OBSESSION MALSAINE - T.1

10 • Une nouvelle aventure

Fatma Sy, Centre-ville, Dakar

Me voilà confrontée aux légendes de l'entrepreneuriat. Je contemple avec fascination l'élégance qui semble être une caractéristique partagée par Isaac et son père. Ils pourraient presque passer pour des jumeaux, tant ils dégagent cette aura similaire. Et voilà Idriss qui se joint à nous maintenant. À l'inverse des deux hommes, il est la réplique parfaite de sa mère.

Pourtant, en dépit de ces réflexions, je dois me recentrer. Ma priorité est de retrouver Bintou Fall. Sur le point de m'en aller, la voix de leur mère m'interrompt sur ma lancée.

— Vous partez ? Me demande-t-elle.

Ses yeux me regardent de haut en bas avec dégoût. Je redresse soudainement mon regard vers elle. Ce n'est pas parce que c'est une femme puissante que je dois avoir peur d'elle.

— Bonsoir, Madame ! Dis-je avec mon plus beau sourire.

Elle me regarde avec arrogance comme si j'étais un simple déchet. Est-ce son seul point fort ? Scruter les gens de la tête aux pieds. Vu la tension pesante, Idriss décide de prendre la parole afin de détendre l'atmosphère.

— Nous n'avons pas voulu vous déranger avec vos amis à votre arrivée. Commence-t-il.

— D'habitude, ça ne te posait aucun problème de venir nous causer des soucis, alors je ne vois pas pourquoi, particulièrement aujourd'hui, tu te décides à ne pas taper de scandale ! Lui répond sa mère amèrement.

Elle est même comme ça avec ses enfants, arrogante et toxique.

— Avez-vous des nouvelles du contrat ? Il paraît qu'Halima a fait une contre-offre. Continue-t-elle sans porter aucune attention aux sentiments d'Idriss.

— Elle est en bonne main, Mère. Lui répond Isaac.

— Tant mieux, ce contrat est important pour l'entreprise et, dans le cas contraire, je prendrai des mesures. Déclare-t-elle.

Isaac contracte sa mâchoire, l'air agacé.

— De plus, faites attention à votre entourage, notre nom ne doit pas être sali, surtout toi, Idriss, tu en as assez fait. Dit-elle en me toisant du regard.

Mais qu'est-ce qui la pousse à me toiser ainsi ? On se voit pour la première fois, non ? Je cherche désespérément à comprendre. Pendant ce temps, le père nous observe, heureux. Pourquoi cette satisfaction éclaire-t-elle son visage ? Il s'apprête à dire quelque chose, mais sa femme le coupe net en lui signalant que Mr Johnson aimerait leur parler.

— De notre côté, nous allons rentrer. Dit Idriss.

— Rentrez bien. Dit le père.

Les parents des deux frères s'éloignent sans un mot de plus.

— Navré que vous ayez assisté à ça. Commence l'aîné.

— Ne vous inquiétez pas, Isaac, ce n'est rien. Lui dis-je.

Ce qui me travaille le plus, en ce moment, c'est Bintou. Je ne la vois toujours pas. Xaley bi beugeu na xam foumou rèr (J'aimerais bien savoir où elle est passée, cet enfant-là.)

Je fronce les sourcils, de plus en plus inquiète. Je décide de faire un tour dans la salle quand la sonnerie de mon téléphone m'arrête dans mon élan. Je le sors de mon petit sac et je vois que c'est un message d'elle.

Je suis soudainement soulagée et je sens la pression sur mes épaules disparaître peu à peu.

— Finalement, nous pouvons y aller, elle rentre avec son ami. Annoncé-je.