05 • L'inévitable confrontation

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Fatma Sy, Hôpital SAMU, Dakar

« Elle va se réveiller ? »

« Oui, Madame, ça ne devrait pas tarder. »

Où suis-je ? J'ouvre doucement les yeux, confuse et désorientée. Je vois le soleil brillant qui illumine à travers les rideaux blancs faiblement la chambre. Je suppose que je suis à l'hôpital, vu l'odeur du désinfectant. La douleur que je ressens me rappelle comment j'ai atterri ici.

— Fatma ? Dieu merci ! Comment te sens-tu ?

Je jette un coup d'œil à ma gauche pour voir Bintou, debout, le visage inquiet. J'essaie de parler, mais j'ai la bouche pâteuse. Alors, je hoche uniquement la tête pour lui répondre. Je pointe aussi mon doigt vers ma gorge pour lui dire que j'ai...

— Tu as soif ? Me demande-t-elle.

Je hoche la tête une seconde fois. Elle prend une bouteille d'eau qu'elle ouvre rapidement et m'aide à boire. Une douleur au bas-ventre me fait grimacer : elle ne m'a pas raté cette... Argh !

— Qu'est-c...Ce Qu...Que j'ai ? Lui demandé-je, la voix tremblante.

Bintou pousse un soupir.

— Tu as perdu beaucoup de sang, mais les médecins disent que tu vas récupérer. Tu as vraiment la chance d'être en vie, tu sais ?

Je ferme les yeux. Je me sens faible et démunie de toute force, j'ai envie de pleurer, tellement ma souffrance est atroce. J'essaie tant bien que mal de me concentrer sur ma respiration pour calmer cette sensation pénible.

Dois-je porter plainte ? Mais ça ne finirait nulle part. Et dire que j'ai failli mourir.

Tu l'avais prévenue...

Oui, je l'avais prévenu et il n'a pas voulu m'écouter.


❁⋆❁⋆❁


Isaac Ndiaye, Ngor Almadies, Dakar

Je n'arrive pas à me concentrer, pourtant j'ai beaucoup de travail à faire. Juste pour vous dire que j'ai l'esprit ailleurs. Je n'arrête pas de penser à elle, son sang dans mes mains. J'aurais dû l'écouter, c'est de ma faute.

D'ailleurs, j'ai pris toutes les dispositions nécessaires pour qu'elle reçoive les meilleurs soins. Maintenant, au lieu d'aller la voir, je suis là, à me demander si elle va bien. Je me sens coupable, non, je suis coupable de ce qui est arrivé.

— Tu comptes te morfondre de ton sort jusqu'à quand ? Isaac ? Me demande Brahim avant d'ouvrir les rideaux de ma chambre.

— Je n'y arrive pas, Brahim, elle a failli mourir à cause de moi. Tu comprends ça, au moins ? Elle m'avait prévenu. Soufflé-je désespéré.

— Tu as fait une erreur monumentale en laissant passer cela, mais maintenant, tu dois te ressaisir. Diougal athiaa. (Lève-toi, allez.) Nous irons la voir après la prière.

— Qui nous ? Lui demandé-je.

— Isaac, boulma fonto (Ne te fiche pas de moi.) Elle a besoin de nous, c'est-à-dire toi et moi. Elle mérite que tu lui demandes pardon. M'explique Brahim.

Il a peut-être raison.


❁⋆❁⋆❁


Après la prière de Jummah (Vendredi) , nous nous dirigeons vers l'hôpital. J'ai besoin de savoir si elle va bien et si elle pourra me pardonner. Je peux paraître sans cœur, mais là, c'est de ma faute si elle est cloîtrée dans un lit d'hôpital.

OBSESSION MALSAINE - T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant