Prologue

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Assise à l'arrière de la voiture, je sentais mon cœur battre la chamade dans ma poitrine, chaque pulsation résonnant comme un tambour dans le silence oppressant de la nuit. Les sirènes de la police retentissaient derrière nous, leur bruit strident se mêlant au vrombissement du moteur, créant une cacophonie terrifiante. Mon frère, concentré et déterminé, conduisait à toute vitesse, ses mains crispées sur le volant, ses yeux scrutant la route à travers les faisceaux lumineux des phares. La voiture dévalait les routes sinueuses, ses pneus crissant et dérapant sur le goudron mouillé, tandis que la pluie battante intensifiait notre désespoir.

Je jetai un coup d'œil anxieux par la fenêtre arrière, observant les lumières clignotantes des véhicules de police qui se rapprochaient dangereusement. Les ombres des arbres défilant à une vitesse effrayante semblaient se tordre et se déformer, comme si la forêt elle-même nous poursuivait. Mon frère se tourna rapidement pour me lancer un regard à la fois rassurant et plein de tension, ses traits tirés par l'effort et le stress. Son sourire était un maigre réconfort, déformé par une anxiété palpable.

Soudain, un grondement sourd et un choc violent secouèrent la voiture. Tout devint flou et noir autour de moi. Le bruit des sirènes, qui avait été omniprésent, se transforma en une mélodie lugubre alors qu'elles semblaient se rapprocher encore plus, envahissant chaque recoin de la voiture. Je sentis une main ferme me saisir, me tirant hors du véhicule. En ouvrant les yeux, je vis mon frère dans un état de panique désespérée. Il m'extrayait de la voiture avec une urgence frénétique. Le véhicule, dévié de sa trajectoire, avait terminé sa course dans un fossé profond, les roues encore en l'air, les phares brisés projetant des éclats de lumière sur les arbres environnants.

Le souffle court et les jambes tremblantes, nous nous enfonçâmes dans la forêt dense et obscure. Les branches craquaient sous nos pieds tandis que nous avancions à travers la végétation touffue, les ombres des arbres se mêlant aux ténèbres de la nuit. Chaque bruit semblait amplifié dans ce silence angoissant : le souffle de la forêt, les bruits de la faune nocturne, et le sifflement du vent à travers les branches. Nous pouvions encore entendre les sirènes de police au loin, mais leur son semblait se diluer dans la distance, laissant place à une tranquillité inquiétante.

Mon frère, le visage marqué par l'inquiétude et la peur, se tourna vers moi. Ses yeux d'un bleu océanique, les mêmes que les miens, reflétaient une anxiété profonde. Dans la faible lueur de la lune, ses traits semblaient fatigués, chaque ligne de son visage accentuée par la lumière vacillante. Il me supplia de partir, sa voix tremblante. Il m'expliqua que la situation était devenue trop périlleuse et que rester à ses côtés serait une erreur fatale. Chaque mot résonnait avec une intensité croissante dans mon esprit, comme une condamnation.

Je refusais catégoriquement de le laisser. Malgré les dangers imminents, je restais fermement à ses côtés, déterminée à ne pas abandonner celui qui avait toujours été mon protecteur. Ses protestations étaient vaines contre ma volonté obstinée.

Alors que je m'éloignais lentement, mes pas hésitants résonnant sur le sol forestier, la panique commençait à envahir chaque fibre de mon être. L'obscurité de la forêt semblait s'épaissir, les arbres devenant des silhouettes menaçantes dans le noir complet. Je me perdais dans cette immensité, chaque bruit inconnu me faisant sursauter. Les arbres se tordaient et se déformaient dans le clair-obscur, leur silhouette sinistre projetant des ombres inquiétantes sur le sol.

Un bruit soudain, comme un coup de tonnerre, fit écho à travers la forêt. Une détonation, suivie d'un silence glacial. Mon cœur se serra instantanément, le sentiment de terreur se manifestant avec une intensité effrayante. L'angoisse me submergea alors que je me retournais en direction de l'origine du bruit. Mon corps était paralysé par la peur alors que je scrutais l'obscurité.

Lorsque je découvris ce qui se passait, un cri muet d'horreur s'étrangla dans ma gorge. Mon frère était étendu sur le sol, sans aucune once de vie. Ses yeux étaient ouverts, fixant le vide avec une expression figée de surprise et de douleur. Une balle était logée dans son front, et sa bouche était ouverte dans un ultime cri silencieux. Le choc et la tristesse m'envahirent alors que je réalisais l'ampleur de la tragédie. Mon frère, celui qui m'avait protégée et soutenue, était maintenant un cadavre froid et sans vie dans la forêt sombre.

Les larmes coulaient sur mes joues tandis que la terreur me poussait à fuir encore plus loin. La forêt semblait se refermer sur moi, chaque ombre, chaque bruit devenant une menace imminente. Je ne savais pas où aller, ni chez qui me réfugier. Chaque bruit, chaque mouvement dans la forêt semblait menaçant. Mon esprit était un tourbillon de confusion et de désespoir alors que je me lançais dans la nuit, courant à travers les arbres, cherchant désespérément un endroit où me cacher, un refuge où je pourrais échapper à cette nuit infernale.


Dark GrudgeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant