Premier Grain de Sable

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Sébastien. Bastien. Basti. À force de raccourcir toujours son nom, il ne savait plus trop qui il était. Mais c'était qu'une excuse. Au fond, il avait jamais su.

Basti aimait se dire qu'il était un grain de sable. Tout seul, tout pareil mais tout différent des autres. Un grain de sable balloté par la marée. Un putain de grain de sable. Ouais. Un grain de sable qui collait au cul et qui partait pas même sous la douche, parce qu'une fois collé, une fois qu'il avait trouvé un cul tout pâle où s'établir, bah il voulait plus retourner au milieu des autres grains de sable. Basti il attendait juste son cul à lui.

Ironique quand le sien, de cul, de vrai cul, était posé dans le sable. Mieux posé pour mieux creuser, se disait toujours Basti quand il commençait à sentir le sable lui coller aux miches.

Il savait pas pourquoi il faisait des sculptures qui ne resteraient pas. Il avait jamais su, mais il l'avait toujours fait. Et aujourd'hui, il sculptait un trou où enterrer une méduse échouée, trouvée plus loin sur le sable. Le sable infini.

Le trou creusé, sculpté, comme disait Basti, quand il voulait se la péter. Le trou prêt, donc, Basti il partit chercher sa méduse. C'est marrant, les méduses, avait-il pensé sur le moment. Ça gigote, porté par la marée, les méduses.

Et là il vit, le premier petit mot, en lettres majuscules, sculptées dans le sable comme son trou, à côté d'un château de sable qui commençait à s'effondrer.

NE PAS NOURRIR LES CHÂTEAUX DE SABLE.

NE PAS NOURRIR LES CHÂTEAUX DE SABLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant