Chapitre 17

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Je reste assise sur le banc, la colère bouillonnant sous ma peau comme une brûlure constante, insupportable.

La fumée de ma cigarette flotte autour de moi, se mêlant à l'air glacé du matin.

J'inspire profondément, cherchant un semblant de calme dans cette nicotine qui ne réussit qu'à atténuer le vide qui m'envahit.

Le lycée est encore calme, et j'entends seulement le murmure du vent qui souffle entre les branches des arbres.

Mes pensées tourbillonnent, une cacophonie de colère, de tristesse, et de désespoir.

Je ferme les yeux, espérant échapper à ces émotions pour une seconde, mais le visage de mon père s'impose à moi, sans vie, figé.

Puis, des pas s'approchent de l'endroit où je suis. Ils sont lents, mesurés, comme s'ils hésitaient à approcher.

Quelqu'un est là, et je n'ai pas besoin de lever les yeux pour savoir qui. Je sens sa présence bien avant qu'il n'arrive près de moi. C'est lui. Je le reconnaîtrais entre mille. Livaï.

Il s'arrête juste devant moi, et pendant un instant, il ne dit rien. Je sens son regard me scruter, analyser chaque détail de mon visage.

Je me force à relever les yeux, et nos regards se croisent. Les siens sont comme deux glaciers acérés, d'un gris presque argenté, impénétrables mais brûlants d'une intensité que je ne peux ignorer.

Ils sont sévères, mais il y a autre chose, quelque chose qui ressemble à une pointe... d'inquiétude ?

Ses sourcils sont légèrement froncés, et ses mâchoires, tendues, trahissent une tension qu'il tente de dissimuler.

- Seiya, murmure-t-il finalement, d'une voix basse, presque rauque.

Je serre les dents, ma mâchoire crispée. Sa simple voix me fait frissonner, et je me déteste de ressentir quoi que ce soit. Je souffle un nuage de fumée avant de répliquer, plus froide que je ne le pensais.

- Qu'est-ce que tu veux, Livaï ? Tu n'as rien de mieux à faire que de me suivre ?

Il ne répond pas tout de suite. Ses yeux ne me lâchent pas, perçants, comme s'il cherchait à lire au fond de mon âme. Il finit par soupirer, un son presque imperceptible qui semble venir de très loin.

- La direction nous a informés pour ton père, dit-il calmement, avec une retenue qui ne lui ressemble pas. Et je t'ai vue sortir du cours de Durand... J'ai vu ton visage.

Son regard s'adoucit à peine, mais il reste aussi intense, aussi magnétique. Je sens quelque chose se tordre dans ma poitrine. Pourquoi est-il là ? Pourquoi est-ce qu'il se donne la peine ?

Je secoue la tête, incapable de soutenir son regard une seconde de plus. Mon cœur bat trop fort, ma respiration devient irrégulière. Je veux me lever, m'enfuir, mais mes jambes refusent de bouger.

- Tu es venu me dire quoi, concrètement ? Que je dois retourner en cours et faire semblant que tout va bien ? Que la vie continue ? lâché-je avec une amertume que je ne peux contenir. Tu crois vraiment que j'ai envie d'entendre ça ?

Il se rapproche d'un pas, et je peux sentir la tension émaner de son corps. Ses yeux ne quittent pas les miens, fixant chaque mouvement de mes pupilles, cherchant une ouverture.

- Non, Seiya, répond-il d'une voix plus douce, presque inaudible. Je ne suis pas là pour te dire ça. Je suis là parce que...

Il hésite, et je vois pour la première fois une faille, une hésitation dans son regard. Son front se plisse légèrement, comme s'il cherchait les mots justes, comme s'il se battait avec lui-même.

𝓂𝓎 𝓅𝓇ℴ𝒻ℯ𝓈𝓈ℴ𝓇 [ ʟɪᴠᴀɪ̈ x ʀᴇᴀᴅᴇʀ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant