Chapitre 4

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Sous l'ombre apaisante du grand arbre à palabres, Baba Afolabi fit une pause, observant les visages des enfants et des adultes qui l'entouraient. Le crépuscule teintait le ciel de nuances pourpres, créant une ambiance propice aux récits empreints de sagesse et de douleur. Les enfants, blottis contre leurs aînés, étaient suspendus aux lèvres du vieil homme. Quant aux adultes, ils restaient silencieux, leurs visages graves, conscients de la gravité de l’histoire.

« Mes enfants, » reprit Baba Afolabi après un moment, sa voix résonnant avec la profondeur de ses années, « l’histoire d’Oluwakèmy n’est pas seulement une histoire de souffrance, mais aussi de tentatives désespérées de liberté. Chaque fois qu’elle cherchait à fuir, c’était une petite lueur d’espoir qui brisait les ténèbres de son existence. Mais ces lueurs étaient souvent éteintes par la cruauté de son destin. »

Il regarda autour de lui, s’assurant que tout le monde était bien attentif, puis il continua.

« La première fois qu’Oluwakèmy tenta de s’échapper, elle avait à peine dix ans. La nuit était tombée, et la maison de Mâ Fumilayo était plongée dans le silence. Les enfants dormaient profondément, fatigués de leurs jeux cruels, et Mâ Fumilayo elle-même s’était assoupie dans son fauteuil. Oluwakèmy, épuisée par une journée de labeur sans fin, savait que c’était peut-être sa seule chance. Elle se glissa hors de la maison, ses pieds nus effleurant le sol froid. Le village était silencieux, seul le chant des grillons brisait la tranquillité de la nuit. »

Baba Afolabi s’arrêta un instant, observant les visages tendus des enfants.

« Elle marcha, » reprit-il, « longtemps, très longtemps, ses petits pieds la conduisant à travers des sentiers qu’elle connaissait à peine. Mais à mesure qu’elle avançait, le poids de la fatigue se faisait plus lourd. Elle ne savait pas où aller, ni comment échapper à cette vie qui la maintenait enchaînée. Le destin, cruel et impitoyable, veillait sur elle. Le coq ne chanta pas encore, mais un voisin, qui rentrait tard, la vit errer sur le chemin, et, reconnaissant la petite esclave de Mâ Fumilayo, la ramena de force. »

Les enfants laissèrent échapper des soupirs d’indignation, tandis que les adultes hochaient la tête, murmurant entre eux sur la dureté de la vie à l’époque.

« Lorsque Mâ Fumilayo apprit la tentative d’évasion, » poursuivit Baba Afolabi, « sa colère fut terrible. Elle attacha Oluwakèmy à un arbre, sous le soleil brûlant, sans eau, sans nourriture. Les heures passaient, et la chaleur devenait insupportable. Mais Oluwakèmy resta silencieuse, ses lèvres scellées par une fierté que même la souffrance ne pouvait briser. Ce soir-là, elle fut détachée, non sans avoir reçu des coups de fouet qui marquèrent son dos de cicatrices indélébiles. »

Baba Afolabi baissa la tête, ses yeux voilés de tristesse.

« Les tentatives d’évasion devinrent pour elle un espoir secret, » dit-il, sa voix à peine audible, « une flamme vacillante dans l’obscurité de son existence. Chaque fois, elle attendait le bon moment, espérant que cette fois serait la bonne. Mais chaque fois, elle était rattrapée. »

Un murmure d’approbation traversa l’assemblée des adultes, certains partageant des regards lourds de compréhension.

« Un soir, » reprit Baba Afolabi, « alors qu’un orage grondait au loin, Oluwakèmy se faufila à nouveau hors de la maison. La pluie avait rendu les chemins glissants, et le tonnerre masquait le bruit de ses pas. Elle courut, aussi vite que ses jambes pouvaient la porter, jusqu’à atteindre la lisière de la forêt. Elle se cacha sous un grand arbre, espérant que la tempête la protégerait, que Mâ Fumilayo ne la chercherait pas en pleine nuit. »

Il s’interrompit, regardant un des hommes assis non loin.

« Yao, toi qui es chasseur, » dit-il en pointant du doigt un homme trapu au visage marqué par les années, « tu sais combien la forêt peut être traîtresse, n’est-ce pas ? »

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 30, 2024 ⏰

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Le dernière soupir d'une âme brisée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant