Chapitre 6 : La Libération du Prisonnier

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Pendant ce temps, Rukik suit de près les gobelins qui transportent le corps inerte de Barnille vers le charnier. Il reste dans l'ombre, se fondant dans les murs de pierre froide et humide de la Tour d'Ursaris, ses pas silencieux comme un spectre. Les gobelins, bavards et insouciants, ne se doutent de rien, leur attention fixée sur le "cadavre" qu'ils transportent. Une fois arrivés au charnier, ils déposent le corps sur un tas de débris et se dispersent rapidement, grognant des ordres et échangeant des plaisanteries macabres.

Dès que les gobelins quittent les lieux, Rukik s'approche et dissimule soigneusement le corps du prisonnier parmi les ombres, couvrant partiellement Barnille avec des débris et des morceaux de toile, de sorte que personne ne le remarquerait en passant. Il se glisse ensuite dans un coin sombre, attendant mon arrivée avec une patience calculée.

Je sors du bureau de Zulvar, les documents compromettants soigneusement dissimulés sur moi, et me dirige rapidement vers le charnier. Mes pas sont légers, et je reste attentive à tout bruit suspect dans les couloirs. Arrivée près du charnier, je murmure doucement : « Rukik, es-tu là ? » Une silhouette émerge de l'ombre, Rukik se désinvisibilise et me montre le corps du prisonnier, toujours dissimulé.

Je m'approche et murmure quelques mots pour réveiller Barnille. Ses yeux s'ouvrent lentement, encore engourdi par le sort. Je lui glisse une lettre de compte rendu rapidement rédigée, expliquant tout ce qui s'est passé et les intentions de Zulvar pour le gouvernement d'Estalia. Je redeviens invisible aussitôt, sachant que je dois retourner dans mes quartiers sans attirer l'attention.

Rukik, toujours prêt, utilise sa magie pour rendre Barnille invisible. Seul, il ressort du charnier, prenant soin d'afficher un air détendu pour ne pas éveiller les soupçons. Il se dirige vers la porte ouest, le prisonnier invisible marchant juste derrière lui, en silence.

À la porte ouest, Blank est déjà sur place. Pour éloigner tout soupçon, il feint une violente dispute avec Krugg, sa voix résonnant dans l'air glacial de la nuit, couvrant toute conversation secrète. Krugg joue parfaitement le jeu, se faisant passer pour un subordonné incompétent que Blank sermonne pour une erreur imaginaire. Les quelques gardes présents jettent un coup d'œil distrait, mais ne se doutent de rien.

Rukik atteint enfin l'extérieur, et, malgré la présence de plusieurs gardes aux alentours, aucun ne semble prêter attention à leur passage. Il garde son pas régulier, son expression impassible. La nuit est froide, et l'air est chargé de tension, mais tout se déroule comme prévu.

À la lisière de la forêt, Rukik aperçoit l'équipe d'extraction, masquée par l'obscurité et prête à accueillir le prisonnier. Barnille se désinvisibilise, réapparaissant aux yeux des Estaliens, et tend la lettre que j'ai rédigée, un document détaillant toute la trahison de Zulvar et les complots qu'il fomente.

La cheffe de l'expédition, une femme aux yeux perçants et au visage marqué par des années de lutte, prend la lettre et l'examine brièvement avant d'hocher la tête avec un sourire discret. « Vous avez tenu parole, » dit-elle d'une voix basse mais ferme. « Vous serez tous dédommagés, comme convenu. »

Rukik acquiesce, satisfait. Une étape cruciale a été franchie. Tandis que le groupe d'extraction repart avec le prisonnier en sécurité, il sait que nous venons de frapper un grand coup contre Zulvar et ses ambitions. La nuit est encore loin d'être finie, mais la plus grosse partie de notre plan a réussi.

Les Ombres de la Tour d'UrsarisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant