Chapitre 26

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Kiara

Je sursaute et me retourne pour voir Zaira, sa chevelure attachée en une queue de cheval haute, son sourire aussi perfide que du venin de serpent. Zaira a toujours eu une animosité à peine voilée envers Lorenzo. Elle est l’incarnation de la rivalité interne qui déchire cette famille.

— Bonjour, Zaira. Que fais-tu ici ? Lorenzo interdit tout accès à son aile, dis-je, essayant de maintenir un ton neutre.

— Je me fous de ce qu'il dit, réplique-t-elle. Je suis celle qui devrait être aux commandes, pas lui. Lorenzo n'est que le fils bâtard de mon père tandis que je suis sa fille légitime.

Son ressentiment est palpable. Zaira a toujours cru qu’elle méritait une plus grande part du pouvoir familial. Elle se considère comme la véritable héritière de l'empire Cavallaro, et son ambition n’a jamais faibli.

— Mon père pense que je ne suis pas à la hauteur simplement parce que je suis une femme. Mais à cause de sa décision de mettre ce bâtard en tête, mon cher petit frère est maintenant en prison et ridiculisé.

Elle rit, mais je sens une frustration bouillonnante sous son ton moqueur.

— Lorenzo n'a rien à voir là-dedans, n'est-ce pas ? Pourquoi serait-ce de sa faute ? dis-je avec un sourire narquois, jouant le rôle de l’innocente observatrice.

Zaira me dévisage, ses yeux se rétrécissant comme si elle sondait l’horizon pour discerner un mensonge caché dans mes paroles.

— Je sais que c'est lui qui a fait ça, gronde-t-elle. Il n'a jamais supporté notre frère, et tout ce qu'il a toujours voulu, c'est le mettre hors d'état de nuire.

Mon sourire s'accentue, un rictus que je ne peux dissimuler. C'est comme une douce mélodie à mes oreilles. Zaira semble croire que Lorenzo a orchestré la chute de Valentino. En réalité, Lorenzo n’a jamais eu d’affection pour son demi-frère, mais de ce que je sais, sans la trahison de Valentino, il n'aurait jamais pris le risque de l'éliminer. Lorenzo comprend trop bien que cela pourrait créer des tensions insoutenables au sein de la famille.

En fait, c'est plutôt à cause de moi que Valentino est en prison à l'heure qu'il est. Mais si Zaira pense que c'est Lorenzo qui en est responsable, c'est encore mieux. Ce malentendu joue en ma faveur, un rouage de plus dans la mécanique complexe que j'ai mise en place pour détruire Lorenzo.

Je me réjouis intérieurement, sachant que cette rivalité entre frère et sœur va me servir d’une manière que ni Lorenzo ni Zaira ne pourraient anticiper. La méfiance et la rancœur qu'elle ressent pour son frère sont des armes que je suis prête à exploiter sans vergogne.

— Quoi qu’il en soit, murmuré-je, Lorenzo est de toute évidence une force à ne pas sous-estimer. Mais dis-moi, pourquoi tu me parles si ouvertement de ça alors que je suis la femme de ton frère ? Tu n'as pas peur que je risque de lui révéler que tu prévois de le faire tomber ?

Zaira arbore un sourire narquois, ses yeux étincelant d'une lueur conspiratrice.

— Tu es sa femme, certes, mais je suis au courant de ce qu'il t'a fait, dit-elle, son ton aussi doux qu’un serpent sifflant. C'était vraiment... odieux de sa part. Je te plains, ma pauvre.

Mon expression se fige un instant, mais je m’efforce de garder mon calme. Mon harcèlement au lycée devait rester confidentiel après que je l'ai quitté. Personne ne devait savoir. Pourtant, Zaira semble avoir creusé profondément, dévoilant des secrets que je croyais bien enfouis.

— Et donc ? dis-je, mon regard rivé sur elle, tentant de masquer l'agitation intérieure qui menace de s'emparer de moi.

— Eh bien, si j'avais été à ta place, je serais en colère, dans une rage folle même. Être mariée à une personne qui m'a tant fait souffrir... C'est vraiment affreux. Tu n'as pas envie de te venger ? demande-t-elle, son sourire s'élargissant, comme une invitation à partager un pacte tacite contre un ennemi commun.

Je m'esclaffe, une réaction plus défensive que véritablement amusée. Si elle savait à quel point j'ai préparé ma vengeance depuis des années, elle ne poserait pas cette question. Mais il est préférable qu'elle reste dans l'ignorance.

— C'est du passé, tout ça. C'était il y a plus de dix ans. Les temps changent et il faut aller de l'avant, dis-je d’un ton détaché, feignant une indifférence que je ne ressens pas vraiment.

Zaira plisse les yeux, cherchant à déceler la vérité derrière mes mots.

— Mais tu ne penses pas que Lorenzo puisse jouer avec toi aujourd'hui comme il l'a fait auparavant ?

Sa question est une provocation, un test pour sonder mes véritables intentions. Je fais mine de réfléchir, me donnant un air de femme qui a tourné la page. Mais à l'intérieur, je suis une mer déchaînée, chaque souvenir douloureux me rappelant pourquoi je suis ici et ce que je dois accomplir.

— Peut-être. Mais il n'est plus le même homme, tout comme je ne suis plus la même fille.

Zaira ne recule pas.

— Tu sais où me trouver si tu changes d'avis, dit-elle finalement, sa voix sucrée et dangereuse.

Puis elle tourne les talons, disparaissant dans le couloir avec une grâce féline.

* * * *

Lorsque j'atteins l'extérieur, je trouve Nico appuyé contre sa voiture, l’air pensif. En me voyant approcher, son visage s’éclaire d’un sourire soulagé.

— Tu es conne, tu le sais ça ?

Je lève les yeux au ciel, me sentant un peu coupable.

— Tu vas encore m'en vouloir pendant combien de temps ? répliqué-je en montant dans la Range Rover.

— Aussi longtemps qu'il le faudra pour que tu comprennes que tu as merdé en couchant avec lui, dit-il en suivant mes mouvements, fermant la porte derrière lui avec une certaine vigueur.

Je soupire en m'installant sur le siège passager, passant une main dans mes cheveux ébouriffés.

— Les gardes aux portails ont été redoublés, dit-il en démarrant le moteur, son ton grave.

— Lorenzo a renforcé la sécurité depuis que je me suis “ échappée ”, donc maintenant, impossible pour moi de sortir, admet-je en regardant par la fenêtre.

Nico soupire profondément, son regard se durcissant en entendant mes mots.

— Donc on ne peut pas sortir. Je comprends maintenant pourquoi tu ne portes que ton peignoir, dit-il avec une touche d'ironie.

Je lui lance un regard amusé avant de changer de sujet.

— C'est quoi cette bonne nouvelle que tu voulais me dire ?

Nico me regarde avec une lueur d'excitation dans les yeux.

— Valentino a reçu un appel en prison. Son avocat est venu lui rendre visite.

— C'est celui de la famille ?

— Non. Mais d'après notre informateur sur place, l'avocat lui aurait fait passer un appel. Mouse a réussi à le tracer.

— Alors il s'agit de la personne qui tire les ficelles ?

— Exact.

Il se penche ensuite vers moi, son souffle chaud effleurant mon oreille alors qu'il murmure le nom de la personne en question. À l'entendre, mon sourire s'élargit instantanément.

— Je m'y attendais un peu, dis-je, satisfaite.

Nico redresse la tête, satisfait de voir que mon humeur s’améliore.

— On passe à la vitesse supérieure alors ?

— Oui. Appelle Maksim, il est temps.

— Ça va être hyper génial !

Fatal Union [ Dark Romance ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant