Shattered

CHAPITRE 7

Damian

Appartement 22, Manhattan
31 novembre 2003.

Je me tiens droit devant lui, mais j'ai du mal à soutenir son regard.
Son regard glacial me transperce, chaque mot qu'il prononce semble peser des tonnes.

Il ne parle pas fort, mais sa voix est tranchante, autoritaire.

– Écoute bien, parce que je ne me répéterai pas. Dit-il sans une once de sympathie.

Tu suis ce plan à la lettre. Pas de détour, pas d'improvisation. Chaque mouvement est calculé. Tu vas entrer par la porte de service à vingt-trois heures précises. Tu ne fais confiance à personne, si quelqu'un te parle, tu l'ignores. Ton seul objectif, c'est de récupérer le dossier. Tout le reste est secondaire.

Je hoche la tête, mais il n'en a rien à faire.

Il continue, comme si ma vie ne valait rien à ses yeux, comme si je n'étais qu'un pion qu'il pourrait sacrifier sans hésiter.

– Si tu échoues. Ajoute-t-il, je sens une pointe de menace dans sa voix. C'est fini pour toi. Et pas seulement pour toi, c'est elles qui en paieront le prix.

Il me montre une photo sur son téléphone, et mon coeur se serre.
Elles, celles que je dois protéger.

Je sens la panique monter, mais je n'ai pas le droit d'échouer.

– Tu sais ce que tu as à faire. Alors fais le. Il me tourne le dos, signe que la discussion est terminée.

Je le regarde s'éloigner, mon esprit en ébullition.

Le plan est clair, les risques énormes, mais je n'ai pas le choix.
Si je veux les sauver, je dois réussir, il n'y a pas d'autres alternatives à ça.

Je reste figé un instant, la gorge serrée, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur.

Ce que je m'apprête à faire me terrifie, mais je ne peux pas laisser la peur me paralyser.

Pas maintenant.

Je vérifie une dernière fois les détails du plan dans ma tête.
Chaque étape, chaque mouvement a été répété, mais la réalité est toujours différente.

Il y a tellement de choses qui pourraient mal tourner, tellement de variables que je ne peux pas contrôler, mais je n'ai pas le luxe de l'hésitation.

Je sors de l'immeuble, la nuit est déjà tombée.
L'air est frais, presque glacial, me mord la peau, je sens le poids du sac sur mon dos, contenant tout ce dont j'ai besoin.

Rien d'extraordinaire, juste des outils pour un travail discret et minutieux.

Mes pas résonnent sur le pavé, je m'efforce de rester calme, d'avoir l'air naturel.
Comme si je n'étais qu'un garçon qui se promène tard le soir.

Mais à l'intérieur, c'est le chaos.

Les images de ce qui pourrait arriver si j'échoue tournent en boucle dans ma tête.

Elles.. Je ne peux même pas penser à ce qui peut leurs arrivaient si la mission ne se termine pas comme il se doit.

C'est cette pensée qui me pousse en avant, qui me donne la force de continuer.

J'arrive à l'endroit prévu, un vieil entrepôt délabré, à l'écart de tout.
L'obscurité y règne en maître, les ombres semblent presque vivantes, je me glisse dans la ruelle derrière le bâtiment, comme on me l'a dit.