Un autre jour, le lycée semblait enveloppé dans une atmosphère plus lourde qu'à l'accoutumée. C'était peut-être le ciel gris ou les visages fatigués des élèves, mais Klaus se sentait particulièrement sensible aux moindres détails aujourd'hui. Après une matinée de cours, il se souvenait vaguement qu’une réunion parents-professeurs était prévue pour l'après-midi. D'ordinaire, ces événements lui paraissaient routiniers, un simple passage obligé. Mais cette fois, une sourde appréhension lui tordait l'estomac. Il avait essayé de l'ignorer, mais il savait, au fond de lui, pourquoi il était si tendu.
Gianni.
Gianni Viviani, avec ses yeux sombres et son sourire énigmatique. Le jeune homme occupait ses pensées bien plus qu’il ne l’aurait voulu. Et cette rencontre, en dehors du cadre habituel de la classe, promettait d’être un défi pour son fragile équilibre. Les cours avaient suffi à lui rappeler la tension constante, mais ici, dans un cadre plus social, la situation pouvait devenir insoutenable.
L’après-midi était arrivé plus vite qu’il ne l’avait anticipé. Klaus avait revêtu son habituelle tenue : un jean simple, un t-shirt noir, avec un pull gris clair pour combattre la fraîcheur. Ses bracelets brésiliens ornaient ses poignets, ajoutant une touche personnelle à son style minimaliste. Il se regarda brièvement dans le miroir avant de sortir de la salle des professeurs, essayant de se convaincre que tout se passerait bien.
Lorsque Klaus entra dans la salle de réunion, il sentit immédiatement la tension qui y régnait. Les parents discutaient entre eux, les enseignants tentaient de naviguer entre les conversations, mais tout semblait légèrement décalé, comme s’il observait la scène à travers un filtre.Et puis, il le vit.
Gianni était là, assis à côté de sa mère, Graziella Viviani, professeur de français au collège et au lycée. Elle portait un sourire doux mais fatigué, dissimulant habilement sa lassitude sous un masque de cordialité dont elle n'avait même pas conscience. Gianni, quant à lui, affichait un visage impassible, mais son regard était perçant, fixant Klaus dès qu'il entra.
Te voilà, enfin. pensa Klaus, sentant son cœur battre un peu plus vite. Garde ton calme. Ce n’est qu’une réunion parmi tant d’autres.
Mme. Viviani leva les yeux vers lui et lui sourit sincèrement, ignorant totalement le tumulte intérieur qui agitait le professeur de physique-chimie. Elle se leva pour le saluer, sa voix douce trahissant à peine la fatigue accumulée au fil des années.
— « Bonjour, Klaus, » dit-elle avec un sourire un peu plus faible qu’à l’accoutumée. « Merci d’être disponible aujourd’hui. Gianni a beaucoup parlé de vos cours. »
L'enseignant répondit avec un sourire aimable, faisant de son mieux pour ignorer la présence imposante de Gianni à côté d’elle.
— « Bonjour, Graziella, » répondit-il poliment. « C’est toujours un plaisir de voir les parents investis dans la scolarité de leurs enfants. »
Gianni resta silencieux, mais son regard ne quittait pas M. Klaus. Ce silence pesant était pire que toutes les paroles qu'il aurait pu prononcer. L'adulte sentait son regard brûler sa peau, comme si le jeune homme pouvait lire dans ses pensées, déceler chaque faiblesse, chaque hésitation.
Que veux-tu de moi, Gianni ? Pourquoi ne me lâches-tu pas ?
La professeure de français parla du progrès de son fils, des difficultés qu’il avait eues en début d’année, mais aussi des efforts qu’il semblait maintenant faire. Klaus écouta distraitement, opinant de temps à autre, mais son esprit était ailleurs. Il n’arrivait pas à détacher son attention de Gianni, qui restait silencieux, mais dont le simple regard semblait contenir une infinité de sous-entendus.
À un moment, Graziella quitta brièvement la salle pour répondre à un appel, laissant le professeur seul avec l'adolescent. Le silence entre eux était lourd, presque tangible. M. Klaus sentit ses muscles se tendre, mais il tenta de se détendre en s’appuyant contre le bureau.
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Sous le poète et le professeur
RandomDans un monde où les mots peuvent être aussi tranchants que les lames, Gianni, un élève brillant mais troublé, incarne le diable des mots. Poète au talent redoutable et manipulateur impitoyable, il navigue entre la poésie et les jeux psychologiques...