Chapitre 51

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Lorenzo

Je prends un énième verre, le liquide brûlant descendant lentement dans ma gorge, quand soudain, une main vient se poser doucement sur la mienne. Un frisson traverse tout mon corps, me paralysant sur place.

— Tu es encore en train de boire comme un trou.

Je relève lentement la tête, l’estomac noué et le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Elle est là. Kiara. Ses traits sont aussi doux que dans mes souvenirs, et son regard est empli d’une compassion qui me fige.

Pendant un instant, j’ai l’illusion qu’elle est vraiment devant moi, tangible, réelle.

— Tu ne crois pas que tu devrais arrêter ? reprend-elle d’une voix douce, presque apaisante.

Je cligne des yeux, troublé, le verre toujours à la main. Mon esprit me joue des tours, encore. Elle n’est pas là. Elle ne peut pas l’être. Je le sais.

Pourtant, chaque détail d’elle semble si vrai : son parfum, sa silhouette, ce regard perçant que je ne peux jamais oublier.

— J’en ai besoin.

À ces mots, son expression change brusquement. Le sourire tendre et compatissant se tord, se transforme en quelque chose de plus sombre, de plus cruel.

Ses lèvres esquissent un rictus presque diabolique, et une lueur froide traverse ses yeux. Elle semble se délecter de ma faiblesse, de ma chute.

— Et tu crois que ça va enlever la douleur ?

Sa voix est plus acerbe maintenant, presque moqueuse.

— Tu crois que ça va tout effacer ?

Elle s’approche davantage, ses yeux brillants de colère contenue, me clouant sur place. Chaque mot est un coup de poignard, mais je ne peux pas détourner le regard.

Je suis pris au piège, contraint de faire face à cette version d’elle que je redoute le plus.

— Tu as creusé ta propre tombe, Lorenzo, siffle-t-elle, sa voix glissant dans l’air comme du poison.

Je serre les poings jusqu’à en blanchir les jointures, luttant contre l’envie de hurler, de me convaincre que ce n’est pas réel. Mais cette fois, tout semble tellement plus vrai.

C’est comme si l’univers entier s’acharnait à me rappeler ce que j’ai perdu, à me punir pour mes péchés.

— Tu veux vraiment te cacher derrière cette bouteille ?

Elle s’arrête juste devant moi, son souffle glacial contre ma peau, chaque mot enfonçant un peu plus la lame dans ma chair.

— C’est plus facile, n’est-ce pas ? Fermer les yeux, boire pour oublier ce que tu as fait… à moi, à nous.

Je sens mon souffle se couper, mon corps trembler sous l’impact de ses mots. Elle a raison. C’est ce que j’ai toujours fait : fuir. Me noyer dans l’alcool, espérant que la douleur disparaisse, que les souvenirs s’effacent.

— Tu as fait de moi ce que je suis. Une personne impitoyable, sans cœur, sans morale, poursuit-elle, ses yeux devenant des puits de ténèbres.

Je secoue la tête, désespéré, tentant de chasser ces pensées, ces vérités insupportables.

— Non… ce n’était pas ce que je voulais…

— Ce que tu voulais ?

Elle rit, un son strident, amer.

— Tu ne t’es jamais demandé ce que je voulais, Lorenzo. Tu m’as transformée en quelque chose de pire que ce que tu pourrais imaginer. Tu m’as poussée à abandonner chaque parcelle d’humanité, à devenir ce monstre sans âme que tu vois.

Fatal Union [ Dark Romance ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant