Se déplaçant doucement, comme s'il appréhendait sa propre respiration, Eijiro observait tout ce qui l'entourait avec une angoisse grandissante. Il ne se sentait vraiment pas bien. Pas bien du tout. Au bout de quelques mètres dans cette allée principale, il prit une profonde inspiration et pivota sur lui-même, jetant un œil en arrière pour se donner le courage de supplier son pote de le laisser rentrer chez lui et qu'il oublie sa première tentative de cœur sur la main avec sa personne. Il était un cas désespéré. Il devait le laisser avec sa peur, tant pis pour lui.
Mais en basculant, ses pupilles écarlates glissant sur le sol jusqu'au portail du cimetière, ses yeux s'écarquillèrent de surprise et il avala son propre gémissement.
Denki n'était plus là ! Il était parti ! Il l'avait laissé tout seul dans sa merde !
Cette réalisation d'être complètement seul, alors qu'il faisait de plus en plus sombre le terrifia et il tourna doucement sur lui-même, en quête d'un visage, n'importe qui, même un inconnu... Mais il était seul, entouré de tout ce qu'il détestait et il évita de regarder les stèles alors qu'il sentait un sanglot monter dans sa gorge et ses yeux s'humidifier sous l'émotion et la panique croissante.
Etant désespérément solitaire avec lui-même, Eijiro sentit d'un coup une émotion plus forte que cette inquiétude qui lui grignotait l'estomac et ferma brusquement les paupières, inspirant profondément par le nez, puis expirant. Il refit ce mouvement par deux fois, sentant le besoin de se calmer lui-même, de se rassurer. Dans sa tête, il tentait de voir quelques points positifs, même s'il en doutait dans le fait d'être laisser ici, à l'abandon. Mais pour ne pas paniquer plus que nécessaire alors qu'il devait survivre à une nuit entière, il tenta de se dire que tout allait bien se passer... Que ça allait.
Qu'il pouvait respirer et ouvrir de nouveau les yeux.
Qu'enfin, tout irait.
Alors, prenant son courage d'une poigne de fer – quelque peu tremblotante -, son regard parcouru une nouvelle fois l'horizon et il mit de côté ses sentiments grandissant d'inquiétude et d'abandon, se battant pour ne pas déguerpir en courant. Ses doigts compressés les uns aux autres dans ses poches, il sentait ses ongles pénétrer doucement sa paume, se sentant étrangement rassuré par cette douleur. Enfin, lorsqu'il se sentit prêt, sa basket frôla les dalles dans une foulée et il emboita son propre pas. Se motivant comme il le pu.
L'unique chose qui était certain pour lui, à cet instant, était qu'il ne pouvait pas rester en plein milieu du chemin, quand bien même il était totalement seul.
Il devait se trouver un endroit où il pourrait rester la nuit et ainsi s'installer pour plusieurs heures, n'aillant nullement l'envie de visiter ce lieu comme un touriste. Il lui fallait tout simplement une zone ou il se sentirait à l'aise.
Et il releva la tête, se déplaçant, faisant abstractions des pierres trop nombreuses et de l'atmosphère suffocante qui l'étreignait. Marchant sur les dalles, suivant le cheminement entre les arbres, il arriva bientôt sous un mastodonte tout en hauteur et redressa furtivement la nuque lorsqu'un halo de lumière vint l'éclairer. Sous le réverbère qui venait tout juste de s'allumer, il se sentit rassuré, comme réchauffer soudainement par la chaleur du soleil et eut quelques pensées pour Denki. Le remerciant sans grand entrain.
S'il avait finalement accepté ce petit jeu de la part du blond, s'il s'était laissé convaincre, c'était grâce à ceci. La lumière. Son meilleur ami avait réussi à le 'motivé' en lui parlant de ce lieu éclairé toute la nuit, passant devant très souvent les soirs après la faculté ou après des soirées trop arrosées au bar. Il était vrai que Denki n'habitait pas si loin que cela... « Tu n'auras qu'à suivre les lampadaires » qu'il lui avait dit. Et il s'était laissé endoctriner par ses belles paroles.
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Dans ton ombre. [MHA - KiriDeku] (Halloween 2024)
FanfictionEijiro se souviendrait toute sa vie de cette nuit-là... Cette fameuse nuit. Il se rappellerait à jamais ces douze heures et de ce stupide gage donné par ses amis. De sa crainte de se retrouver seul, de son angoisse grandissante et soudainement, de c...