plus de rire.
Lorsqu'il le remarque, il se met à son tour à rire, qualifiant mon comportement d'"invraisemblable", de "complètement aléatoire".
Je tente de lui expliquer ma crainte qu'il me rejette en pensant que je me moquais de lui alors que pas du tout puis ses mains prirent mon visage pour le positionner en face du sien avant de m'afficher un sourire sincère.
« - Comment peux-tu croire que je vais te rejeter alors que c'est moi qui me confesse sur un sujet tabou qui m'a voulu toutes les moqueries de la Terre et que tu es la seule personne à trouver ma peur si irrationnelle que tu en ris ? Comment pourrais-je rejeter la seule soumise qui ne pars pas en courant après une telle déclaration ? C'est juste impossible ma belle. »
Ses mots me touchent et pourtant je ne sais que dire... Mais j'ai tellement de questions !
« - La... seule ?
- Disons... La seule depuis un bon moment oui. »
C'est tellement horrible, ça me rend triste pour lui. Mes larmes continuent de couler et il les essuies.
« - Mais pourquoi tu pleures encore ?
- Ça me fait mal de savoir que vous avez souffert.
- Ça me touche mais... S'il te plaît, ne te mets pas dans un état pareil. Je vais bien en ce moment, c'est le principal.
- Oui, vous avez raison, je crois que je suis juste fatiguée, ou alors puisque j'ai bientôt mes règles mes émotions redoublent d'intensité, ou les deux... »
Il me sourit puis me reprends dans ses bras mais je m'en veux car c'est lui qui devrait être réconforté, pas moi.
D'ailleurs je n'y pense que maintenant mais c'est la première fois que je me montre aussi fragile et vulnérable face à lui sans réfléchir. D'habitude j'essaie d'être forte mais là, je ne sais pas ce qui se passe, toutes mes émotions ont besoin de s'exprimer. Malheureusement le timing n'est pas le bon... Normalement on parlait de lui, pas de moi.
« - Est-ce que... Vous souhaitez en parler ?
- Je ne sais pas. »
~
Bordel ! Évidemment que j'ai envie de lui en parler, de tout lui dire sur ma vie, de discuter pendant des heures et même ensuite d'en apprendre plus sur elle... Mais je ne suis peut-être pas prêt pour l'instant à tout lui dire.
Déjà elle ne s'est pas moquée, même si j'y ai vraiment cru au début mais sa panique dans son regard ensuite m'a confirmé le contraire.
Pour une fois que ses émotions s'expriment avant qu'elle ne tente de les réprimer... Je ne voulais pas gâcher ça. J'ai toujours senti sa fragilité mais la voir vraiment m'a attendri plus que jamais, surtout en sachant que c'est en parti l'aveu de mon mal être qui l'a rendu si sensible. Ça me touche, mais je ne veux pas la rendre malheureuse pour autant.
Je l'aide à se rhabiller avant de la porter pour monter les escaliers. Une envie, comme ça.
Nous allons dans ma chambre et je m'allonge à ses côtés en attendant qu'elle sèche complètement ses larmes. Lorsque j'ai le sentiment qu'elle s'endort enfin, je me redresse pour quitter la chambre et aller dormir dans le canapé mais son bras me retient.
Les yeux fermés, la voix basse, presque endormie, elle me supplie de rester.
Je ne peux alors pas lutter, moi aussi j'ai tant envie de dormir avec elle. Je me déshabille, ne gardant que mon sous-vêtement, puis me faufile sous les draps. Ophélie se colle d'elle-même contre mon torse qu'elle trouve toujours chaud puis s'endort enfin. Je ne tarde pas non plus, bercé par sa respiration dont le souffle chaud s'abat sur ma peau nu, me faisant sourire comme un idiot.
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Domine-moi...
Romantizm"Ce qu'on appelle le bonheur, c'est sa propre capacité d'aimer la vie." - Jean Royer - ~ Ophélie est très jeune lorsqu'elle subit un tragique accident qui la rend handicapée à vie. Contrainte de trouver un autre travail et de continuer à vivre dans...
