𝐓𝐇𝐄 𝐋𝐎𝐒𝐓 𝐏𝐑𝐎𝐌𝐈𝐒𝐄 | ❝ᵗᵒᵈᵒᵈᵉᵏᵘ❞

𝟢.𝟣.

Avant de commencer, cette fanfiction (supposée être un OS à la base mais j'ai abusé sur le nombre de mots donc voilà le résultat) a été écrite spécialement pour l'anniversaire de HollyPlume

Je précise également que cette histoire comporte des références plus ou moins importantes à mon autre fanfiction Tododeku, mais il n'est absolument pas nécessaire de l'avoir lue. Les clins d'œil glissés dans cette ff vous échapperont seulement, donc rien de bien grave.

Sur ce, bonne lecture !
(Surtout à toi bebou)

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Assis en tailleur face à une petite table basse, Shoto vidait silencieusement son bol de soba. Son regard, vide de toute expression, était rivé sur la vitre devant lui et s'élevant sur deux ou trois mètres. Derrière ce mur de verre, une machine était présente et, dans cette même machine, un homme était retenu. Toya, son grand frère, était là, maintenu en vie par des mécanismes plus complexes les uns que les autres.

Brûlé jusque dans le fond de ses entrailles, le vilain battu lors de la guerre ne laissait plus qu'entendre une maigre respiration désormais. Le bicolore écoutait ce son, sachant qu'il ne l'entendrait plus d'ici quelques semaines tout au plus. La mort rattrapait peu à peu son aîné. Après plusieurs mois, elle avait finalement rampé jusqu'à ses pieds, rongeait maintenant ses chevilles et ne cessait d'étendre son sort sur les restes de ce corps détruit. L'apprenti héros le savait, le remarquait un peu plus chaque fois qu'il se rendait ici. Et il venait de plus en plus régulièrement, parce que, même si les chances qu'il soit là lorsque le dernier souffle de Toya lui échapperait étaient minces, il souhaitait s'en rapprocher autant que possible. Il voulait être présent aux abords de sa mort, espérait lui donner le sentiment de ne pas périr sur un bûcher sans personne pour l'y regarder cette fois.

Venant de terminer son plat, il patienta quelques instants, fixant toujours le tableau désolant encadré dans ce verre terne. Face à cela, il ne savait plus quoi se dire, ni ressentir. Il aurait aimé que les choses se finissent autrement, mieux. Elles auraient pu être pires, évidemment. Son aîné aurait pu quitter ce monde sans que les membres de sa famille puissent lui adresser les mots qu'ils ravalaient dans le fond de leurs gorges depuis des années. Qu'ils aient l'occasion de le faire relevait d'ailleurs du miracle. Et pourtant, même en se répétant cela, le bicolore ne pouvait parfois pas se retenir de penser que tout aurait pu être bien meilleur.

Enfin, il n'était pas d'avis à ressasser là-dessus, il l'avait fait suffisamment de fois. Le destin de son grand frère était tout tracé. Il ne restait plus qu'à l'accepter, chose que Shoto avait déjà faite. D'ici peu, il ne mettrait plus les pieds en ces lieux chaque semaine, ne viendrait plus déguster un bol de soba en face à face avec Toya, en espérant que l'odeur du plat atteigne ses narines et rappelle un souvenir agréable à son corps douloureux. Tout cela, ce serait fini. Peut-être qu'il referait les mêmes gestes sur sa tombe, il ne le savait pas encore.

Remarquant l'heure, le bicolore finit par se redresser. Il fallait qu'il retourne au lycée pour assister à ses cours de l'après-midi. La vie de son aîné avait beau être scellée, la sienne continuait de tourner. Prêt à faire ses au revoir habituels, un bruissement l'en retint :

- ...Sho...to...

Sa voix était faible, si faible. La douleur mobilisée pour prononcer ce pauvre murmure, était telle qu'elle donnait l'impression de lui arracher la trachée et d'enflammer ses cordes vocales. L'entente de son prénom, serra le cœur au plus jeune. Une part de lui était touchée de constater que son aîné puisait dans ses dernières forces pour l'atteindre, pour créer un lien avec lui, même s'il était semblable à une ficelle effilochée qui romprait sous le moindre geste. Une autre était blessée parce que, entrevoir tous les efforts que lui demandait l'énonciation de deux syllabes, lui donnait la sensation qu'il précipitait le jour où il se tairait à jamais.