48.

10 3 0
                                    

Elle était assise là, au bord du lit, en chemise de nuit blanche. Ses longs cheveux clairs tombaient sur ses épaules. Les pâles rayons lunaires caressaient son visage laiteux, lui donnant un air presque fantomatique.

Elle l'attendait. Seuls les battements de son cœur brisaient ce silence nocturne, trahissant son appréhension.

Lorsqu'elle entendit qu'on approchait de la porte, elle se leva et offrit à son époux un de ses doux sourires habituels qu'elle s'efforça de rendre sincère. À cette vue, la poitrine d'Henri s'alourdit. Il se saisit doucement de sa main et lui demanda les yeux dans les siens :

— Est-ce que... Votre mère vous a dit ce qu'il devait se passer cette nuit ?

Le regard fuyant, elle bredouilla, paniquée :

— Elle m'a dit que... J'étais vôtre et ne devais pas vous opposer une quelconque résistance, je dois avouer que...

Il posa une main sur sa joue de porcelaine et lui murmura :

— N'ayez crainte. Je ne ferai rien qui puisse vous choquer, rien que vous ne souhaitez pas. Rien ne nous oblige à nous précipiter.

Elle acquiesça, rassurée par la voix d'Henri. Il la prit dans ses bras, et ainsi contre lui, les paupières closes, elle se sentit doucement sourire. Elle lui rendit son étreinte.

Lorsqu'il se sépara d'elle, il approcha son visage tout en cherchant son approbation dans son regard. L'ayant obtenue, il embrassa tendrement ces lèvres qu'il était le premier à pouvoir goûter.

* * *

Il se réveilla tôt aux côtés de ce corps endormi, l'esprit embrumé, les rayons matinaux du soleil l'ayant assailli au travers des persiennes. Lentement, sans faire de bruit, il entreprit de se lever. Il s'apprêtait à quitter la chambre qu'une petite voix le retint :

— Henri ?

Elle entrouvrit les paupières.

— Rendormez-vous très chère, il est encore tôt et la soirée d'hier a été longue, elle a dû vous épuiser.

— Et vous ?

— Moi ?

— Vous n'êtes pas fatigué ?

Il secoua la tête, étirant un léger sourire qu'il espérait convaincant. Elle sortit son bras du lit pour lui attraper son poignet.

— Merci Henri, murmura-t-elle.

De quoi pouvait-elle le remercier ? De la laisser dormir ? D'avoir passé la nuit avec elle ? De l'avoir épousée ? Elle le lâcha, referma ses paupières, et avec elles l'espoir d'obtenir une réponse à ses questions intérieures. Là, comme apaisée, elle se rendormit, affichant toujours ce léger sourire qu'elle ne semblait pas même quitter dans son sommeil.

Il buvait son café en robe de chambre dans l'immense salon aux lambris dorés lorsqu'elle le rejoignit, deux heures après, coiffée et habillée en tenue d'intérieur. On s'empressa de lui apporter son petit-déjeuner pendant qu'Henri lui demanda :

— Avez-vous bien dormi ?

— Très bien, merci. Et vous ?

Elle s'assit à table avec un sourire aux lèvres pendant qu'Henri mentit en hochant la tête. Ses pensées avaient été confuses et l'avaient troublé dans son sommeil, il avait essayé d'éloigner en vain l'image de Gabrielle au regard presque apeuré lorsqu'il avait découvert qu'elle avait ôté son émeraude.

Toutefois, ce matin c'était un tout autre sujet qui le préoccupait. Ils avaient prévu de passer les prochains jours dans sa Normandie natale et si Laurine avait gracieusement accepté, Henri doutait, elle devait ignorer à quoi s'attendre.

Gabrielle (romance historique)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant